Notre Mère la Guerre
Au coeur de la première Guerre mondiale, un tueur en série sévit dans les tranchées...
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Janvier 1915, en Champagne pouilleuse. Cela fait six mois que l’Europe est à feu et à sang. Six mois que la guerre charrie ses milliers de morts quotidiens. Mais sur ce lieu hors de raison qu’on appelle le front, ce sont les corps de trois femmes qui font l’objet de l’attention de l’état-major. Trois femmes froidement assassinées. Et sur elles, à chaque fois, une lettre mise en évidence. Une lettre d’adieu. Une lettre écrite par leur meurtrier. Une lettre cachetée à la boue de tranchée, sépulture impensable pour celles qui sont le symbole de la sécurité et du réconfort, celles qui sont l’ultime rempart de l’humanité. Roland Vialatte, lieutenant de gendarmerie, militant catholique, humaniste et progressiste, mène l’enquête. Une étrange enquête. Impensable, même. Car enfin des femmes… c’est impossible. Inimaginable. Tout s’écroulerait. Ou alors, c’est la guerre elle-même qu’on assassine… (texte : Futuropolis)
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Date de parution | 17 Septembre 2009 |
Statut histoire | Série terminée (4 tomes + 1 hors-série) 5 tomes parus |
Les avis
J’ai lu les quatre albums de la série – je m’aperçois juste en l’avisant que celle-ci a été complétée par un album « hors-série », que je n’ai donc pas lu. Mais les quatre albums forment une histoire complète (même si un petit doute peut persister à propos de certains points de l’intrigue). Et c’est avec grand plaisir que j’ai dévoré cette histoire. Qui n’est pas qu’une énième histoire de tranchées, sur la première guerre mondiale. En effet, si la boue, la fureur, la folie, la mort, la boucherie et l’horreur sont bien au rendez-vous, la guerre n’est ici parfois qu’un élément du décor. Ou devrais-je plutôt dire un personnage – central sans doute –, mais un personnage parmi d’autres. Car Kris développe au milieu de ce maelström une intrigue policière. Le personnage principal (et narrateur) étant un lieutenant de gendarmerie, enquêtant sur le meurtre de plusieurs femmes. Cela peut paraître incroyable (et d’un humour noir et cynique !) que l’on s’inquiète de la mort violente de 4 personnes, alors même qu’on en massacre des centaines de milliers au même moment et au même endroit, mais c’est hélas tout à fait crédible (voir "L’Obéissance", sur un sujet proche). Si Kris réussit parfaitement à retranscrire l’univers de cette guerre, il le fait tout aussi bien pour ce qui concerne l’enquête. Il sait en particulier très bien jouer de flash-back, pour peaufiner les diverses personnalités, mais aussi les liens qui unissent les divers protagonistes. La lecture est ainsi très fluide, et les rebondissements équilibrés, à la fois surprenants et « naturels ». Mais le succès de cette série est aussi dû au très beau dessin de Maël. Magnifique lorsqu’il s’agit de retranscrire le front et ses horreurs, mais aussi lorsqu’il s’agit de montrer les personnages, leurs émotions. Le seul bémol concerne les visages des femmes (un petit côté Hermann chez lui ?), pas vraiment jolis ! La conclusion est tout à fait raccord avec le fil rouge de ces albums, qui dénoncent l’horreur, mais aussi l’absurdité de cette guerre, en mettant en avant, si ce n’est des « gueules cassées », du moins des êtres brisés, broyés, pour des raisons oubliées, à oublier, des raisons que la raison aurait dû ignorer. A la fin, on peut même se demander si l’enquête véritable ne portait pas sur la guerre elle-même, si Kris ne nous entrainait pas dans la recherche du coupable non pas du meurtre de 4 femmes, mais de celui de 10 millions d’êtres humains ravalés au rang de compost par des Nivelle et autres fiers de comptoir ! Une série à redécouvrir !
Le meilleur des scénarios de Kris servi par le sublimissime et maginifique graphisme de Maël. Une bien belle épopée psychologique et humaine sur fond de première guerre mondiale ! Il y a aussi accessoirement en enquête le long des tomes ... et elle sert de fil conducteur pour nous peindre cette tragédie des tranchées avec brio, et donner une fin au récit. A lire et à relire ....
D'emblée, ça ne me plaît pas tellement ; comme s'il n'y avait pas assez de morts dans cette boucherie organisée de 14-18, il faut qu'il y ait aussi des assassinats de femmes. Là-dessus, ce premier album est lent, ça traîne trop...mais bon je fais un effort, je lis la suite. Le dessin n'est pas terrible par endroits, il n'est pas d'un style qui me convient, et puis j'ai essayé de passer outre ce sentiment parce qu'ailleurs, il est assez joli, dans un style aquarelle. Hormis la richesse du texte et la personnalité du lieutenant Vialatte, cette série permet heureusement de voir l'atrocité d'une guerre que tout le monde connaît maintenant, à travers une galerie de personnages bien typés, avec toujours ce franc-parler des poilus que j'aime bien, de pauvres gars sacrifiés pour satisfaire la gloire et l'avancement d'officiers stupides, de baudruches galonnées dont les ordres relèvent de l'aberration la plus totale. C'est ça qu'il faut retenir aussi de cette guerre, et que cette Bd démontre en jetant un regard autre que celui de Tardi qui s'en est fait une spécialité. Finalement, je ne suis pas complètement conquis car j'ai l'impression que cette enquête est un leurre pour attirer le lecteur, et pour aborder la gravité de la guerre ; ma note reste cependant à 3/5 parce que la bande contient quand même assez d'éléments qui présentent de l'intérêt.
Ce qui m'a poussé à me procurer le premier tome de "Notre Mère la Guerre" fut sa très belle couverture. Aussi ai-je été plutôt désemparé par le style graphique que je découvris à l'intérieur, au fil des pages. En effet, mon premier réflexe fut de refermer l'album, car le style que je jugeais alors "brouillon" m'empêchait de me concentrer sur l'atmosphère du scénario et me rendait difficile l'identification des personnages (combien de fois ai-je dû revenir en arrière pour m'assurer que je ne les confondais pas). Puis, est arrivée la première scène d'assaut sur le front... et j'ai alors réalisé que ce style "brouillon" correspondait parfaitement au chaos des combats dans les tranchées, plongées dans les explosions des obus, les cris des assaillants et des mourants, le crépitement des armes à feu, la pluie et la boue...pour, alors que je refermais le dernier tome, me rendre compte que le dessin ne m'avait plus du tout gêné. Enfin, l'enquête, qui mêle à la fois fiction et réalité historique, m'a emballé. J'ai notamment apprécié le passage où les "poilus" de retour à l'arrière, se rendent compte que les civils sont indifférents à leur sort, un thème qui n'est que peu abordé dans les différents médias. J'ai également aimé l'utilisation des ellipses temporelles, nous permettant d'observer l'évolution des protagonistes, au cours de la guerre.
Je réécris mon avis après la lecture des 4 tomes, et je passe ma note à 5/5. Kris a, à mon humble avis, trouvé l’équilibre parfait entre l’enquête policière, qui avance lascivement, et le background historique. L’horreur chez les poilus, on connaît pourtant, on a lu des tas de livres, vu des tas de films et documentaires sur le sujet (voir notre thème). Mais cette période sombre de notre histoire fait toujours aussi froid dans le dos, surtout quand elle est décrite de façon aussi réaliste. Je sais qu’il est d’une banalité affligeante de s’écrier « putain mais quelle connerie cette guerre, comment a-t-on pu laisser faire ça », mais c’est vraiment ce qui vient à l’esprit en refermant le dernier tome. Le rythme est lent (amateurs d’action, passez votre chemin) et la poésie omniprésente, au travers les réflexions de notre détective gendarme. L’écriture est magistrale, quelle beauté dans les textes ! Je me demande comment il est possible d’écrire des choses pareilles sans avoir vécu la guerre soi-même… L’auteur a dû faire beaucoup de recherches et lire de nombreux témoignages. Le dessin de Maël est magnifique, même si les couleurs se limitent souvent à une palette boueuse, tranchées oblige. Le dénouement de l’enquête est satisfaisant au possible (cohérent et surprenant) et les dernières pages laissent vraiment un goût amer dans la bouche, avec cet armistice qui arrive enfin, mais trop tard pour une génération mutilée et traumatisée. La guerre ne se termine jamais pour ceux qui ont combattu, les séquelles sont trop profondes. Cette série est pour moi un coup de maître : des personnages à la psychologie bien définie, une enquête policière prenante qui se greffe sur un contexte historique effroyable, et une fin « coup de poing ». Une lecture qui marque.
Je viens de relire la série dans son intégralité et l’impression qui me reste est celle d’un incroyable gâchis. Je ne parle bien sûr pas de la série en elle-même mais du destin de ces hommes broyés par la guerre. Le scénario est très bien construit et nous suivrons ainsi le sort de quelques personnages durant la grande guerre (si tant est qu’une guerre puisse être grande). Le fil conducteur est une enquête policière sur une étrange série de meurtres. Cette enquête permet d’introduire un personnage de gendarme intéressant à plus d’un titre. Tout d’abord, parce que, par sa fonction même, celui-ci va permettre aux auteurs de montrer toute l’animosité dont il était la cible de la part du trouffion de base. Il lui faudra faire montre de courage et d’humilité pour être accepté par eux. Par son parcours mais aussi par son comportement, ce personnage central du récit va devenir notre compagnon, notre camarade. De plus, c’est lui qui nous conte cette histoire… depuis son lit de mort. Ensuite, face à lui, différents caractères forts vont apparaître. Tous sont marquants car tous sont marqués. Marqués par cette guerre, tant physiquement que psychiquement, ces personnages dégagent un état de tension très bien rendu par le scénario comme par la narration. Si l’enquête est le fil conducteur du récit, l’aspect historique n’est pas en reste. J’ai particulièrement apprécié les passages consacrés aux premières unités équipées de chars d’assaut. C’est là un aspect, je pense, assez mal connu de la première guerre mondiale et le sort qui attendait les membres de ces unités illustre à nouveau la guerre dans toute son horreur. Mais ce n’est là qu’un passage parmi tant d’autres. Tout le long de cette série, nous sommes plongés dans le conflit, les pieds dans la boue, tantôt en première ligne, tantôt plus en retrait. Et cette série est tellement captivante que lorsqu’au détour d’une permission nous retrouvons la vie civile, nous partageons le sentiment de ces compagnons d’arme : cette vie n’est plus la nôtre. La guerre a fait son sale boulot, nous la détestons et pourtant nous ne pouvons plus nous en passer. Et puis, il y a ces fréquents rappels sur l’âge des protagonistes, qui nous poussent à LA question : pourquoi ? Pourquoi ces crimes, oui, mais surtout pourquoi cette guerre que personne sur le front ne semble réellement désirer ni défendre. Enfin, le dessin est tout du long d’excellente facture. Il peut sembler au premier regard un peu imprécis. A y regarder à deux fois, il n’en est rien. Les personnages sont bien typés, faciles à identifier. Les décors sont soignés et un impressionnant travail de documentation semble avoir été effectué. Les regards sont expressifs, les visages sont tendus, creusés, usés. Une très grande série ! Elle parvient à renouveler le genre en intégrant cette enquête policière mais dénonce surtout toute l’absurdité de la guerre et la capacité dont dispose celle-ci pour broyer les hommes, qu’ils lui survivent ou non.
Je serais aussi enthousiaste que la plupart des précédents posteurs pour vanter les mérites de cette magnifique série. Il est clair que la grande majorité des avis postés avant le mien ont fait l'éloge de cette histoire policière sur fond de guerre des tranchées et en ont dit l'essentiel. L'histoire est assez originale : un officier, ancien policier dans le civil et gendarme dans l'armée, se retrouve envoyé sur le front durant le premier hiver de la Première Guerre Mondiale, pour résoudre une bien étrange affaire , plusieurs femmes sont retrouvées assassinées dans les tranchées en première ligne. Ceci le pousse à approcher une escouade de très jeunes soldats qui sont tous d'anciens délinquants, étrange n'est-ce pas ? L'idée de départ m'a tout de suite fait penser au film La Nuit des Généraux mais avec des différences bien sûr car l'action se passait en Pologne durant la Seconde Guerre Mondiale. C'était alors un officier allemand (joué par Omar Shariff) qui enquête sur le meurtre d'une prostituée dont l'assassin, d'après un témoin, serait un général allemand. Bien sûr l'action de cette bd ne se déroule pas durant le même conflit, mais la trame pouvait paraître assez proche, puis finalement on s'aperçoit le long de notre lecture que l'on n'est pas du tout dans le même genre d'enquête . Notre "gendarme" se doute bien que nos jeunes soldats de l'unité de Peyrac (qu'il a connu dans le civil) sont sans doute impliqués dans ces meurtres (même si ce sont plus des délinquants que des tueurs en série), mais à quel point, mais surtout lequel d'entre eux en particulier. En ce qui concerne le contexte historique on ne peut qu'être admiratif sur le travail effectué par les auteurs. Maël et Kris réussissent à replonger le lecteur avec brio dans le plus meurtrier des conflits (en pertes militaires) que la France ait connu. La terreur sur le visage des poilus est palpable tout au long de notre lecture. De plus il nous fait revivre toute la noirceur de cette guerre en nous dessinant magnifiquement un paysage dévasté par " Le Feu " comme le dirait si bien Henri Barbusse. Les scènes se déroulent souvent de nuit, sous la pluie, ce qui renforce encore plus le sentiment d'horreur qui peut apparaître dans une guerre de cette ampleur. Les scènes de combat sont époustouflantes et d'un réalisme rare. Durant mon cursus universitaire j'ai eu l'occasion d'étudier la Première Guerre Mondiale et j'avoue que j'ai été conquis par le réalisme de ce récit, car on y retrouve de nombreuses anecdotes qui ont pu être racontées par les contemporains de cette guerre. On peut citer les insultes entre les soldats français et allemands d'une tranchée à l'autre, mais aussi l'utilisation "d'appâts "par les deux camps comme le signale le caporal Peyrac, le lynchage de deux gendarmes, le refus de certains combattants de retourner au combat et j'en passe. Pour en venir au dessin, il est tout simplement très réussi et il nous permet de rentrer au coeur du récit et de nous inciter à dévorer les quatre tomes d'une seule traite. Je ne peux donc que conseiller l'achat ou en tout cas la lecture de cette série qui nous replonge dans un conflit monstrueux qui malheureusement est encore ancré dans nos mémoires.
On connaissait le Kris auteur d’aimables histoires familiales avec Toussaint 66, autobiographe inspiré (Coupures irlandaises, Les Ensembles contraires) mais bien qu’il ait amorcé un virage en tant qu’investigateur des replis sombres de l’Histoire de France avec Un homme est mort, il ne nous avait pas encore immergés dans les évènements majeurs de celle-ci. C’est chose faite avec Notre Mère la Guerre. En 1915 des femmes sont retrouvées égorgées sur la ligne de front, portant sur elles des lettres rédigées par leur assassin. Et bien sûr, une unité composée de gamins repris de justice fait un groupe de coupables potentiels rêvé. Et puis quand même, c’est la guerre, hein. Ceux d’en face qui tirent pour le moindre pet, les obus qui pleuvent, le ciel qui vide régulièrement et abondamment ses entrailles… Pas facile d’explorer ce nouveau territoire, tellement arpenté par le talentueux Tardi. Cependant Kris y apporte un regard neuf, une virtuosité de l’écriture que n’a pas forcément son prédécesseur. La première astuce est pour moi l’utilisation des lettres sur les cadavres. C’est une figure habituelle des tueurs en série, enfin du moins les « modernes », et on ne pense pas forcément à insérer cet élément dans cette période, pourtant fondatrice du XXème siècle. Les lettres, qui sont également le seul lien des pauvres gars qu’on envoyait se faire tailler en pièces pour pas grand-chose et leurs familles restées à l’arrière, dans un état de terreur presque permanent. Une approche à la fois moderne et ancrée dans la réalité de l’époque, donc. Seconde astuce : faire intervenir sur place un gendarme, une faction militaire haïe par les autres, qui la considère comme une bande de planqués. Car oui, et je l’ai découvert avec ce livre, il y avait des « cognes » pour faire régner l’ordre et la discipline dans les rangs français. Le personnage principal, le Lieutenant Vialatte, est même un ancien flic, humaniste et catholique. La troisième astuce est l’utilisation d’un fait réel, troublant. En effet un certain nombre de repris de justice, pour la plupart très jeunes, auteurs de délits plus ou moins graves, ont été envoyés au front en échange d’une remise de peine ou parfois de la liberté à l’issue du conflit. Bien sûr, peu en réchapperont. Et la honte des deux côtés (autorités militaires comme soldats concernés) empêchera la diffusion d’une telle information. L’intrigue concernant des meurtres en série trouve donc une adéquation assez intéressante avec la proximité de criminels « lâchés » dans la nature, avec un nouveau terrain de jeux potentiellement infini. Et puis surtout –et c’est là le vrai sujet de la série- la possibilité de tuer impunément, « légalement », puisqu’on est en guerre… Ici ce sont des femmes qui sont tuées, mais pas n’importe lesquelles, les rares femmes (infirmière, cuisinière, journaliste…) qui côtoient les hommes dans ce conflit absurde, celles qui apportent un peu de réconfort, de chaleur, de compassion… Si elles viennent à être tuées elles aussi, tout s’écroule… Reste à voir comment Kris va gérer ces paramètres dans son récit. L’autre élément intéressant est la place accordée à la religion sur le récit. Sans être présente à chaque case, son ombre plane, tout d’abord par le titre de la série, bien sûr, et cette couverture initiale où l’on voit une bonne sœur défunte sur le parapet d’une tranchée, mais aussi par un mouvement elliptique autour de la figure de la vierge dans la première séquence, lequel mouvement elliptique est suivi d’un autre, dans le récit, d’une extrémité de l’album à l’autre cette fois. Intelligence dans la construction du récit donc, qui oblige le lecteur à reprendre en partie sa lecture pour saisir sa construction, et à bien s’en imprégner donc… On pensait que tout avait été écrit sur la guerre et son horreur, mais Kris arrive tout de même à trouver de belles phrases, très profondes, sur le sujet, mais là n’est pas le plus important, comme je le soulignais plus haut. Avec tout ce que j'ai évoqué, on eût pu craindre que le récit soit très dense, qu'il faille une encyclopédie, un manuel d'Histoire et un guide des références, mais en fait non, ça se lit très bien, c'est fluide du début à la fin. Ce premier tome ne donne pas trop de renseignements, on sent que le suspense et le rythme du récit sont bien dosés. Les personnages, mis à part Vialatte, ne sont pas encore très développés, mais cela va sans doute venir par la suite. Attention à ne pas trop traîner en chemin, le récit sera bouclé en quatre tomes de 64 pages, espacés de douze mois. Le travail de recherche me semble énorme, car il a fallu travailler en amont sur l’organisation des unités au front, sur les costumes, sur la vraisemblance de la présence d’un gendarme au milieu des troufions, sur le vocabulaire, sur les équipements, etc. Maël, qui a récemment explosé grâce à L'Encre du Passé, revient avec une série à l’ambiance très différente, mais également très marquée. Après des premières planches un peu hésitantes, il semble trouver son rythme de croisière avec un trait plus marqué, plus assuré. Son souci principal semble être la vraisemblance, la cohérence. Ainsi, pas de tripes exagérément sanglantes, pas de membres se baladant lorsqu’un obus explose au milieu d’un groupe de soldats. On est dans un récit réaliste, et tout est fait pour nous y faire croire. Les ambiances sont superbes, la boue est très bien rendue, le brouillard, la pluie, la promiscuité semblent vraiment palpables. Du beau boulot, là encore issu de nombreuses heures de travail, qui emmène instantanément le lecteur sur les terres désolées de Méricourd, en 1915… Alors que la fin du second tome laissait entrevoir une fin proche, la découverte de nouveaux éléments par les auteurs les autorise à rallonger un peu la sauce (quatre tomes au final), en nous livrant de nouvelles pistes, complexifiant encore quelque peu le récit. Planchard, par exemple, n'a pas encore livré tous ses secrets et le troisième tome, qui se déroule deux ans après les deux premiers, permet une nouvelle fois de montrer combien la guerre était une saloperie. Ce troisième tome comporte également ses scènes fortes, symboliques, comme lorsqu'un train de permissionnaires croise un convoi de voyageurs "normaux", ou lorsque Vialatte rencontre le père d'un autre des mômes de la section Peyrac. Ou encore ces monologues écrits au plus juste. Le quatrième tome, sobrement et justement intitulé "Requiem", amène Vialatte à découvrir le fin mot de l'histoire, un évènement sombre comme toutes les guerres sont émaillées. C'est en fait un évènement secondaire qui a tout déclenché, et... les auteurs amènent cela de très belle façon, à coups de flashes-backs dans les tranchées et dans l'intimité de certains des protagonistes. Une vraie bonne conclusion. Prions Notre Mère la Guerre, mes amis, prions, car je suis conquis...
L'originalité de cette excellente série concerne son approche de la Première Guerre Mondiale. En effet l'histoire se déroule pendant la guerre des tranchées et propose une approche policière plutôt qu'une approche guerrière. De plus elle évoque un thème pas souvent évoqué : les meurtres de femmes derrière les lignes. Car si dix millions d'hommes ont péri dans les tranchées des centaines de femmes ont été violées et assassinées. Tome 1 : 3/5 L'histoire démarre assez lentement. On apprend à travers les pensées d'un vieil homme souffrant des effets des gazs qu'un tueur vise les femmes pendant les permissions à l'arrière. Le lieutenant Roland Vialatte (le vieil homme) de la gendarmerie est chargé de l'enquête qui va le mener sur le front. Là il découvre les conditions de vie des hommes et apprend l'existence d'une section composée de repris de justice. Dans cette première complainte les personnages sont posés de fort belle manière et le dessin attire l'oeil mais le manque d'action se fait clairement ressentir. Cela dit on a connu des démarrages de séries moins bons (voir L'oeil des Doberman). Tome 2 : 5/5 Cette fois-ci l'histoire nous mène au coeur des combats, l'intrigue étant centrée sur la section évoquée dans le tome 1. Le tome propose donc une part importante de scènes de guerre sans pour autant tomber dans le déluge d'action. La violence prend par ailleurs tout son sens dans cet épisode avec des scènes de guerre pas très longues mais assez sanglantes, notamment la dernière qui clôt le tome de fort belle manière. Ce deuxième volume se dévore donc à une vitesse folle, rarement une BD ne m'aura autant captivé de sa première case jusqu'à la dernière ! L'histoire des femmes assassinées continue par ailleurs avec de nouveaux éléments qui agrandissent les soupçons sur la section de criminels. Tome 3 : 4/5 L'histoire démarre fort : deux ans se sont écoulés depuis l'attaque qui a coûté la vie à la section toute entière. Roland est devenu tankiste et affronte les Allemands en première ligne avant d'être blessé au cours d'un assaut. Rapatrié à l'arrière, il reprendra son enquête lorsqu'une autre victime sera découverte. Aidé par un camarade de tranchées, Roland fera une nouvelle découverte sur la section désormais anéantie qui remettra tout en cause. Le rythme diminuera alors un peu trop mais l'histoire reste toujours aussi prenante. A la fin du tome on apprendra comment Roland a été gazé et a survécu malgré tout, juste avant de recevoir une nouvelle stupéfiante. Très honnêtement il n'y avait pas meilleur moyen de terminer cette partie : on nous met vraiment l'eau à la bouche avec une information finale de taille et on nous promet donc un tome final des plus grandiose. L'attente va être longue. Moyenne des trois tomes : 4/5
J’ai acheté les deux premiers tomes uniquement sur le nom de Maël, qui m’avait ravie avec L'Encre du Passé, et même si le visuel est de même qualité, je n’ai hélas pas accroché au scénario, qui n'a absolument rien provoqué en moi. Je n’ai pas réussi à être touchée par les personnages, tout ça m’a laissée dans une indifférence totale. L’enquête policière ne m’a pas du tout passionnée, je l’ai trouvée lente, ennuyeuse et molle. De plus le récit avance comme au ralenti. Malgré tout, l’ambiance oppressante de la guerre est bien présente, mais ça n’a pas été suffisant pour m’intéresser à l’histoire. Je ne mets pas une étoile car objectivement c’est une lecture qui peut être largement appréciée.
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