… à la folie
Voici l’histoire d’un petit couple « ordinaire » qui s’aime un peu, beaucoup, à la folie…
Animalier Douleurs intimes Nouveau Futuropolis One-shots, le best-of Violence conjugale Violences faites aux femmes
Sylvain Ricard et James racontent l’histoire ordinaire d’un couple qui va s’enfoncer dans la violence conjugale. À la folie est un récit à deux voix. Les personnages, la femme et l’homme racontent la situation telle qu’ils la vivent, presque sans acrimonie. Un récit qui n’occulte pas pour autant la violence physique et psychologique.
Scénario | |
Dessin | |
Editeur
|
|
Genre
/
Public
/
Type
|
|
Date de parution | 16 Septembre 2009 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Cet album traite d’un sujet encore et toujours – hélas ! – d’actualité, à savoir la violence conjugale. Il le fait de manière équilibrée, en évitant une surcharge de pathos, ou une vision caricaturale ou trop manichéenne. Le titre déjà sous-tend, sous-entend tout ce qui va irriguer cette histoire. Un amour partagé, relativement sincère, un coup de foudre que la routine du couple va faire basculer, d’un amour fou, à la folie d’une relation saccadée, saccagée par les accès de violence du mari, et la volonté de la femme d’en minorer la folie. Car Sylvain Ricard joue plutôt la finesse pour développer son sujet, avec une « mise en scène » intéressante : chacun des membres du couple donne sa version des faits, ce qui équilibre et nuance leur histoire. Le dessin de James, comme toujours sans trop de fioritures, avec ses habituels personnages animaliers, aide à la fluidité de la lecture, mais aussi la « dépassionnalisation » des faits (même si certains peuvent justement trouver ce procédé artificiel ou trop édulcorant). L’histoire est complètement centrée sur ce couple quelque peu désuni par les liens du mariage, et les personnages secondaires (mère et copine de l’une, patron et collègue de l’autre) sont du coup un peu sacrifiés. Même si l’on nous montre bien la difficulté d’appréhender tous les aspects de ce drame de l’extérieur, et si la relative inertie du « système » policier/judiciaire est évoquée. Au final, c’est un album qui, sur un sujet dur, a su éviter les facilités dommageables à toute crédibilité, tout en prenant le temps de construire une chronique de la violence ordinaire, et en en montrant les mécanisme, plus pernicieux et invisibles qu’on ne le croit.
Voilà une BD vraiment bien faite sur la violence conjugale. C'est un sujet qui reste malheureusement très (et trop) tabou en France, mais qu'on peut voir au détour de certaines oeuvres. Et ici, l'idée est faite de laisser parler un couple sur cette violence. Les deux, pas seulement la femme ou le mari. C'est ce que j'ai beaucoup apprécié dans cette BD : sans excuser ce qui se passe, la BD essaye de montrer comment on y arrive, comment cela devient possible, puis normal, puis banal. Les auteurs font parler tour à tour les personnages et se tisse le lien qui les unit. Même dans les coups, ils restent un couple amoureux. Et c'est là que se pose le problème. Cette BD ne propose aucune solution, juste une situation avec tout ce que cela comporte. C'est assez cruel dans son propos, avec une précision chirurgicale de l'alchimie d'un couple et d'une violence. D'ailleurs le dessin renforce ce côté là, en laissant les personnages sous traits animaliers. C'est bien pensé, on n'a alors pas d'individus identifiables, mais seulement des comportements. Cet homme pourrait être n'importe qui, cette femme pourrait être n'importe laquelle. Je recommande cette lecture, qui a le mérite de remettre une réalité au goût du jour. Attention cependant, ce n'est pas non plus un traité sociologique, et la violence domestique n'est pas toujours ainsi. Il existe autant de façons d'y arriver que de cas. Mais l'on découvre ici comment cela se glisse dans le couple lambda. Monsieur et madame tout le monde qui s'aiment et vivent heureux. Enfin, presque heureux ...
Très bien, ce one shot, efficace, dynamique, et à mon sens, très documenté sur le sujet des maltraitances conjugales. Premièrement, sur les processus qui mènent à la violence à l'intérieur du couple, mais également sur l'environnement de la victime, car à mon avis le problème est là : pourquoi ne le quitte-t-elle pas? Mais parce qu'elle ne PEUT pas! Et pourquoi? Parce qu'elle a peur! De lui, mais surtout d'elle. Que va t-elle faire? Galérer comme sa copine? Revenir chez sa mère, qui n'est pas un parangon de sensibilité maternelle? Errer dans un centre d'hébergement pour femme battue? Aller travailler? Elle s'est soumise dès le premier regard à son prince charmant qui devient son bourreau. Lui abuse de la situation et traite sa femme de façon utilitaire (femme = cuisine + ménage + détente), comme il fait avec le reste du monde d'ailleurs. Il est bon pour la consultation, mais ses travers de pervers narcissique le lui interdisent. CQFD: situation bloquée et femme en souffrance.
… A la folie est un magnifique album sur un sujet peu évident à traiter : la violence conjugale. Les auteurs ont réussi à montrer les mécanismes de la mise en place de la violence chez un couple apparemment sans problème. De façon progressive et insidieuse, l’inacceptable s’installe et se banalise. C’est là que la BD est incroyablement juste. Et sans manichéisme. Certes il y a une victime et un bourreau mais chacun d’eux (à des degrés divers bien sûr) porte la responsabilité de la situation car l'amour fausse les jugements. C'est fin, intelligent et remarquablement illustré. A lire absolument !
A la folie… dénonce certes la violence conjugale mais montre surtout ce que peut endurer une femme par amour. Tout commence pourtant très bien comme dans un véritable conte de fée. Puis, brusquement, cela tourne au cauchemar comme dans la plupart des cas dans la vraie vie. Bien entendu, ce discours ne sera pas compris par les moralisateurs de tout bord à commencer par la meilleure amie de cette victime. Il ne faut pas se médire sur ces propos. Ce qui arrive à cette femme est totalement condamnable. C’est l’horreur absolue dans ce qu’il y a de plus perfide d’autant que cela concerne l’intimité du couple. On ressent un véritable malaise certainement salutaire. Ce que j’ai véritablement aimé dans cette œuvre, c’est que les choses ne sont pas aussi simples au niveau du cheminement de la pensée de cette femme qui se culpabilise. On a envie qu’elle s’en sorte, qu’il y ait une véritable prise de conscience de ce qui n’est pas acceptable. Le fait d’avoir utilisé des animaux semble adoucir la violence des propos et le choc des images. L’originalité de cette bd est autant sur la forme que sur le contenu du message non manichéen délivré au lectorat.
Décidément que d’albums consacrés au thème de la violence conjugale pourtant réputé peu traité ! Après le bouleversant Inès et le militant En chemin elle rencontre... voici un nouvel exercice de style. Ici nous est présenté un couple dans son quotidien depuis la rencontre. Mais au lieu de suivre le simple fil de l’histoire, les deux protagonistes vont détailler leurs impressions comme dans un divan face à eux même, comme s’ils commentaient leur histoire. Les premières planches sont saisissantes, face à une femme parlant toujours de l’histoire du couple à deux en pensant à deux, l’homme ne parle que de lui. Quand la femme dit « nous » l’homme dit « je ». Finalement très vite notre mâle devient antipathique au possible avec sa vie réglée, son intolérance permanente et son excuse perpétuelle du travail qui serait un blanc-seing pour tout comportement violent (je ne parle à ce stade pas encore de violence physique) dans le quotidien conjugal. Il faut bien que la soupape de pression se libère semble nous dire perpétuellement ce tyran. Le récit va crescendo en termes de mises sous pressions de notre jeune épouse. Elle l’aime, il l’aime cela est factuel et va être une constante du récit. Elle l’aime malgré tout et il l’aime malgré tout, les deux le savent et finalement là est le drame : dans la mesure où elle accepte son sort on ne peut que ruminer, impuissants, contre son bourreau tout en sachant qu’elle l’aime et que rien n’évoluera dans le bon sens. La genèse du couple est bien narrée et permet de valider le choix de notre mariée, elle le choisit. Une fois cet engagement pris notre épouse se ferme dans une illustration magistrale du piège abscons. Ayant fait un choix, quelque soient les événements factuels qui peuvent arriver son choix en sortira renforcé. Il la bat un peu, beaucoup, de plus en plus violemment, ce n’est pas de sa faute il est sous pression et elle trouve des « trucs » pour que ça fasse moins mal tout en pensant au bonheur de son mari. Elle en parle à sa copine, elle est consciente que ça ne peut que les éloigner, elle en parle à sa mère qui lui donne cette image qui la renforce dans son piège abscons avec des référents qui sont réels pour nombre de couple mais qui ici en deviennent tragiques. (Ce personnages de la mère me gène d’ailleurs beaucoup, je ne le trouve absolument pas crédible, seul reproche aux personnages de l’album). Je m’explique : la femme qui arrête ses études et fait le choix d’être à la maison pour le bien être de son mari le fait de son propre chef, elle assume pleinement ce sort : nous ne sommes plus au temps où il n’y avait pas de choix dans la société aisée et libre décrite dans cet album. Le récit est magistral dans le sens ou le piège abscons est parfaitement représenté : dans chaque situation qui la fragilise, elle fait le choix du sacrifice volontairement et l’assume. Et même lorsqu’elle porte plainte, il est écrit qu’elle reviendra, il est certain qu’il s’agit du seul moyen qu’elle ait trouvé pour alerter son mari, elle l’aime comme elle le dit et elle sait qu’il l’aime, peu importe ce qu’il lui fait subir. Lui à ce stade est complètement incrédule comme le prouve sa réaction honnête face aux forces de l’ordre : le salaud pervers aurait feinté, lui assume pleinement ce qu’il est, ce n’est qu’un pauvre type humainement. Le récit passe à ce stade dans le politico-lobbying peu crédible mais qui peut se laisser envisager dans la logique du pire. Enfin la chute finale est dramatique dans son contenu, non par le fait que tout recommence, mais parce que la justification professionnelle ne tient plus et que lui-même ne comprend pas son geste. Une suite au récit n’aurait aucun intérêt dans cette abîme finale est montré toute l’absurdité du piège abscons que la femme se bâtit et toute la fausseté de l’argument perpétuellement utilisé par le mari : tragique… Question dessin, le style est épuré, les personnages animaliers généralisent le sujet, les décors minimes permettent un cadre global délocalisant un cas particulier sur une situation plus générale. Je n’ai pas été emballé, mais le contenu est tellement lourd que le contenant s’efface avec justesse pour laisser le drame se dénouer. Habituellement plutôt défavorable à la personnification d’animaux, je suis tout de même rentré dans le thème très vite. Au final le récit est prenant, fluide. J’avoue que la politique du pire pratiquée par le scénariste refroidit la magnifique illustration du piège abscons qu’il a illustré. En effet je n’imagine pas une mère disant à sa fille que d’être battue est un mal nécessaire, le passage avec sa mère au complet serait recevable si sa fille disait qu’elle avait été frappée une fois, « l’accident » peut toujours être défendu dans le cadre socioculturel de la mère, pas pour des attaques quotidiennes. De même l’issue en non-lieu grâce à un lobbying politique mêlé à une complaisance filiale de la part d’un patron sur le départ me parait peu généralisable. Nous montrer, entre deux personnes qui s’aiment réellement, l’une détruire l’autre avec son propre assentiment : bravo pour cette justesse de ton qui s’exprime dès les premières pages dans les propos de chacun, même si finalement les interventions clé de l’album me paraissent très nettement « surjouées ». Mais faire de cet album un manifeste général contre la violence conjugale serait un faux sens (à mon avis). L’image a tendance à généraliser un cas très particulier grâce au bestiaire, ceci n’est pas anodin à mon sens ce qui m’incite à ne pas mettre 4 étoiles. La lecture est ambigüe et pourrait être interprétée comme une critique d’une certaine vision de morale Judéo-Chrétienne sclérosante misogyne, source de drames familiaux. Même s’il n’est jamais fait référence à une religion, si nos personnages sont visiblement athées, si notre jeune femme fait ses choix en toute conscience, certains lecteurs pourront toujours y lire une critique religieuse en particulier derrière la caricature de la mère (que justement je trouve peu crédible dans ce récit) qui ressemble assez aux interprétations rétrogrades simplistes que certains ont sur la religion. En cela la généralisation du fait du graphisme est facile. Je ne sais pas ce que l’auteur a voulu monter, s’il a voulu montrer un modèle de piège abscons dans un couple entre deux êtres qui s’aiment, je dis bravo, s’il a insidieusement glissé une critique judéo-chrétienne, je dis quelle vision superficielle et déformée d’une morale et que d’incohérences dans les personnages… Ceci dit, cyniquement, ça peut être justement commercialement assez bien joué, chacun pouvant y trouver son compte ! Ce doute, renforcé par des propos de l’auteur lus sur un forum, m’éloigne de l’œuvre. Avoir cet opus en bibliothèque ? Toutes les bibliothèques devraient l’avoir, mais chez soi, je doute du plaisir à relire maintes fois cet album, sauf à aider une connaissance en détresse… Coup de cœur enfin, car cet opus malgré ses faiblesses scénaristiques liées aux personnages secondaires, forme un joli complément à Inès. Dans l’un le couple s’aime alors que dans l’autre il n’est plus question d’amour. Pour avoir réussi à montrer la violence conjugale dans un couple qui s’aime, chapeau.
J’ai du mal à aviser cet album tant je suis partagé entre deux sentiments contradictoires. D’une part, j’ai envie de dire que cet album est franchement bien. Sa narration est excellente, la progression vers le drame est bien dosée, l’emploi de personnages animalier permet à la fois de garantir l’universalité des propos et l’anonymat de ses acteurs et la conclusion est convaincante et dramatique. D’autre part, cet album cherche à expliquer les mécanismes qui mènent un couple dans cette spirale de la violence acceptée. Si l’homme est certainement le moins excusable, la femme représentée ici n’en est pas moins coupable elle aussi. Non des faits que lui reproche son mari, qui sont autant de prétextes pour évacuer ses frustrations, mais dans son souci de l’apparence (elle s’occupe plus du « qu’en dira t’on » que d’une réelle recherche de solution). Ce souci de crédibilité de la part des auteurs est louable mais a pour résultat qu’au final, je ne comprends aucun des personnages. Pire encore, aucun ne m’est paru attachant, pas même la femme battue (et je ne vous parle même pas de sa détestable mère). Ce manque d’attachement, ce manque d’empathie fait que je suis resté plus révolté qu’ému par ma lecture. Quoiqu’il en soit, cet album interpelle le lecteur sur ce sujet sensible. Pour l’ensemble de ses qualités je vais dire « franchement bien », mais je reste avec une gêne : celle de ne toujours pas pouvoir admettre le personnage féminin (je crains de ne jamais rien comprendre aux femmes …)
J'avais peur de tomber sur une même BD que Inès mais il n'en est rien. Autant dans Inès on a un scénario qui met en place une relation violente dans un couple, selon une courbe exponentielle, autant dans "… A la folie" il y a une routine et une acceptation de la violence. Dans Inès, la femme battue subit pour préserver sa fille, dans "… A la folie", la femme battue en arrive à défendre son mari. Ce n'est pas aussi simple mais l'approche de la présente BD est bien argumentée. Il décrit le passé et le quotidien d'un couple où l'homme maintient un rapport de force avec sa femme. Ils s'aiment et se trouvent des excuses chacun de leurs côtés. J'ai trouvé la lecture éprouvante car on n'est que spectateur. Je n'arrive pas à comprendre les réactions de la femme ou du moins je n'arrive pas à les cautionner. Mais ce one shot montre ce qu'il se passe dans beaucoup de couples où ce fléau sévit. Il permet de mieux comprendre pourquoi ce sujet est encore tabou. Inès est plus un cri du coeur qui met en évidence les risques suprêmes de cet état de fait. Je pense que ces BD ne peuvent être comparées, elles abordent le même sujet mais sur des abords différents. Elles sont complémentaires et apportent toutes les deux la lumière sur ce sujet encore tabou.
... à la folie parle lui aussi, comme Inès, de la violence conjugale. Cependant, comme le souligne mon camarade iannick, l'approche des deux albums sur un même sujet n'est pas la même. Là où Inès touchait au viscéral, "... à la folie" propose une approche plus clinique, presque documentaire du même sujet. Le parti-pris narratif est intéressant : nous avons deux narrateurs, les deux membres du couple qui va se trouver déchiré par cette violence. C'est comme s'ils étaient interviewés chacun son tour sur sa perception des sentiments. Procédé très simple, déjà utilisé au cinéma il me semble (mais impossible de me souvenir du ou des films en question), mais plutôt efficace. [SPOILER] D'un côté nous avons la femme, belle, jeune, intelligente, qui se pose des questions sur la violence naissante de son mari. Mais qui s'enferme cependant dans un carcan judéo-chrétien séculaire, pour ne pas dire millénaire, propice à une dégradation d'une situation de ce genre. Et qui ensuite s'y soumet, essayant cependant d'atténuer sa douleur physique, même si le psychisme est fortement atteint. Elle va ensuite réagir, puis revenir. De l'autre, le mari, qui veut se prouver sa virilité en dominant physiquement sa femme, qu'il aime sans doute, et fait un transfert entre une rivalité professionnelle et une résistance -toute relative- de sa conjointe. Lequel mari ne comprend pas, ne comprend vraiment pas le départ de sa femme. Puis retombe dans ses travers quand elle revient. Et le schéma reprend. [FIN SPOILER] C'est finement amené, implacable, trop peut-être. Je n'ai pas eu trop de surprise dans le cheminement du récit, ce qui explique que ma note ne soit pas trop élevée. J'ai par exemple été plus touché par Inès ou par En chemin elle rencontre... sur le même sujet, qui prenaient plus aux tripes. Mais cela n'enlève rien aux qualités de cet ouvrage, lesquelles se retrouvent également dans le dessin de James, faussement naïf (et proche de celui de Trondheim), mais dont le style "animalier" permet au récit de toucher à l'universalité. Les personnages n'ont pas de nom, de prénom, et là encore c'est bien pensé pour amener lesdits personnages à être des "caractères", au sens noble du terme, et non plus des personnages à proprement dit, presque des stéréotypes. Sylvain Ricard a fait du bon boulot, sur un sujet sensible qui commence à sortir du ghetto.
Encore un récit sur la violence conjugale ! Après « Inès » de Loïc Dauvillier et Jérôme d’Aviau édité chez Drugstore, c’est au tour de Sylvain Ricard au scénario et de James au dessin de se plancher sur la question. En fait, je n’attendais pas du tout à feuilleter une bd sur la violence conjugale. Pour moi, James était un auteur spécialisé sur les histoires humoristiques (« Les Mauvaises humeurs de James et de la tête X » et « Dans mon Open Space ») alors quand j’ai vu « … A la folie », je pensais que j’allais passer un bon moment de rigolade… eh bien, non, c’est loupé ! « … A la folie » est un récit sur un sujet grave abordé avec gravité… point barre ! A ce titre, la couverture qui montre un couple qui a l’air super sympa est trompeuse ! Parce que, bon, dès les premières pages, j’ai bien vu qu’il y avait plusieurs choses qui clochent dans ce duo : ils sont assis sur un divan très éloignés de l’un de l’autre… Et surtout, les deux êtres ne racontent pas la même chose : elle parle de leur mariage en mettant l’accent sur la présence des familles, tandis que lui raconte « son » union en prétextant que les moustiques lui a fait gâché un peu la fête et que ça lui a permis de nouer des contacts professionnels… En voyant cette première séquence, il était clair pour moi que ce couple n’allait pas durer… J’ai vraiment aimé la narration de cette bd : Tout à tour, l’homme et la femme racontent leur vie et la façon dont ils l’ont vécu. Ainsi, le lecteur découvrira que l’homme aura une vision très différente de la femme sur comment vivre leur union. Surtout, le bédéphile découvrira un mec égoïste, ne pensant qu’à son boulot et à baiser une fois rentré chez lui. Il découvrira aussi un gars extrêmement macho qui a une idée assez basique et caduque de la femme en général : elle doit être au service de son mari quitte à se lever chaque matin pour lui préparer le petit-déjeuner par exemple…D’un autre côté, le lecteur découvrira aussi une femme rongée par la culpabilité qui croit que c’est sa faute si son couple en est à cette situation, et en perte de confiance totale en elle-même… Bref, si on compare à « Inès », « … A la folie » est incontestablement plus riche en réflexions et joue un peu moins sur les sentiments. Le dénouement est très ouvert et laisse à penser qu’un homme brutal le restera… C’est un point de vue qui ne restera pas –à mon avis- sans débat (un peu comme si un prisonnier ayant sorti de prison recommencera ses mauvais actes dans la société)… A première vue, le style de James où les personnages sont représentés de façon animalière n’apparaît pas adapté à ce genre de récit dramatique mais après quelques pages, je me suis fait à ce parti-pris graphique : je le trouve fin et très expressif. Cette initiative de mettre en scène des protagonistes animaliers permet aux lecteurs de les identifier facilement. En tout cas, j’ai hautement apprécié le travail de James sur cette bd ! En relisant une bd sur la violence conjugale (après « Inès »), je pensais que j’allais frôler l’indigestion sur ce thème difficile : c’était sans compter sur la narration parfaite et originale de la part des deux auteurs, ainsi que sur le style de James (qui ressemble –à mon avis- à celui de Lewis Trondheim) qui m’ont fait accrocher à cette lecture ! Une réussite !
Site réalisé avec CodeIgniter, jQuery, Bootstrap, fancyBox, Open Iconic, typeahead.js, Google Charts, Google Maps, echo
Copyright © 2001 - 2024 BDTheque | Contact | Les cookies sur le site | Les stats du site