Comme un gant de velours pris dans la fonte (Like a Velvet Glove Cast in Iron)
Après avoir assisté à la projection d'un film mystérieux intitulé Comme un gant de velours pris dans la fonte, un homme, en cherchant à retrouver les personnes à l'origine de ce film, va vivre une suite d'histoires de fous sans queue ni tête...
Comix Fantagraphics Books
Clay Loudermilk se rend dans un cinéma porno où un film intitulé "Comme un gant de velours pris dans la fonte" est projeté à la suite du film X. Intrigué et perturbé par ce film étrange, Clay va chercher à en retrouver la provenance... Dans les toilettes du cinéma, un fakir indique à Clay le nom d'une ville où serait établie la société "Interesting Productions", qui a produit "Comme un gant de velours pris dans la fonte". Clay décide de s'y rendre... En chemin, il est arrêté par deux flics qui le passent à tabac et lui gravent un petit symbole sur le talon. La tête d'un petit bonhomme nommé Mister Jones, et qui pourrait être, si toutefois j'ai compris quelque chose à cette histoire, soit le symbole d'une société secrète dont faisait partie Adolf Hitler, soit un énorme canular, soit Dieu.
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Date de parution | Janvier 1999 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Je suis un gros amateur des auteurs publiés par Fantagraphics, et plus généralement d'auteurs indés américains. Et pourtant Clowes est un auteur que j'ai du mal à apprivoiser. Et je pense qu'il en sera toujours ainsi. Pourtant avec cet album - sans doute l'un de ses moins faciles à appréhender - j'y ai davantage trouvé mon compte. Peut-être justement à cause de son aspect décousu, un peu foutraque. Moi qui suis amateur de surréalisme, je n'ai pas été outre mesure frustré de ne pas tout comprendre (et le final est loin d'être limpide !). Les passages qui m'échappaient avaient le bon côté de me surprendre. Et certains passages ou certaines images un peu trash ou distillant un malaise me ramenaient à un auteur que j'aime beaucoup, Burns. Rapprochement accentué par le dessin de Clowes, ici uniquement en Noir et Blanc (contrairement à son habitude ou à ce que nous montre la couverture - j'ai lu la récente réédition). Une lecture déroutante. Ça n'est en tout cas pas la porte d'entrée dans l'œuvre de Clowes que je recommanderais.
Comme une pomme de terre anthropomorphe - Il s'agit d'une histoire complète et indépendante initialement sérialisée dans les numéros 1 (août 1989) à 10 (février 1993) du magazine Eightball. Cette histoire est en noir & blanc avec des niveaux de gris, scénarisée et illustrée par Daniel Clowes. Clay Loudermilk se rend dans un cinéma porno de quartier et assiste à la projection d'un film nommé Like a velvet glove cast in iron dans lequel il semble reconnaître l'une des actrices. le film mélange des scènes de copulation avec des comportements déviants. Les quelques spectateurs ont également des comportements dérangeants. À la fin de la projection, un autre spectateur lui conseille de se rendre dans les toilettes et qu'il ne le regrettera pas. Il le fait et apprend où se situent les locaux de la maison de production de ce film. Il décide d'effectuer le voyage jusqu'à ladite ville pour en apprendre plus sur cette actrice. Il lui faut d'abord réussir à emprunter une voiture à un pote. Sur la route, il va rencontrer des individus très étranges. Ça commence par une pochtronne qui l'embrasse à pleine bouche, une paire de policiers qui le passent à tabac et qui lui font une cicatrice en forme de logo de Mister Jones sous le pied droit. Au fur et à mesure de son errance, il rencontre des individus de plus en plus particuliers soit physiquement, soit psychologiquement. Parmi les plus décalés il y a cette jeune femme en forme de pomme de terre anthropomorphe sans bras ni jambe, ce chien sans orifice, cette jeune fille qui dessine en fumant la pipe, ce monsieur aux implants capillaires inachevés, cet homme persuadé d'être sur le point de comprendre une conspiration à l'échelle planétaire, etc. Dès le deuxième page, le lecteur a plongé dans une vision du monde à nulle autre pareille, irrémédiablement décalée par rapport à ce qu'un individu de base considère être la réalité, et horriblement familière. Clay Loudermilk se rend dans un cinéma porno, il assume un comportement réprouvé par la société (mais permis puisque ces établissements existent, enfin existaient). le film qu'il visionne comprend une composante sexuelle mais plus dérangeante qu'excitante, parce que teintée par des images de soumissions et de régression infantile, avec des individus à la morphologie normale et un peu âgés (des quadras). le comportement des spectateurs est terrifiant, non pas parce qu'ils sont menaçants, mais parce qu'ils sont révélateurs de leur misère sexuelle, de leur écart par rapport à la norme sociale, de leur insécurité. En 3 pages, Daniel Clowes a plongé le lecteur dans un récit surréaliste qui joue sur les phobies et les angoisses de l'être humain, au travers d'une intrigue linéaire et divertissant. La narration permet au lecteur de se laisser porter de rencontres improbables en situations impossibles, grâce au fil conducteur simple qui est pour Clay de retrouver cette actrice. Au fur et à mesure des rencontres et des avanies supportées par Clay, Daniel Clowes matérialise des interrogations philosophiques et existentielles, au travers du comportement de ces individus bizarres. Parmi les questionnements, il y a bien sûr la perception de la sexualité, ou en tout cas de la relation sexuelle. Clay et ses partenaires d'un jour ou plus ont une attitude complètement déculpabilisé par rapport à ces rapports, tout en conservant une forte implication et un fort investissement émotionnel dans l'acte lui-même. C'est à la fois une activité totalement normale, acceptée et évidente, et à la fois une source de frustration. À chaque fois il y a satisfaction du besoin physique, et insatisfaction du besoin psychologique. Ce constat est rendu d'autant plus implacable par les illustrations qui ne cherchent jamais à rendre les choses jolies, mais pas non plus repoussantes. Si la composante sexuelle est prégnante tout au long du récit, elle n'est pas la seule, ni même la plus importante. Tout au long du récit, Clay est à la recherche d'une forme de compréhension, de mode de déchiffrage des événements qu'il subit, du comportement des individus avec lesquels il interagit. À travers cette collection de situations absurdes et impossibles, Daniel Clowes confronte son personnage à l'arbitraire de la réalité, à l'obligation d'une interprétation des phénomènes, à l'impossibilité de la compréhension (ou de la révélation au sens religieux du terme) par l'être humain limité par ses sens et son imperfection ontologique. Pour cette thématique, Clowes a choisi le dispositif classique du complot global et l'a perverti à son objectif narratif par le biais d'un gugusse inquiétant et obsédé par sa quête de vérité. Convaincu par sa certitude, il en devient fermé à toute autre possibilité d'interprétation, de signification, il s'enferme lui-même dans son erreur. Clowes utilise une solution graphique aussi simple qu'efficace pour mettre en image ce thème : une icône sur la base d'un smiley qui crée un leitmotiv visuel aussi absurde qu'inquiétant. Bien évidemment l'autre thème majeur est celui de l'altérité et l'incommunicabilité, couplé à l'universalité de certaines émotions. L'apparence grotesque des individus, leurs difformités anatomiquement impossibles sont autant de visualisation de la différence avec l'autre et de notre perception égocentrique de ce qui nous entoure. Par le biais de ces visuels surréalistes, Clowes matérialise la différence avec l'autre, la part de l'autre qui reste ineffable, inconnue, insondable, irréconciliable avec notre individualité, nos propres limites. L'aspect graphique est très facile à lire et réserve beaucoup de moments inattendus. Daniel Clowes déstabilise son lecteur par des images surréalistes, sans jouer la fibre du misérabilisme ou de l'horreur. Il dessine chaque difformité tératologique (physiologiquement possible ou on) comme si elle allait de soi. Clay et les autres personnages ne remettent jamais en cause ce qu'ils ont sous les yeux. Chaque individu présente une morphologie et un visage qui lui sont propres. Cet ouvrage est l'un des premiers créés par Daniel Clowes et il révèle un auteur déjà accompli qui utilise le surréalisme pour développer un point de vue construit et étayé sur le sens de la vie et la condition humaine. Il évite de recourir à des outils psychanalytiques (même si quelques images y font penser), pour rester dans un récit linéaire où chaque monstruosité n'est que l'apparence d'une différence étrangère au personnage principal, et pourtant acceptable.
Il serait très facile de descendre cette BD en apparence sans queue ni tête, tant il semble que l’auteur fait tout ce qu’il faut pour échapper à la logique d’un scénario conventionnel, avec une détermination qui friserait presque l’inconscience voire le mépris pur et simple de son lectorat… Les cases comportent en outre de multiples symboles, références et autres clins d’œil (en tout cas j’ai cru le comprendre, à moins que, là encore, Daniel Clowes ait décidé de se jouer de nous). Et pourtant… Cette histoire façon polar fantastique se rapproche davantage d’un cauchemar lynchien (pour le coup, il y a ici des références assez évidentes à « Eraserhead ») qui sait vous mettre très mal à l’aise, car non seulement on n’y comprend pas grand chose mais en plus la folie y étale ses sourires grimaçants et ses névroses à chaque coin de page… Comme le croisement d’un surréalisme sous acide avec un univers SF des fifties US qui peut facilement rappeler de vieilles séries TV comme la « Quatrième dimension ». Le style graphique en noir et blanc est par ailleurs très proche de celui d’un Charles Burns au cerveau tout aussi « maladivement » créatif mais dont l’approche scénaristique semble plus cohérente. N’est-ce qu’un portrait au vitriol de plus de la société US névropathe par un de ses sous-produits ? Cela est bien possible, et il faudra non seulement de la patience (pour qui ne voit que par le scénario) mais des nerfs bien accrochés, car c’est tout de même une drôle d’expérience qu’une bd de Daniel Clowes… En ce qui me concerne, c’est la première fois que je lis quelque chose de cet auteur. Sur le moment, j’étais plutôt déconcerté (cette fin !) et me sentais frustré d’avoir trouvé si peu de clés (donc un peu agacé aussi), mais en même temps, j’en ressortais avec un sentiment de fascination qui fait que je récidiverai peut-être avec un autre de ses ouvrages. Peut-être ne faut-il pas chercher à tout comprendre du premier coup avec ce style de récit, mais simplement se laisser aller au gré des pages et attendre de voir, une fois le livre refermé, quelles images émergent selon le phénomène de persistance rétinienne. Et du coup, celui-ci ne laisse pas indifférent…
Le moins qu'on puisse dire c'est que cet album est très étrange. Jusqu'ici j'étais plutôt habitué à lire le Clowes mettant en scène des losers cyniques. Ici c'est un Clowes sous acide ? On commence et exactement 142 planches plus tard, on n'a pas tout compris. Au cours de la lecture on se dit que cet univers d'une petite ville américaine où évolue un homme qui semble être le seul à peu près sensé va trouver une réponse. C'est cela aussi qui m'a poussé à lire ce récit d'une traite. Est-ce un rêve ? Et en fait non, il n'y a pas de clé de décryptage. Pourtant on ne peut pas dire que j'ai détesté, déjà parce que j'ai été assez captivé pour le lire d'un coup justement, et puis Clowes arrive à créer une galerie de personnages "freak" assez réussie. On a l'impression que ça ne dérange personne de voir un chien sans tête ni orifice qu'on nourrit avec une seringue ou encore de venir pour une consultation de voyance dans les toilettes d'un cinéma porno. On pense à Lynch, mais aussi à Charles Burns, le dessin de Clowes , ici assez froid, nous rappelle Black hole. D'ailleurs on voit même à un moment une personne avec un appendice caudal. En fait c'est le même esprit que l'album Toxic de Burns paru en 2010. Bref pas du tout mon album préféré de cet auteur, c'est une histoire assez perturbante mais je n'y ai pas vu en quoi certains la trouvent génial.
Moi qui avais adoré David Boring, et surtout Ghost World, j'avoue être resté un peu sur ma faim. Après un premier tiers prometteur, l'histoire hésite ensuite pour terminer de manière un peu confuse... Mais bon le dessin est superbe comme toujours chez Clowes. Et puis une BD qui suscite autant d'avis divergents ne peut être finalement qu'une bonne bd, non ? A lire.
"Comme un gant de velours pris dans la fonte" est la meilleure bande dessinée que j'ai jamais lue. Si vous aimez David Lynch, lisez Daniel Clowes. Ce bouquin est un véritable O.V.N.I. Enfin un livre où le spectateur n'est pas pris par la main pendant tout le récit. Proche de l'univers de Kafka, ce livre n'est ni un polar, ni un thriller, ni un road-movie, ni un livre fantastique. Il offre un regard sans complaisance sur la société américaine, sans pour autant tomber dans un moralisme prétentieux. Un univers très proche du cinéma ou de l'univers d'un Charles Burns ou de Mezzo & Pirus (voir Le Roi des Mouches). A lire absolument !
Je vois que les avis sont partagés... J'aurais bien mis 5/5 en note, car pour moi cette bd est la meilleur de Clowes, lui-même un des meilleurs auteurs actuels. Mais en même temps, je comprends qu'on ne puisse pas l'apprécier, à vrai dire, j'aurais été plus attristé si certains étaient resté indifférents devant elle. Il n'y a pas d'humour, pas de logique, je l'ai lue avec sans cesse une impression de malaise, voire de désespoir... Et c'est ça que j'ai adoré. Peut-être suis-je masochiste? Alors, oui, une bd à acheter, mais pas les yeux fermés: prenez le temps de la regarder un bon moment avant, pour éviter les mauvaises surprises...
On a le droit de mettre 0 ? Personnellement un homme qui se balade avec des crevettes dans les orbites en lieu et place des yeux pour soigner je ne sais plus trop quelle maladie ça me fait grincer des dents et fermer immédiatement cette BD après une dizaine de pages sur environ 150 ! Disons que je n'ai pas ce genre d'humour. Si vous voulez connaître Clowes, lisez plutôt David Boring, bien plus abordable...
Un album qui ne laisse pas indifférent ... On s'y perd, on se demande où Clowes veut nous emmener. C'est à la fois lent et pourtant il y a un rythme assez soutenu. Une BD tout en paradoxe, étrange ... Et pourtant on (enfin je) y prend gout, on se laisse balader (il est très fort pour cela D.Clowes) et c'est pas si mal. Pour les amoureux de ces bd où l'on en ressort, comment dire, avec une sensation diffuse, flou ... (je remarque que mon commentaire est pareil ...). Pour les autres, à découvrir !
Houlà ! Apparement Cassidy n'a pas du tout apprécié cet album. On peut le comprendre, Daniel Clowes n'a jamais plu à tout le monde, et personne n'oblige personne à aimer ça. Mais moi, je serais plutôt du côté de ceux qui aiment. Même s'il ne s'agit pas ici de son meilleur album (je lui préfère Ghost World). P.S. : J'aime aussi beaucoup David Lynch même si cela "n'a ni queue, ni tête..."
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