Cannibale
Lors de l'exposition coloniale de 1931, à Paris, des Kanak ont été exposés comme des bêtes sauvages...
1930 - 1938 : De la Grande Dépression aux prémisces de la Seconde Guerre Mondiale Adaptations de romans en BD Bêtes de foire Cannibalisme Emmanuel Proust Éditions Le Colonialisme Paris Racisme, fascisme
Paris, exposition coloniale de 1931… Arrachés de force à leur terre, des dizaines de kanak sont présentés, sous l’étiquette « anthropophages » au pavillon de la Nouvelle-Calédonie. Soudain le directeur de l’exposition échange des kanak contre des crocodiles allemands ! Gocéné, séparé de sa fiancée, n’a plus qu’une seule solution : s’enfuir pour la retrouver !
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Date de parution | 15 Octobre 2009 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Je connais assez bien le sujet (les zoos humains dans les expositions coloniales, et singulièrement l’exhibition de canaques – présentés de façon fausse et scandaleuse comme des cannibales – lors de celle de Paris de 1931). D’abord par les livres et documentaires (vers lesquels je ne peux que vous renvoyer) de l’historien Pascal Blanchard. Mais aussi au travers des écrits du groupe surréaliste, qui fut, avec le Parti communiste, le seul groupe constitué protestant à l’époque contre le scandale de ce type « d’exposition » (je possède d’ailleurs les deux tracts diffusés en 1931 par le groupe surréaliste parisien). A partir de ce scandale (qui avait aussi éveillé quelques curiosités en 1998 lorsque Christian Karembeu l’avait évoqué pour expliquer sa réticence à chanter la Marseillaise lors de la coupe du monde de football), Daenincks a écrit un roman (que je n’ai pas lu), adapté ici par Reuzé. Je suis surpris de retrouver Reuzé dans ce registre (je le connais et l’apprécie davantage sur un registre d’humour absurde), mais il s’en tire plutôt bien – même si son dessin n’est pas exempt de quelques défauts, il est en tout cas fluide et efficace. C’est plutôt l’histoire qui m’a laissé sur ma faim. Elle se lit très bien elle-aussi, la narration est fluide et agréable. Mais c’est surtout que l’histoire est assez légère, manque de densité, de fond, est trop vite lue. Je ne sais si le roman était aussi « sec », mais je suis resté un peu sur ma faim. Au final, la lecture n’est pas désagréable, mais l’album aurait pu être plus développé. Cela reste une porte d’entrée pour aller plus loin (voir les références citées plus haut), sur un sujet généralement occulté (peu de gens savent que le zoo de Vincennes avait son pendant avec des êtres humains en 1931 à Paris – ni que le dernier zoo humain a été présenté à Bruxelles dans les années 1950…).
Avec cet album on plonge allégrement dans l’Exposition coloniale de Paris en 1931. Celui-ci dénonce la représentation grotesque faite des Kanak à mi-chemin entre l’homme et l’animal. Voilà donc une manière de dépoussiérer la face cachée de notre passé et faire revivre quelques vérités que beaucoup souhaitent voir oublier. La honte doit peser sur les épaules de ceux qui présentèrent ces pauvres bougres comme des cannibales dans des cages. Voilà donc la colonisation dans son aspect le plus écœurant. Il faudra attendre les accords de Nouméa signés le 5 mai 1998 pour que soit – enfin – officialisé le terme Kanak. Jusqu’à cette date le mot canaque était une injure de la pire espèce qu’on retrouve d’ailleurs souvent sous la plume de Louis-Ferdinand Céline. Le graphisme est plutôt conventionnel. L’album se lit rapidement. Le récit est fluide. Voilà donc une bonne BD historique qui met en exergue une partie peu glorieuse de notre passé. Le sujet est original. Vous pouvez y aller sans crainte de vous ennuyer.
C’est le nom de Didier Daeninckx sur la couverture qui a attiré mon attention. Il s’agit en fait de l’adaptation en BD du récit de l’écrivain. Malgré toute la sincérité de l’initiative, je doute de l’utilité de cette adaptation, qui selon moi n’apporte rien au livre, au contraire. On a le sentiment que cela a été fait dans le seul but de sensibiliser les jeunes générations à cet épisode abject de l’Histoire de France, noble démarche certes, mais c’est comme si la créativité était passée au second plan. Sans être mauvais, le dessin est hyper conventionnel, même pas compensé par le découpage qui brille par son absence de recherche. Le scénario est plat, les dialogues naïfs et mécaniques – les deux protagonistes kanak parlent un français parfait alors qu’il paraît évident qu’ils n’ont pas eu accès à un enseignement très poussé. Bref, tout est un peu trop politiquement correct d’après moi, ce qui donne un produit pédagogique et froid où l’émotion peine à émerger. Mais là encore, le format (54 pages) me semble inadapté à ce type d’entreprise. Ou alors il aurait été pertinent d’ajouter une annexe documentaire comme cela se fait parfois, afin de compléter ce qui ne peut être développé dans la partie dessinée.
L’intérêt principal de ce récit réside, à mes yeux, dans son contexte. Très proche d’un Minik sous cet aspect, il a pour cadre une exposition d’êtres humains organisée en France en 1931. Le personnage central, originaire de Nouvelle-Calédonie, arrive donc en France, avec d’autres membres de son village mais aussi d’autres villages, pour y être exposé à la manière d’un animal de zoo, voire de cirque. Malheureusement, plutôt que de se centrer sur ce thème, Didier Daeninckx préfère réaliser une fiction qui verra le personnage central s’enfuir à la recherche de sa fiancée. Et, donc, plutôt qu’à un récit historique ou à un roman graphique, c’est à un récit policier auquel on a droit. J’avoue un peu regretter ce choix. Le récit se résume trop à une course poursuite, et on s’attarde finalement peu sur l’état d’esprit des différents protagonistes. Peut-être le roman était il plus riche de ce point de vue, mais l’adaptation qu’en fait Emmanuel Reuzé me donne en tous les cas ce sentiment de trop souvent favoriser l’action au détriment de la réflexion. Au niveau du dessin, j’avais un peu peur mais j’ai finalement bien apprécié le dessin réaliste assez « chargé » d’Emmanuel Reuzé. Par contre, la colorisation ne m’a pas plu du tout. Trop souvent, les planches offrent des tons monochromes. De plus, je n’ai pas trouvé de logique dans l’emploi des couleurs et si, au début, je pensais que c’était tout le long flash-back central qui était traité en teintes monochromes, je me suis rapidement rendu compte que cet emploi était des plus aléatoires. Franchement spécial ! Pas mal, sans plus. Très intéressant pour son aspect historique mais mal exploité et trop peu développé dans sa dimension humaine pour me séduire.
Voilà enfin une bd à l'accent historique qui sort un peu du lot. Elle dénonce une France colonialiste qui a commis d'innombrables erreurs avec certaines peuplades d'outre-mer. C'est directement inspiré de faits réels concernant la Nouvelle-Calédonie où des kanaks furent enlevés de leur village pour être parqué dans des cages à zoo dans une exposition coloniale des années 30 qui s'est déroulée dans le bois de Vincennes. C'est presque impensable de voir que la France, pays des droits de l'homme, avait pu traiter ainsi des êtres humains à une époque pas si lointaine. Pour ma part, j'avoue avoir été touché par ce récit qui est si bien raconté. Le dessin manque un peu d'expressivité et de fluidité. Cependant, cela reste très correct par rapport à l'ensemble.
Intéressante cette bd ! « Cannibale » relate la venue d’une vingtaine de Kanaks en France en 1931. Sans le savoir et à leur insu, ces habitants de la Nouvelle-Calédonie iront participer à l’exposition internationale qui a eu lieu au bois de Vincennes à Paris et à quelques dizaines de mètres du zoo… En fait, cette histoire débute au début des années 1980, une jeep avec à son bord un français et un vieux kanak qui se rend vers son village natal vont se retrouver bloqués par une barricade dressée par des indépendantistes kanaks. Ces derniers accepteront le vieil homme prénommé Gocéné mais ils renverront paître l’européen. En compagnie de ses patriotes, Gocéné va leur raconter son voyage à Paris en 1931et pourquoi ce « blanc » est devenu son ami… « Cannibale » m’a captivé de bout en bout. C’est un récit historique romancé qui nous présente une facette inconnue de la colonisation française. C’est aussi une bd touchante car elle nous raconte comment les kanaks étaient traités comme des sauvages par les européens à cette époque. Moi-même, je ne savais pas que ce peuple était à ce point peu respecté par mes compatriotes, je pensais que seuls les africains étaient abonnés à notre mépris. Toujours est-il que je constate que les récits sur la guerre d’Algérie et sur les autres pays ayant été colonisés par la France (et dont certains sont toujours des territoires outre-mer) commencent à fleurir sur les étals des libraires : ce n’est pas plus mal étant donné que nous connaissons peu de choses sur ces thèmes étant donné le silence de ceux qui ont vécu dans ces contrées à cette période. Au niveau du dessin, Emmanuel Reuzé nous présente un trait épais que j’ai beaucoup apprécié. A titre de comparaison, son style et surtout sa mise en couleurs m’ont rappelé le traitement graphique du premier tome de « El Niño ». La narration m’est apparue très correcte. La mise en page utilise des grandes cases qui rendent cette lecture agréable et qui nous présentent des décors assez fouillés. En conclusion, après un feuilletage rapide de cette bd qui m’a fait apprécier le coup de patte d’Emmanuel Reuzé, je fus conquis par cette histoire nous présentant la venue forcée d’un (groupe de) kanak(s) à Paris en 1931. J’ai été intéressé par le sort de nos voisins d’outre-mer. Surtout, je comprends mieux maintenant l’aspiration de nombre d’entre eux à accéder à l’indépendance (le récit se situe pendant les « eighties » et depuis cette décennie, on n’entend plus parler dans les médias des indépendantistes de Nouvelle-Calédonie…). « Cannibale » m’est apparu comme un récit vraiment captivant, il devrait contenter sans problème ceux qui s’intéressent à l’histoire et aux régions ayant été colonisées par les français. Note finale : 3,5/5
Cette BD a été pour moi un choc : je ne savais pas qu’en 1931 avait eu lieu une exposition coloniale, et que de nombreux hommes, en particulier ceux venant de Nouvelle-Calédonie, avaient été exposés comme des animaux sauvages au grand public… Adapté d’un best-seller de Didier Daeninckx, ce one shot revient donc sur cet « évènement ». Emmanuel Reuzé, déjà auteur de « Ubu Roi (Reuzé) » explore une autre forme d’absurde, non pas issue de l’imaginaire d’un autre auteur, mais cette fois-ci très réelle, même si Daeninckx a un peu romancé le sujet pour y mettre plus d’action. Du coup le dessinateur utilise un style plus réaliste, plus en adéquation avec la réalité de l’histoire. Un style qui manque d’expressivité à mon goût, les personnages ayant un air impavide la plupart du temps, s’exprimant la bouche fermée. Mais la richesse de sa mise en scène et le sérieux qu’il met à illustrer le sujet finissent par emporter l’adhésion du lecteur. Nous avons en prime, en fin d’album, le témoignage de Daeninckx sur sa découverte de cette histoire et un chouïa d’éléments de culture kanak (ce terme étant invariable et à séparer de « canaque », considéré comme typique de l’époque coloniale). Petite anecdote : l’un des kanaks envoyés à l’époque à Paris s’appelait Karembeu… Il s’agissait de l’arrière-grand-père du footballeur champion du monde en 1998. Ce dernier en garda longtemps une énorme rancœur –de notoriété publique d’ailleurs- envers l’Etat français.
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