Noir Tango
Drame argentin au rythme du Tango...
1946 - 1960 : L'Après-Guerre et le début de la Guerre Froide Akileos Argentine La Danse Les petits éditeurs indépendants Tango
Argentine, années 40. Miguel, marin et formidable danseur de tango, ne tangue plus qu’au rythme de l’alcool et des bagarres. Il a renoncé à ses rêves nomades pour sa femme Isabella Sendoval, fille d’une famille riche et crainte dans cette ville portuaire dans laquelle il a échoué. Haï par sa belle-famille qui cherche à le détruire, son chemin va croiser celui d’un autre homme, mystérieux individu auquel son destin semble lié.
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Date de parution | 01 Octobre 2009 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Voilà une édition qui va surement susciter une scission au sein de la société. Cet éditeur est quasi inconnu pour moi, mais je découvre coup sur coup, "Noir Tango", "Hector Humbra" et Whiteout et je suis impressionné par la qualité et l’originalité des œuvres ! Cet éditeur prend des risques apparemment et j’aimerais vraiment que cela paie pour lui. En tout cas, je vais suivre cela de plus près maintenant. Cela dit, cet album comme je viens de le dire, sort des sentiers battus. Le scénariste nous livre un scénario rythmé aux pas du tango. Un album avec un fond axé sur la danse c’est rare. Prendre le tango, une danse pas si connue dans notre pays, c’est gonflé. Le tango est une danse, physique et sensuelle, dans laquelle il faut serrer la partenaire sans la contraindre, la guider sans la brider. La partenaire alors en confiance peut se livrer et laisser exploser sa sensualité et sa grâce. Cet aspect est très bien rendu tout au long des pages et pas seulement sur les pages purement Tango. Cette ambiance se reflète sur chaque page, chaque case. L’état d’esprit des personnages est baigné par cette danse et cela se voit dans leurs actes de tous les jours. Miguel, l’antihéros, est un danseur merveilleux. Le meilleur en fait. C’est grâce à cela qu’il a su charmer la fille de Don Sendoval, le magnat local, tyrannique, omnipotent dans sa région. Malheureusement pour Miguel, il vient des quartiers pauvres de la ville et sa relation avec sa belle famille est extrêmement tendue. D’ailleurs, lui, le bourlingueur, le voyageur, cela lui pèse de ne plus pouvoir partir, d’être retenu à terre auprès de son épouse qu’il délaisse pour tous les aspects qui ne sont pas liés au Tango. Son épouse, elle, se languit de son mari qui n’apparait qu’à de trop rares occasions, lors des milonga, ces bals dédiés au Tango. Leur union parfaite est alors consommée sur les parquets et s’exprime au travers de la danse sous les yeux ébahis des spectateurs. Cet album transmet cet amour de la danse, nous montre que la danse est universelle et touche toute les classes. Cet album nous montre aussi, que malheureusement, la lutte des classes et les oppositions sont aussi universelles. Le scénario a été conçu au rythme du Tango, les mentalités des personnages sont calquées dessus. Surement caricatural, nous avons le danseur magnifique, mais macho. Nous avons la belle magnifique, délaissée, mais soumise à son partenaire. Le papa de la belle, fort, riche et franchement pas heureux de son gendre. Le frère de la belle, hyper protecteur et franchement pas heureux de son beau-frère qui rend sa sœur triste. Nous avons l’ensemble de la classe riche qui s’oppose à l’ensemble de la classe pauvre. Il y a du Roméo et Juliette à dedans, il y a du Coppola là dedans, les codes de la tragédie amoureuse ne sont pas mon fort, mais quand je compare aux grands classiques, les ressemblances sont là. Mais j’ai bien aimé cette opposition de style dans le fond et la forme, j’ai bien aimé ce macho rêveur qui aime aller au bord de la mère et rêver de partir vers d’autres horizons. Il y a de la poésie dans cet album, il y a de l’amour et il y a aussi de la haine. Ce serait trop simple si l’histoire s’arrêtait là, nous avons donc comme dans toute bonne tragédie, de la tragédie. Avec des morts, des batailles rangées, des traitrises et des trahisons, de l’amour et de l’adultère. On ne peut pas dire que le rythme soit haletant, mais le rythme est là, lancinant comme un air de Tango. J’ai aimé ce faux rythme qui nous emmène dans une belle histoire au contexte original. Et j’en viens enfin à ce dessin lui aussi d’une originalité collant parfaitement à l’ambiance du scénario. En ouvrant l’album, j’ai failli le reposer cash. Le dessin est unique. Le trait sort des chemins battus et il m’a fallu un bon coup de volonté pour sauter le pas et rentrer dans cet album. Finalement, le mariage du dessin et du scénario est si bon que je me demande si autre chose pouvait être créer pour cette histoire. Le trait est tout en rondeur, étiré, exagéré, déformé. Je suis nul en peinture, mais je suis sûr que l’auteur s’est inspiré de peintres célèbres. Ou en tout cas, son trait est tellement artistique que cela me semble évident. Je ne sais pas d’où sort Philibert, mais c’est un artiste, un vrai. Les corps s’adaptent au message transmis, les corps se tordent au son du Tango, le mariage entre le dessin et la musique transpire de chaque case. Personnellement, j’ai vraiment aimé, mais je comprendrai parfaitement que d’autres ne s’y fasse pas. Je pourrais juste reprocher que malgré tout, les personnages ne sont parfois pas assez différenciés et que surtout sur la fin de l’album j’ai du revenir légèrement en arrière, comparer certaines cases afin de m’assurer des personnages en présence. Enfin, la fin est elle aussi originale et belle. Un album qui se tient donc de bout en bout. Noir tango c’est un album scénarisé, pensé, dessiné autour du tango. Son esprit, sa sensualité, son opposition hante chaque page de cet album. C’est un album au concept complètement personnel et qui s’assume. Brillant.
J'attendais de ce titre une véritable histoire de tango. Or, il s'agit plus d'un règlement de compte dans une famille argentine des années 40. Bref, beaucoup de bastons et d'infidélité et peu de grâce à travers cette danse. Le tango est pourtant une danse empreinte d'une passion des sens. Je regrette le peu de place qui lui est finalement accordé malgré le titre. J'ai compris par la suite que l'auteur décrivait une société scindée en deux entre les riches propriétaires terriens et les miséreux et que le tango était l'une des choses permettant de gommer toutes ces différences sociales. Par ailleurs, l'amour n'a pas de frontière quand on est un génie de la danse ... Il faut dire également que le trait du dessin si particulier m'avait plutôt rebuté au départ. On arrive à s'y faire et peut-être même à apprécier ce côté charnel des mouvements. La narration est plutôt fluide. Même si on ne s'attache pas aux personnages, on se laisse guider au pas de danse. La fin m'est apparue en totale décalage avec le ton résolument pessimiste. Mais bon, cela surprend un peu.
Une BD sur l'Argentine des années 40 centrée sur le tango, agrémentée d'une couverture qui tape à l'oeil, voilà juste ce qu'il faut pour titiller ma curiosité... Et quand on ouvre, la première chose qui surprend, c'est la singularité du graphisme. Philibert fait en effet preuve d'un coup de patte qui lui est vraiment propre. On est presque dans la peinture ; chaque case étant une petite toile en soi... Côté influence, on reste d'ailleurs pour moi sur le continent sud-américain : ça m'a fait penser à l'artiste colombien Fernando Botero (oui, celui qui fait des personnages très forts et assez disgracieux) ; Philibert prend en effet énormément de plaisir à déformer ses personnages pour accentuer les émotions qu'il veut faire passer, et dans le tango, forcément, on est servi ! Ajoutez à cela une palette de couleurs pastelles où viennent s'ajouter quelques pointes de couleurs vives, et le décor est planté. Si j'ai beaucoup apprécié cette originalité graphique, j'ai quand même été gêné par la trop grande ressemblance de certains personnages ; on en parfois réduit, comme tout néophyte de football, à se fier à la couleur du maillot pour suivre le fil du récit... Dommage. Vient ensuite la trame, qui elle aussi sort des sentiers battus : l'Argentine des années 40 était en effet pour moi quelque chose de bien mystérieux... et le reste toujours. Car "Noir Tango" se cantonne à tisser les intrigues très shakespeariennes autour d'un gendre qui déplait au reste de la famille de l'élue. Si certains personnages sont biens sentis, l'intrigue et le suspens sont vite percés à jour... Au final, un bel objet qui mérite un le détour mais qui demanderait un peu plus de travail côté scenarii.
En préambule, il me faut avouer que la raison majeure pour laquelle j'ai acheté cette BD est dû à la présence du dessinateur, ou plutôt peintre, Philibert, à une séance de dédicace dans ma librairie habituelle. Le curieux chaland que je suis fonce donc sur son site favori pour voir si ça vaut le coup, et effectivement ça a l'air sympathique. Je me lance, je discute un peu avec Philibert (très sympathique au demeurant) dont c'est la première réalisation dans le Neuvième Art, puis je repars avec le bouquin sous le bras (enfin dans le sac). Mais j'arrête de raconter ma vie complètement insipide car je pense que l'histoire de ce one-shot vous intéresse certainement plus. La première fois qu'on feuillette cet album, on est étonné par le style graphique qui s'en dégage. On se demande si ça ne va pas être un frein à la lecture, comment réagir face aux personnages à la vue de leurs proportions plus qu'étranges, comment ces peintures, qui nous rebutaient tant quand on était petit, vont arriver à nous transporter dans cet univers musical, et si finalement on ne va pas chercher quelque chose de plus normal. Craintes légitimes qui se dissipent dès la deuxième page tant l'ouverture sur ce port est exquise. Certes les dimensions des bras en déconcerteront plus d'un mais cela ne fait qu'ajouter au charme. A propos du scénario, il est certes classique dans le fond mais dénote par la forme. La romance impossible entre un homme du peuple et une propriétaire est un poncif qu'on croyait usé jusqu'à la corde, mais le duo Monnin-Philibert arrive à lui donner un second souffle avec cette histoire. Car l'histoire d'amour, la vraie, se passe sur les pistes de danse, où seul le tango compte et où n'importe quel 'Hombre' peut tenir dans ses bras la plus belle des filles, sous réserve de talent et de savoir-vivre. Bref, ce duo d'auteurs nous entraine dans un monde à part, un monde où seul l'amour du tango compte. L'histoire pourrait presque sembler idyllique si la famille d'Isabella, l'amoureuse malheureuse, n'avait dans la tête de se débarrasser de son mari Miguel, un homme du peuple assez castagneur et pilier de bar à ses heures perdues. Malgré tout, le tableau n'est pas parfait. Je dois dire que Noir Tango m'a déçu sur quelques points. En effet, je trouve que les personnages auraient pu être un peu développés sur le plan psychologique. D'autre part, même si l'histoire est dans l'ensemble bien exploitée, l'identité du professionnel se laisse aisément deviner et la ficelle est très visible. On pourrait dire beaucoup de choses sur Noir Tango. Je n'en dirai qu'une en conclusion: pour en profiter au maximum, lisez cette BD en écoutant un bon disque de Tango.
Que de qualités dans cette œuvre... Commençons par l'aspect de l'objet, il s'agit d'un livre sensiblement différent des piles d'albums lambda qui font crouler les étals de librairie, à peine plus grand que le format habituellement usité, doté d'un dos joliment arrondi, paré d'une illustration respirant la sensualité. Noir Tango attire l'œil, titille et intrigue. C'est du travail éditorial beau et soigné, qui annonce un contenu hors normes. Et effectivement, les premières planches nous font sentir que l'on est plongé dans une histoire peu ordinaire. Très classique dans le fond, originale de par son traitement. C’est un drame familial, une histoire d'amour impossible, représentée par un visuel marquant, racontée sur un ton chaloupé comme le tango. C'est surprenant, à tel point qu'il faut en lire quelques pages en hésitant avant d'être happé puis séduit par la maestria graphique de Philibert. Car dans cet album, le visuel prime. Des cases lumineuses habitées de personnages déformés par les mouvements, de personnages souples sans angles abrupts, de personnages dansants, aimants et tellement vivants. Les couleurs sont magnifiques, c'est du grand art. Quand le texte sobre et juste donne la mesure aux dessins, que la narration s'en trouve sublimée, c'est beau comme un pas de danse, c'est l'élégance pure due au talent de deux auteurs travaillant en parfaite symbiose, c'est Noir Tango Oui le scénario est classique, déjà vu maintes fois même, il est inutile de parcourir la moitié de l'album pour en déceler les tenants et aboutissants. Ce terrain connu permet une immersion immédiate dans l'ambiance chaleureuse que diffusent doucement les pages. Le héros, Miguel, a une belle gueule, un peu trop belle peut-être et sûrement trop grande. Homme du peuple, il s'oppose aux dictats imposés par sa belle famille, les puissants Sendoval. Isabel aime Miguel, mais ils ne peuvent s'épanouir que sur une piste de danse, endroit ou ils ne font qu'un, lieu où les barrières sociales n'existent plus... tout le reste les sépare. Isabel est une terrienne qui souffre en silence, Miguel rêve de voyages et tente d'oublier son destin en passant son temps au lit de Maria quand il ne se bagarre pas. Comme une danse, comme une transe, ce récit ne cesse de gagner en intensité au fil des pages. Noir Tango est une œuvre dramatique mais non dénuée d'espoir, à l'image de la fin de l'histoire, la dernière planche est magnifique. Un cahier de croquis est là, en toute fin d'album, pour prolonger un peu le plaisir. Cette œuvre est forte, cette œuvre est différente, cette œuvre est à lire, il ne reste qu'à oser le faire... JJJ
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