Sky Hawk (Ten no Taka)
Avec Sky Hawk, Jirô Taniguchi nous livre un western fascinant où bushidô japonais et code d’honneur indien se retrouvent autour des mêmes valeurs. Les décors du far-west américain et le style épuré de l’auteur servent à merveille l’histoire d’une amitié improbable.
1872 - 1899 : de la IIIe république à la fin du XIXe siècle Futabasha Indiens d'amérique du nord Sakka, l'autre manga Seinen Sioux et Cheyennes Sitting Bull Taniguchi [USA] - Middle West
Hikosaburô et Manzô, deux samouraïs exilés aux Etats-Unis depuis la restauration de Meij (1868), vivent de leur chasse sur le territoire des Indiens Crow. Un jour, Hikosaburô porte secours à une Indienne, Running Deer, poursuivie par des chasseurs de prime. Ils sont sauvés in extremis par un groupe de guerriers Oglala conduits par Crazy Horse. Le chef indien, fasciné par la technique de combat des deux samouraïs, les invite à rejoindre son campement pour enseigner le ju-jitsu à ses hommes. Une profonde amitié va alors naître entre eux. Devenus Sky Hawk et Winds Wolf, les deux samouraïs vont lutter aux côtés des Indiens contre les hommes blancs venus à la conquête de l’Ouest. La bataille pour sauver leur terre sacrée des Black Hills s’annonce terrible, mais ces valeureux guerriers sont bien décidés à lutter jusqu’au bout.
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Date de parution | 14 Octobre 2009 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Ayant A-DO-RE plus que tout l'adaptation cinématographique du Sommet des Dieux sortie l'année dernière (que je recommande à tous !), je me suis donc orienté vers le support original, que j'ai commencé à lire avec beaucoup d'intérêt, et qui se révèle au niveau. En attendant de lire la saga au complet, je me suis tourné vers ce one-shot, plus court et donc moins coûteux, afin d'en découvrir plus de Taniguchi, et aussi parce que le concept de western en manga m'intriguait et m'intéressait. Même si le coup de cœur n'est pas venu comme pour Le Sommet des dieux, je suis amplement satisfait de cette lecture. Ce qui frappe, tout d'abord, c'est la qualité du dessin de Taniguchi. Sa patte graphique est absolument unique, et en font à mon avis le meilleur dessinateur de manga que je connaisse, en tous cas mon préféré. Il est même susceptible de séduire ceux qui rejettent le manga pour son dessin (test effectué sur d'authentiques détracteurs du genre !), je suis sûr que même Agecanonix craquerait ! Taniguchi avait montré sa maîtrise totale du dessin de montagne, mais ici, il montre que son aisance s'étend à tous les types de paysage. Et on en vient à regretter que le format manga soit aussi petit, tant on aimerait pouvoir se plonger dans chaque case pour aller courir aux côtés des personnages dans les plaines de l'Ouest. L'auteur/dessinateur sait parfaitement rendre les beautés de la nature et leur rendre hommage, c'est un pur plaisir visuel. Sur le plan narratif, c'est un peu moins intéressant. Le choc des cultures n'est pas sans intérêt, mais finalement, il ne sert pas tant que ça l'histoire. Nos deux Japonais sont rapidement intégrés et assimilés à des indiens, et même s'ils apprennent quelques techniques de combat aux autochtones, l'auteur ne peut pas leur donner une trop grande importance, car il ne peut pas changer le cours de l'Histoire. Cette histoire est franchement intéressante et mérite d'être mise en lumière (la dépossession territoriale des indiens par le gouvernement américain), mais comme dans tout récit historique, il est difficile de s'écarter des sentiers battus. Ainsi, la narration est alourdie par de grosses ellipses temporelles, et par une légère impression de va-et-vient qui se dégage du récit : les Blancs attaquent les indiens, les indiens attaquent les Blancs en représailles, mais les Blancs se vengent en les attaquant, etc. Au bout d'un moment, ça devient un peu répétitif. Je sais bien que Taniguchi ne peut pas faire grand-chose de plus, puisqu'il est un peu prisonnier de l'Histoire, justement, mais c'est un peu dommage. Peut-être aurait-il pu accentuer davantage le point de vue américain de cette histoire. Evidemment, ce n'est pas son but ici, mais il illustre dans quelques trop courtes scènes le dilemme de certains américains (dont le président Grant) qui voient bien que ce qu'ils font est injuste, mais soit par lâcheté, soit par incapacité, ne reculent pas devant l'exploitation des terres indiennes. Je trouve que ça aurait été un élément narratif intéressant de se concentrer un peu plus sur ces Blancs qui refusent le rapt des terres indiennes, ou ceux qui n'osent pas s'y opposer publiquement. Quoiqu'il en soit, malgré son aspect assez conventionnel, Sky Hawk reste un flamboyant manga semi-historique, et dépeint avec brio toute une époque, même si j'aurais pour ma part aimé que ce soit un peu plus développé. Il témoigne toutefois d'un excellent sens épique, et d'une bonne maîtrise de cette description des destins individuels face au poids de l'Histoire. De quoi largement emporter l'adhésion !
Pour me définir je peux dire que je ne suis pas un fan de mangas, d'ailleurs on peut s'en apercevoir si l'on s'intéresse à l'ensemble de mes avis. Je suis à peu près sûr que c'est le premier manga que je note sur ce site. C'est l'histoire, originale à mon avis, qui m'a incité à faire le premier pas dans ce genre que je n'affectionne pas plus que cela (c'est souvent dû au dessin). Le fait que le récit se déroule dans l'Ouest américain du XIXème siècle y est aussi pour beaucoup. Effectivement il n'est pas courant de voir des samouraïs dans ce pays et à cette époque si ce n'est dans le très bon film Soleil Rouge (mais cela a déjà été signalé par un autre posteur). Le fait de rapprocher des personnages fictifs et des personnages historiques est un style que j'affectionne beaucoup, car je trouve que cela donne un peu de piment au récit, qui parfois comme c'est le cas ici, peut traîner en longueur. Nos héros sont même des protagonistes de la célèbre bataille de Little Big Horn et j'ai trouvé cela aussi attirant que le fait d'y faire participer "Grand Petit Homme", le personnage incarné par Dustin Hoffman dans le superbe film qu'est Little Big Man. Le dessin est très agréable et c'est aussi un des facteurs qui m'a incité à lire ce sympathique manga dont je conseille la lecture. J'ai donc apprécié ce one shot même si je n'en garderai pas un souvenir impérissable, mais par contre je vais essayer de lire d'autres mangas, promis.
C'est la première fois que je lis une oeuvre de Jirô Taniguchi, et c'est un western (un de mes genres préférés). J'ai été attiré par la couverture à ma bibliothèque municipale. Des samouraïs chez les Indiens ? J'ai voulu en savoir un peu plus (la seule image qui me venait à l'esprit était le film "Soleil rouge", où le samouraï joué par Mifune cotoyait les cowboys Delon et Bronson - et l'improbable et peu farouche Ursula Andress), et j'ai plutôt bien fait. La trame de fond ? Les années 1870, la fin de la liberté pour les grandes tribus des plaines (Lakotas, Cheyennes, Arapahoes...). C'est plutôt bien rendu, avec la présence de plusieurs chefs Sioux ou Cheyennes, les deux héros japonais devenant amis du Sioux Crazy horse. Les décors sont plutôt bien dessinés, mais le visage de Crazy Horse, avec ses faux airs de Loup Noir, ne "fait" pas trop indien (remarque valable pour beaucoup des Indiens dans cet album, qu'ils soient Sioux ou Crows)... Les deux Japonais, personnages centraux de l'intrigue, et "pièces rapportées" du scénario dans la trame réellement historique, me semblent traverser l'histoire sans y apporter une grande consistance. Rapidement, leurs aspirations, leurs personnalités sont effacées au profit d'un accompagnement du destin de leurs nouveaux frères d'armes indiens. Running Deer, qui les a introduits dans cette nouvelle fratrie est un personnage qui aurait pu avoir un traitement moins transparent, en particulier pour mieux différencier Hikosaburô (son "amoureux") et Manzô. Enfin, il est amusant que Taniguchi, qui a essayé d'ancrer son récit et ses samouraïs dans l'histoire réelle ne l'ait pas fait à la fin. Sitting Bull (qui n'apparaît que furtivement vers la fin de l'album) est le seul grand "chef" (même si ce terme est inapproprié) à avoir fui les réserves vers le Canada, il aurait donc du accompagner nos deux héros... Au final, malgré les remarques précédentes, j'ai plutôt passé un bon moment avec ce western venu du far east (les massacres - connus- qui s'enchaînent dans la deuxième partie captivent le lecteur, même si à part pour les deux héros on sait ce qui va advenir). Et j'ai aussi découvert un auteur intéressant...
On ne présente plus Taniguchi. Sa biographie est déjà assez fournie avec quelques beaux chefs d’œuvre. L’originalité de cette bd tient au fait que l’auteur s’essaye au genre du western en revisitant l’histoire de la conquête de l’Ouest. Cette fameuse conquête est passée malheureusement par le massacre des tribus indiennes. Les dernières résistent farouchement autour du lieu sacré des montagnes de la région des Black Hill. L’auteur s’inspire directement des films Little Big Man ainsi que Danse avec les loups. Maintenant, j’ai plusieurs reproches à faire à cet one shot malgré d’indéniables qualités graphiques et narratives. Les deux héros, anciens samouraïs, sont totalement interchangeables et hermétiques. On ne saurait les distinguer. Ils traversent littéralement cette histoire sans laisser véritablement leur marque. On se demande d’ailleurs pourquoi l’auteur a choisi son titre en fonction du nom indien de l’un et pas de l’autre. Il n’y a pas de véritable émotion qui passe à travers leurs personnages beaucoup trop héroïques et lisses pour être véridiques. Je n’ai pas aimé cette façon de se rattacher à la grande Histoire pour présenter d’obscurs samouraïs japonais comme les tombeurs du fameux général Custer. Ce n’est pas rendre hommage aux indiens. En gros, on nous explique que c’est grâce à des samouraïs japonais de l’ère d'Edo que les derniers résistants indiens ont été aussi coriaces. La pilule est beaucoup trop grosse à avaler. Pour le reste, ce fut une lecture agréable avec de magnifiques paysages de l’Ouest à contempler. Il manque une véritable saveur qui aurait fait la différence. La lecture par exemple de Martha Jane Cannary a été beaucoup plus instructive. Visiblement, l’auteur semble avoir pris goût au genre puisqu’il indique en postface qu’il aimerait bien refaire un western. Espérons qu’il soit beaucoup plus inspiré ou du moins original.
J'étais curieux de voir Taniguchi dans cet exercice particulier qu'est le western classique. J'avais bien aimé "Seton" mais celui-ci m'avait laissé un chouïa frustré. Ici le Maître nous raconte un récit plus classique donc, à l'époque où les natifs américains sont en train, peu à peu, d'être chassés de leurs terres par l'avancée de l'homme blanc, avec les colonies minières et le cheval de fer. Pas de surprise, bien sûr le récit se place du côté des Indiens, peuple qui a été complètement submergé il y a 150 ans... La surprise vient plutôt du côté des origines du héros, surnommé Sky Hawk, et de son ami Winds Wolf ; bien sûr ces surnoms ont été donnés par les Sioux qui les ont adoptés, car ce sont des Japonais, d'anciens samourais émigrés après la guerre civile au Japon. L'intérêt réside donc dans le choc des cultures, le regard que peuvent avoir les Nippons sur l'Amérique en marche. Taniguchi rend tout cela bien vivant, bien expliqué au travers des dialogues des deux hommes entre eux et avec ceux qui les entourent. Certes, Derib reste une référence incontournable dans le genre, son oeuvre permet une immersion bien plus grande dans la/les société(s) indienne(s), mais le plus européen des mangakas s'en sort avec les honneurs, avec cette histoire vraiment comme je les aime. Et puis son dessin est toujours aussi maîtrisé. Un album très intéressant.
Chaque lecture d'un manga de Taniguchi est un grand moment de plaisir pour moi, même si j'ai bien eu ça ou là quelques (mineures) déceptions. Ayant jusque là grandement apprécié tous les opus de Seton, Sky Hawk (se déroulant à une époque proche) ne pouvait que me tenter. Ce western met en scène deux japonais se retrouvant embarqués dans le conflit américano-indien de la dernière partie du XIXème siècle. Sur fond historique, l'auteur incorpore deux personnages fictifs jouant bien évidemment un rôle important dans le déroulement des évènements. C'est comme toujours très bien raconté, le travail de recherche semble conséquent pour une "simple" BD, et c'est évidemment superbement dessiné. Ce manga est plus axé sur l'action que bon nombre des œuvres de l'auteur (perso, j'adore - je trouve que Taniguchi est au moins aussi bon dans les mangas d'action que dans ceux intimistes -, mais les amateurs de ses titres contemplatifs y trouveront peut-être à redire). En bref, un one-shot de qualité de plus à mettre à l'actif du talentueux conteur japonais.
Jusqu'à présent je n'avais lu que des œuvres de Taniguchi qui se passaient au Japon et à l'époque "moderne", après Quartier lointain, L'Homme qui marche, Un ciel radieux et Terre de rêves, je n'étais pas spécialement motivée pour continuer avec ses autres mangas, ou alors à l'occasion. Cependant, en voyant "Sky Hawk" en librairie, avec ces deux samouraïs à cheval portant à la fois leur sabre dans le dos et la tenue indienne, je n'ai pas pu résister à la fièvre acheteuse. Je ne suis pas du tout amatrice du genre Western gros bras – gros flingues mais ici, comme chez Derib, on vit une aventure du côté des indiens et pas du côté des envahisseurs blancs et ça change tout car la philosophie n'est pas du tout la même. La rencontre du bushido et de la sagesse indienne est une belle rencontre mais elle ne changera pas l'issue catastrophique de la conquête de l'ouest pour le peuple indien (on ne refait pas l'histoire malheureusement). Légère déception au final, je trouve que Taniguchi n'a pas le talent de Derib pour faire passer les émotions fortes : je n'ai pas été autant marquée et transportée que dans Celui qui est né deux fois par exemple. La faute, je pense, au côté trop "pédagogique" du contexte. Taniguchi veut nous montrer que son histoire s'ancre dans une réalité à coup de dates, de faits historiques et de personnages ayant réellement existé, du coup j'ai eu plus de mal à m'impliquer et à "vivre" cette histoire. On sent qu'il s'est documenté, mais il ne s'est pas immergé complètement, et du coup, moi non plus. Je trouve également un peu dommage que les japonais n'aient pas plus des têtes de japonais et les indiens des têtes d'indiens. Malgré tout ce "Sky Hawk" est une belle fresque historique, basée sur des faits réels (présence de Georges Armstrong Custer, évocation de la bataille de Washita contre les indiens Cheyenne, Sitting Bull en guest star, Crazy Horse en personnage secondaire aux côtés des deux japonais exilés, bataille de Little Big Horn, etc.) mais qui peine un peu à susciter un vrai enthousiasme. Les derniers chapitres se dévorent pourtant à vitesse grand V, avec le secret espoir de voir l'histoire prendre une autre tournure… A lire, au moins.
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