Blast

Note: 3.89/5
(3.89/5 pour 37 avis)

2010 : Prix Canal BD 2011 : Grand prix RTL de la bande dessinée (tome 2). Un homme seul, obèse et sale, est amené au commissariat. Ce qu'il a fait, pourquoi il est là, nous n'en saurons encore rien.


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Au cours de l'interrogatoire, confession impudique, il va livrer sa vie et expliquer au lecteur passionné comment il a, un jour, lâché prise, et est parti sur les routes à la recherche du Blast - cet instant magique où tout s'illumine et sa vie devient parfaite. Après Le Combat Ordinaire, le nouveau chef-d'oeuvre de Manu Larcenet est un pavé de 200 pages en noir et blanc d'une époustouflante beauté formelle.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 06 Novembre 2009
Statut histoire Série terminée 4 tomes parus

Couverture de la série Blast © Dargaud 2009
Les notes
Note: 3.89/5
(3.89/5 pour 37 avis)
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08/11/2009 | Miranda
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Par Emka
Note: 4/5
L'avatar du posteur Emka

Je mets un 4 car il est objectivement impossible de mettre en dessous. Et je comprends très bien qu'on puisse considérer cette oeuvre comme culte. 7 ans, cela faisait 7 ans qu'il trônait dans ma bibliothèque car c'était un cadeau et un beau cadeau. Mais un cadeau que j'appréhendais de lire car je sentais que je n'allais pas y prendre beaucoup de plaisir. Et ça a malheureusement été le cas. C’est une œuvre qui frappe par sa densité, autant par le récit que par l’atmosphère qui s’en dégage. Polza Mancini n’est pas qu’un personnage, c’est un concept, une masse de souffrance et de lucidité qui cherche un absolu insaisissable. Avec lui, on se perd dans une quête mystique où le “blast” devient à la fois une échappatoire et une confrontation brutale avec l’essence de l’existence. Larcenet explore ici la puissance brute de la bande dessinée, un médium capable de condenser en une page un moment de vie, une pensée ou une émotion, qui s’imprime directement dans l’esprit du lecteur. Le trait en noir et blanc, tantôt épuré, tantôt oppressant, semble sculpter la psychologie du personnage autant qu’il illustre l’histoire. On ressent presque physiquement le poids des lavis, des noirs denses, des silences. La narration est lente, immersive, et pour moi souvent frustrante. Je comprends que c’est précisément cette lenteur qui permet de creuser les méandres de l’esprit de Mancini mais c'est ce qui a aussi un peu transformé ma lecture en chemin de croix si je suis honnête. . L’errance de Polza, c’est aussi celle d’un homme en rupture avec tout : les normes, la société, et même lui-même. Il y a dans cette série une rage sous-jacente, une volonté de fuir le monde rationnel pour un absolu qui se dérobe à chaque “blast”. Mais c’est aussi une histoire d’échec, celui de ne jamais pouvoir se libérer de sa propre existence, de sa propre souffrance. Les interactions entre Polza et les policiers qui l’interrogent ajoutent un niveau supplémentaire : on ne sait jamais vraiment qui manipule qui, ni où se situe la vérité. Ce récit est une démonstration de la transformation de Larcenet en auteur majeur, dépassant son héritage humoristique pour entrer dans une maturité artistique pleine de paradoxes. Pourtant, cette longueur m'a laissé une impression d’étirement, ça a été mon cas. Si chaque page est un plaisir visuel et narratif, on peut se demander si l’intrigue elle-même justifie 800 pages.

18/11/2024 (modifier)
L'avatar du posteur monsieur quentin

Je ne m'attendais à rien en lisant cette BD, j'ai mangé les 4 tomes en 1 seule nuit et je n'ai pas touché à un autre livre avant une quatrième relecture. J'ai été dans la tête de Polza du début à la fin, j'ai été porté par sa vie tout du long de ces 4 lectures, et au final je pense qu'on a tous un Polza en nous qui attend qu'on l'aide pour ne pas sombrer dans l'entre tombe de Blast. C'est à lire, relire et rererelire.

06/07/2024 (modifier)
Par Jashugan
Note: 5/5
L'avatar du posteur Jashugan

Ce qui est incroyable avec l'art, c'est quand bien même je n'ai rien en commun ni avec l'expérience de l'auteur, ni ses valeurs et probablement son sens moral, on ne peut s'empêcher devant une telle oeuvre d'être saisie par l'insaisissable quand l'auteur y a posé ses tripes et son âme comme cataliseur catharsistique. Mr Larcenet m'a vraiment soufflé en peignant ce récit, et il a réussi à nous partager en fond l'expression de son esprit endommagé par des affres psychiatrique, se traduisant par un récit d'une intensité dramatique effroyable et un univers graphique à l'encre de chine bouleversant. En disant ça on peut s'attendre à ce que le récit soit pénible à suivre, qu'on va souffrir avec les protagonistes et l'auteur, mais non j'ai ressenti presque de la légèreté dans le ton adopté, car le personnage principal n'a pas bien conscience dans quelle folie il évolue. On suit ce marginal malade, qui n'a pas bien conscience de ses actes (en ce sens cela me rappelle le personnage principal de Silent Hill 2 autre chef d'oeuvre sur le thème de la non expiation des horreurs commises, et que cette non acceptation a créé une inconscience post traumatique ici symbolisée par le "Blast"), et finalement on emboite le pas de sa déposition d'un personnage quelque peu simplet, voire enfantin, comme on se promenerait dans une forêt avec son labrador. Avant de comprendre de quel mal est atteint cette grosse carcasse, on lui porte une empathie réelle. C'est aussi ce qui va rendre ce récit presque effrayant, exarcerbé par les hallucinations subies par cet étrange personnage dans une explosion graphique. Il va nous intriguer, nous dégouter et au final nous toucher. Avait-il finalement conscience de ses actes, était il coupable moralement, voilà tout le rôle de la psyché et de son mécanisme difficilement traduisible qui pourra altérer notre vision de ce qu'on jugera du domaine du barbarisme ou du domaine de la névrose incontrôlée. Nous avons encore tant de choses à apprendre sur la psyché humaine. C'est aussi pourquoi les tueurs en série nous subjuguent, car il nous font apprendre beaucoup sur les formes que le conscient et l'inconscient peuvent prendre. Je ne pense pas avoir connu une oeuvre graphique aussi profonde. C'est un chef d'oeuvre, de l'art en barre.

29/10/2023 (modifier)
Par Ubrald
Note: 4/5
L'avatar du posteur Ubrald

Après lecture des quatre tomes. Glauque, sordide mais réalisé avec talent. Une bd qui a des allures de chef d’œuvre et très bien écrite. Heureusement qu’il y a des moments de liberté, de poésie et de philosophie notamment durant les pérégrinations de Mancini dans la nature, ça rééquilibre un peu une histoire très sombre. Vraiment très content de l’avoir lue mais je ne la conserverai pas, c’est quand même trop glauque pour moi.

29/03/2021 (modifier)
L'avatar du posteur ThePatrick

Blast. Que dire qui n'ait été dit ?! En 4 énormes volumes, Blast nous fait vivre une partie de la vie d'un homme. De ses angoisses. De ses questions existentielles. De la réponse peu conventionnelle qu'il leur apporte. En 4 énormes volumes, Blast nous fait retracer le parcours de cet homme. De cet homme pour lequel on ne peut guère éprouver de sympathie. De cet homme dont on peut difficilement se sentir proche. De cet homme plus que mal dans sa peau. De cet homme alcoolique. De cet homme drogué. De cet homme fou. En 4 énormes volumes, Blast nous fait vivre ces choses, nous plonge au coeur de cette folie. En 4 énormes volumes, Blast nous confronte à des conduites extrêmes, nous met face à notre répulsion, notre dégoût, et nous pose des questions dérangeantes de façon aiguë. En 4 énormes volumes, Blast pourrait presque créer de l'empathie pour cet homme, et pourrait presque nous le faire comprendre. Mais en 4 énormes volumes, Blast recèle aussi son secret. Et si le dernier tome m'a presque déçu par le retour à la réalité qu'il donne, il m'est impossible de ne pas être soufflé par l'ampleur de cette oeuvre et le talent qu'elle recèle.

24/02/2021 (modifier)
Par gruizzli
Note: 5/5
L'avatar du posteur gruizzli

Blast ... Quelle puissance que cet ouvrage. Quelle idée, quel souffle. Encore une fois, un Larcenet qui surprend. Blast, c'est une histoire qui doit se lire dans son intégralité, et en une fois si possible. C'est une histoire noire et violente, mais qui marque par ses révélations successives. Le cliché du type interrogé au commissariat par deux flics est vite mis à mal par le talent de Larcenet. Loin des clichés du roman noir ou du polar, il nous entraîne dans une plongée psychologique tout en profondeur. C'est la découverte de ce personnage atypique, énorme et inquiétant. Une traversée de la folie de cet homme, de la nature magnifique et de l'humanité qui ne l'est pas. Blast renferme à nouveau les nombreux thèmes récurrents de Larcenet : mort du père, rapport à la nature, humanité et marginalité. C'est pourtant une nouvelle fois une lecture complètement différente qui est proposée. Ici, Larcenet joue sur l’ambiguïté de son héros. Malsain et dérangeant, j'ai pourtant eu envie de découvrir jusqu'au bout ce qui lui était arrivé. Ce roman graphique enchante par sa façon de dévoiler une personnalité atypique par petites touches. Il est dérangeant de se confronter au monde de Polza. Mais en même temps, il est aussi humain que chacun d'entre nous. Et rien ne nous dit que nous ne soyons pas nous même aussi fou que lui. C'est une lecture que je vous recommande chaudement. Prenez-vous le temps de le lire calmement, à tête reposée. Faites-vous une lecture intense, et j'espère que vous aussi vous en ressortirez changé. Ce roman graphique laisse des traces, indéniablement.

16/09/2018 (modifier)
Par Erik
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Erik

J'ai bien aimé ce dernier Larcenet qui sait se renouveler à chaque fois. C'est en effet un peu différent de ce qu'il fait d'habitude. L'humour est généralement son genre de prédilection. Là, nous avons droit à une enquête policière sur un mystérieux gros personnage qui a sans doute commis l'irréparable. Les deux policiers veulent connaître les causes profondes d'un tel acte. Le suspect raconte alors l'histoire de sa vie sur un mode éminemment subjectif et c'est bien triste... La maîtrise narrative est parfaite. Les dialogues ainsi que les réflexions formulées sont du haut de gamme. Nous avons encore une oeuvre supérieure à la moyenne. Pas étonnant vu son auteur assez talentueux. Il excelle véritablement. En ce qui me concerne, il est devenu le maître incontesté de la BD en France. Le talent n'est même plus à démontrer. C'est vrai qu'il agace par son arrogance. Cependant, il n'y a qu'à juger sur pièce pour voir ce dont il est capable. Les plus grands ont souvent été critiqués. Il est clair que la laideur est ici revendiquée. Il n'y a qu'à voir la couverture. Bref, les détracteurs ne manqueront pas pour descendre en flèche cette œuvre et qui nous expliqueront qu'ils se sont ennuyés. Mais comment peut-on s'ennuyer devant cela alors qu'on peut s'extasier devant des productions insipides ? Oui, il faut avoir un certain niveau pour juger et tout le monde ne l'a pas, c'est ainsi. Mais respect également pour la médiocrité qui fait également partie de ce monde et qu'il faut bien accepter. Ne vous laissez pas abuser car nous avons là l'ébauche d'un chef-d'œuvre. J'ai été touché par cette œuvre qui parle de différence et de solitude, du mécanisme implacable qui explique le passage à l'acte. Il y a de la profondeur qui fait défaut à tant d'autres réalisations. Plus qu'une explosion, Blast est un véritable cri qui vient de l'intérieur ! A noter l'existence d'une intégrale qui est parfaite sur la forme malgré ses 800 pages. On a l'impression de lire un très gros roman. Inutile de préciser que j'ai acquis cet objet magnifique. J'en ai profité pour relire cette œuvre. Au sortir de cette lecture, il n'y a pas photo: c'est véritablement culte. Je rehausse par conséquent ma note. Note dessin : 4.5/5 – Note Scénario : 4.5/5 – Note Globale : 4.5/5

13/11/2009 (MAJ le 31/10/2017) (modifier)
Par Sagera
Note: 4/5

Blast est une oeuvre terriblement sombre et foisonnante. Elle plonge littéralement dans la psyché d'un homme dont on se demande, tout au long des quatre tomes, de quel bois il est fait. Personnellement, j'ai oscillé sans cesse entre un sentiment de compassion entre ce personnage singulier et une forme de répulsion, provoquée par la noirceur d'un parcours qui renvoie à toute la misère humaine. Avec cette BD, Larcenet frappe fort, quoi qu'il en soit. Prolongeant le regard social et l'analyse de la condition humaine déjà présents dans ses histoires passées, il franchit avec Blast un palier supérieur. Je dirai même qu'il est passé du statut simple d'auteurs de bd, à celui de véritable romancier, même s'il reste bien ancré dans l'univers de la bande dessinée. On sent en effet, qu'il est animé du souci de fouiller dans la psychologie et l'âme de ses personnages. On sent qu'il cherche à donner à ces derniers une épaisseur et une densité qui n'est pas aussi courante que ça dans le neuvième art. Pour autant, Larcenet n'oublie pas les arguments graphiques. Son graphisme est irréprochable. En parfaite adéquation avec son propos, il participe à donner chair aux tourments de son personnage principal. D'une noirceur impressionnante, il semble amplifier le malaise et le mal être qui collent à la peau de cet homme à la dérive. En refermant Blast, en bouclant le dernier tome, l'histoire m'a poursuivi les jours suivants. Des "scènes" me revenaient en mémoire et continuaient à me questionner à propos du parcours et de la dérive de ce personnage à la fois monstrueux et terriblement humain. Le signe que cette BD, est une véritable oeuvre car elle continue à vivre, bien après le mot fin.

09/09/2016 (modifier)
Par JAMES RED
Note: 4/5
L'avatar du posteur JAMES RED

Blast est une vaste fresque de 800 pages signée Larcenet, où celui-ci se penche sur le destin de Polza Mancini au physique pour le moins singulier. Polza est gardé à vue suspecté d'avoir tué une jeune femme. Ce Polza est un homme qui ne s'aimait pas et pour qui la vie a été une lutte sans fin. A travers de nombreux flash-back (raconté par Polza), on cherche à comprendre comment a pu se produire ce drame. Polza raconte une histoire, son histoire et l'on a bien dû mal à démêler le vrai du faux, tant les fausses pistes se succèdent. Et l'on en vient à se demander si peut-être la vérité n'est pas ailleurs et si elle ne se niche pas dans cet instant où Polza rentre dans une sorte de transe dans ce qu'il appelle le blast et où il voit les statues de l'île de Pâques… Polza, c'est l'histoire d'un être défait, inadapté, qui fuit sans cesse, mais montre une indéniable force de survie. Au cours de ses dérives Polza croisera toute la lie de l'humanité, à commencer par son père agresseur sexuel… Parfois, Polza se montre humain, plus souvent violent ; il est lui-même victime des autres dans des scènes parfois d'une extrême violence ; croisant plus dégueulasse que lui. On sent que Larcenet a mis beaucoup de lui dans cette œuvre, y compris, ces propres névroses ; finalement je crois que l'on peut ressentir une certaine cohérence avec certaines de ces autres œuvres qui traitaient de manière plus humoristique de la difficulté de communiquer, ou de la solitude. Cependant, jamais Larcenet n'avait traité d'un sujet aussi sombre. Le livre est presque entièrement en noir et blanc, hormis quelques effets de couleur qui montrent le moment où Polza atteint le blast. Ce dessin accentue la noirceur de l'ensemble.

17/08/2016 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Larcenet est un auteur prolifique et protéiforme, qui produit une œuvre des plus intéressantes, et qui s’éloigne de plus en plus de l’humour plus ou moins con de ses débuts chez Fluide Glacial. Avec ce « Blast », on est assez proche de ce qu’il publie chez Les Rêveurs, au moins pour ce qui est de la noirceur – des propos comme du trait. J’ai trouvé le dessin très beau – avec des dégradés de gris superbes. Simple, noir, mais aussi lumineux. Un dessin ressemblant parfois à celui de Gipi (en particulier dans Vois comme ton ombre s'allonge). Le côté graphique est vraiment plus que chouette ! Et les dessins des enfants de Larcenet, qui apparaissent pour matérialiser le « Blast » de Polza, avec leur côté atypique et leur explosion colorée, sont bien choisis. Une bonne claque visuelle donc. Pour ce qui est de l’histoire, Larcenet prend son temps (quatre album de plus de deux cents pages !), le temps se dilate, au fur et à mesure que Polza raconte son histoire aux enquêteurs : un long flash-back occupant les quarante-huit heures de garde à vue (on n’apprend que très lentement de quoi il est accusé). Mais malgré cette enquête, ce n’est pas un album policier – et on a d’ailleurs du mal à classer cet album… Alors, même si la fin est un peu brutale, Polza Mancini garde une bonne part de son mystère, et reste, malgré la dureté, la bestialité du personnage, quelqu’un d’intrigant, de sauvage et d’attachant, plein de vie – et d’humanité, si ce terme ne paraît pas trop galvaudé. Le quatrième et dernier tome ne lève donc pas tous les voiles – même si l’on en sait un peu plus sur ces Moaï surgissant au gré des pages et des rêves de Polza. Le texte est plus « littéraire » que d’habitude chez Larcenet, essentiellement dans le récit de Polza, et il colle parfaitement au dessin et au parti pris graphique. C’est clairement une des œuvres maîtresses, les plus fortes, de Larcenet, dont je ne peux que vous recommander la lecture. Un lyrisme noir, le triste destin d’un écorché, à découvrir !

02/04/2016 (modifier)