Blast

2010 : Prix Canal BD 2011 : Grand prix RTL de la bande dessinée (tome 2). Un homme seul, obèse et sale, est amené au commissariat. Ce qu'il a fait, pourquoi il est là, nous n'en saurons encore rien.
BD à offrir Grand prix RTL de la bande dessinée L'Île de Pâques Larcenet Les Arts Appliqués de Paris Les Losers Les meilleures séries courtes Les meilleures séries terminées en 2014 Les prix lecteurs BDTheque 2009 Les SDF Prix des Libraires de Bande Dessinée
Au cours de l'interrogatoire, confession impudique, il va livrer sa vie et expliquer au lecteur passionné comment il a, un jour, lâché prise, et est parti sur les routes à la recherche du Blast - cet instant magique où tout s'illumine et sa vie devient parfaite. Après Le Combat Ordinaire, le nouveau chef-d'oeuvre de Manu Larcenet est un pavé de 200 pages en noir et blanc d'une époustouflante beauté formelle.
Scénario | |
Dessin | |
Couleurs | |
Editeur
|
|
Genre
/
Public
/
Type
|
|
Date de parution | 06 Novembre 2009 |
Statut histoire | Série terminée 4 tomes parus |
Les avis


Je mets un 4 car il est objectivement impossible de mettre en dessous. Et je comprends très bien qu'on puisse considérer cette oeuvre comme culte. 7 ans, cela faisait 7 ans qu'il trônait dans ma bibliothèque car c'était un cadeau et un beau cadeau. Mais un cadeau que j'appréhendais de lire car je sentais que je n'allais pas y prendre beaucoup de plaisir. Et ça a malheureusement été le cas. C’est une œuvre qui frappe par sa densité, autant par le récit que par l’atmosphère qui s’en dégage. Polza Mancini n’est pas qu’un personnage, c’est un concept, une masse de souffrance et de lucidité qui cherche un absolu insaisissable. Avec lui, on se perd dans une quête mystique où le “blast” devient à la fois une échappatoire et une confrontation brutale avec l’essence de l’existence. Larcenet explore ici la puissance brute de la bande dessinée, un médium capable de condenser en une page un moment de vie, une pensée ou une émotion, qui s’imprime directement dans l’esprit du lecteur. Le trait en noir et blanc, tantôt épuré, tantôt oppressant, semble sculpter la psychologie du personnage autant qu’il illustre l’histoire. On ressent presque physiquement le poids des lavis, des noirs denses, des silences. La narration est lente, immersive, et pour moi souvent frustrante. Je comprends que c’est précisément cette lenteur qui permet de creuser les méandres de l’esprit de Mancini mais c'est ce qui a aussi un peu transformé ma lecture en chemin de croix si je suis honnête. . L’errance de Polza, c’est aussi celle d’un homme en rupture avec tout : les normes, la société, et même lui-même. Il y a dans cette série une rage sous-jacente, une volonté de fuir le monde rationnel pour un absolu qui se dérobe à chaque “blast”. Mais c’est aussi une histoire d’échec, celui de ne jamais pouvoir se libérer de sa propre existence, de sa propre souffrance. Les interactions entre Polza et les policiers qui l’interrogent ajoutent un niveau supplémentaire : on ne sait jamais vraiment qui manipule qui, ni où se situe la vérité. Ce récit est une démonstration de la transformation de Larcenet en auteur majeur, dépassant son héritage humoristique pour entrer dans une maturité artistique pleine de paradoxes. Pourtant, cette longueur m'a laissé une impression d’étirement, ça a été mon cas. Si chaque page est un plaisir visuel et narratif, on peut se demander si l’intrigue elle-même justifie 800 pages.


Après lecture des quatre tomes. Glauque, sordide mais réalisé avec talent. Une bd qui a des allures de chef d’œuvre et très bien écrite. Heureusement qu’il y a des moments de liberté, de poésie et de philosophie notamment durant les pérégrinations de Mancini dans la nature, ça rééquilibre un peu une histoire très sombre. Vraiment très content de l’avoir lue mais je ne la conserverai pas, c’est quand même trop glauque pour moi.

Blast est une oeuvre terriblement sombre et foisonnante. Elle plonge littéralement dans la psyché d'un homme dont on se demande, tout au long des quatre tomes, de quel bois il est fait. Personnellement, j'ai oscillé sans cesse entre un sentiment de compassion entre ce personnage singulier et une forme de répulsion, provoquée par la noirceur d'un parcours qui renvoie à toute la misère humaine. Avec cette BD, Larcenet frappe fort, quoi qu'il en soit. Prolongeant le regard social et l'analyse de la condition humaine déjà présents dans ses histoires passées, il franchit avec Blast un palier supérieur. Je dirai même qu'il est passé du statut simple d'auteurs de bd, à celui de véritable romancier, même s'il reste bien ancré dans l'univers de la bande dessinée. On sent en effet, qu'il est animé du souci de fouiller dans la psychologie et l'âme de ses personnages. On sent qu'il cherche à donner à ces derniers une épaisseur et une densité qui n'est pas aussi courante que ça dans le neuvième art. Pour autant, Larcenet n'oublie pas les arguments graphiques. Son graphisme est irréprochable. En parfaite adéquation avec son propos, il participe à donner chair aux tourments de son personnage principal. D'une noirceur impressionnante, il semble amplifier le malaise et le mal être qui collent à la peau de cet homme à la dérive. En refermant Blast, en bouclant le dernier tome, l'histoire m'a poursuivi les jours suivants. Des "scènes" me revenaient en mémoire et continuaient à me questionner à propos du parcours et de la dérive de ce personnage à la fois monstrueux et terriblement humain. Le signe que cette BD, est une véritable oeuvre car elle continue à vivre, bien après le mot fin.


Blast est une vaste fresque de 800 pages signée Larcenet, où celui-ci se penche sur le destin de Polza Mancini au physique pour le moins singulier. Polza est gardé à vue suspecté d'avoir tué une jeune femme. Ce Polza est un homme qui ne s'aimait pas et pour qui la vie a été une lutte sans fin. A travers de nombreux flash-back (raconté par Polza), on cherche à comprendre comment a pu se produire ce drame. Polza raconte une histoire, son histoire et l'on a bien dû mal à démêler le vrai du faux, tant les fausses pistes se succèdent. Et l'on en vient à se demander si peut-être la vérité n'est pas ailleurs et si elle ne se niche pas dans cet instant où Polza rentre dans une sorte de transe dans ce qu'il appelle le blast et où il voit les statues de l'île de Pâques… Polza, c'est l'histoire d'un être défait, inadapté, qui fuit sans cesse, mais montre une indéniable force de survie. Au cours de ses dérives Polza croisera toute la lie de l'humanité, à commencer par son père agresseur sexuel… Parfois, Polza se montre humain, plus souvent violent ; il est lui-même victime des autres dans des scènes parfois d'une extrême violence ; croisant plus dégueulasse que lui. On sent que Larcenet a mis beaucoup de lui dans cette œuvre, y compris, ces propres névroses ; finalement je crois que l'on peut ressentir une certaine cohérence avec certaines de ces autres œuvres qui traitaient de manière plus humoristique de la difficulté de communiquer, ou de la solitude. Cependant, jamais Larcenet n'avait traité d'un sujet aussi sombre. Le livre est presque entièrement en noir et blanc, hormis quelques effets de couleur qui montrent le moment où Polza atteint le blast. Ce dessin accentue la noirceur de l'ensemble.


Si Larcenet est connu et reconnu pour son oeuvre dans le domaine comique, il l'est aussi dans d'autres registres comme le roman graphique dramatique (Le Combat ordinaire) ou dans d'autres travaux d'un genre un peu plus onirique et abstrait comme (Une aventure rocambolesque de..., notamment le tome 2: "La ligne de front"). Ici on a droit à un mélange de ces deux aspects, qui a pour résultat une comédie dramatique avec des passages psychédéliques. C'est plutôt bien raconté, le rythme de la narration est bien maîtrisé, et les aller-retours entre le présent, c'est-à-dire l'interrogatoire policier, et le passé, c'est-à-dire le voyage initiatique de notre héros, se font tout naturellement, sans heurts. Larcenet a su hammeçonner mon attention pour me donner envie de connaitre l'histoire de Polza, et j'espère vraiment pouvoir lire la suite. Graphiquement, on reconnait le trait de Larcenet, bien qu'il soit plus grave que d'habitude, dans le ton de cette histoire, ce qui est renforcé par la quasi-absence de couleurs. Il y a des partis pris qui peuvent sans doute gêner certains, et qui m'ont même gêné moi-même au début. Par exemple, je trouvais très bizarre que le père de Polza apparaisse sous forme d'un oiseau. Avec le recul, je vois maintenant plutôt cela comme la façon dont le héros voyait son père. Ensuite, la personne a qui j'ai emprunté les 3 tomes était relativement désappointée par les "blasts", ces moments où notre principal protagoniste entre en transe, qui sont représentés par des dessins d'enfants multicolores. Ces passages-là ne m'ont par contre pas du tout déçu. Au contraire, le contraste qu'ils apportent avec le noir et blanc, les traits durs et secs des visages, est saisissant, et cela rend très bien l'impression de voyage spirituel, comme un trip sous LSD. Au final, Larcenet marque encore un point en démontrant qu'il maîtrise le genre comique et dramatique. Cette histoire tient en haleine, et, malgré un côté volontiers malsain, je dois reconnaitre que j'ai pris plaisir à me plonger dans ces albums tous les soirs. (265)


Larcenet, on ne le présente plus. On sait qu’il est capable d’appréhender plusieurs genres très différents, qui vont des simples délires potaches à gros nez où le dessin se pare de couleurs vives à des récits introspectifs plus sombres recourant à un trait noir et épais proche de l’abstraction. Deux facettes à l’extrême opposé qui en font une personnalité aussi ambivalente qu’intéressante, une sorte de clown triste de la bédé. Ici on est évidemment plus dans la seconde approche. Le trait est parfois épuré à l’extrême, grossier ou abstrait, parfois glauque, mais cette « laideur » plus ou moins voulue colle à l’âpreté du sujet et sait se faire oublier, contrebalancée par la poésie qui imprègne le récit, avec un lavis noir et blanc donnant une touche très artistique à l’ensemble. Toujours cette fameuse ambivalence… J’ai été vraiment captivé par cette drôle d’histoire avec ce personnage hors du commun, Polza Mancini, énorme baudruche quasi difforme, en apparence primaire et innocent mais beaucoup plus complexe qu’il ne veut le laisser paraître, plongeant les deux inspecteurs de police qui l’interrogent dans des abîmes de perplexité. C’est ainsi que Polza, soupçonné d’être à l’origine d’un acte monstrueux dont on ne sait quasiment rien, va dérouler le fil de son histoire, forçant par là même le lecteur à approcher au plus près son âme noircie par une enveloppe meurtrie. Au départ rebuté par ce héros au corps monstrueux, vaguement inquiétant, dont on ne sait s’il est lucide ou fou (quoique lucidité et folie ne sont jamais si éloignées), on finit par s’y attacher. Comme lui, on finit par ressentir les souffrances qu’il a traversé, lui, cet être intrinsèquement pacifique qui ne demande rien à personne, élevé par un père à la fois protecteur et austère. On finit par comprendre sa rage face à la bêtise et la cruauté du monde, une rage intériorisée mais qu’on devine prête à se déchainer à un moment ou à un autre… Et puis il y a le fameux « blast » visiblement à l’origine de sa garde à vue, sorte d’orgasme psychique intervenant sous l’emprise de l’alcool ou d’une émotion forte, modifiant son état de conscience, un « instant en suspension » où le corps et l’esprit se dissolvent dans un absolu originel et sans limites, où surviennent ces visions obsédantes des moïas, ces fameuses statues de l’île de Pâques… Il faut vraiment avoir le cœur bien accroché pour suivre cette odyssée âpre et mystique, où le sordide est à la hauteur du mystère. Cherchant à échapper au monde prétendument rationnel et civilisé qui le croit fou et requiert son internement, Mancini ne sera pas pour autant tranquille à l’extérieur. La communion avec la nature a un prix : l’errance, le froid et la cruauté humaine pour les parias comme lui…. Ce récit en quatre tomes est à la fois lent et immersif. Les pages se contemplent plus qu’elles ne se lisent, mais le texte, d’une qualité littéraire évidente, n’en est pas moins soigné. C’est véritablement la métamorphose d’un dessinateur à laquelle on assiste avec cette série, comme si Larcenet se débarrassait peu à peu de ses oripeaux d’ado régressif pour entrer de plein pied dans l’âge mûr. Une mue qui avait commencé avec Le Combat ordinaire, où, si le dessin s’apparentait au Larcenet première époque, le propos devenait peu à peu beaucoup plus grave malgré les quelques saillies humoristiques ça et là. Un questionnement toutefois : même si la série reste captivante de bout en bout, on peut se demander si quatre tomes étaient réellement justifiés. Certes, le talent de l’auteur fait qu’on ne s’ennuie pas avec cette œuvre mi-polar mi-contemplative, très puissante et avec risques d’effets secondaires… Sans doute avait-il besoin de ce format pour poser son intrigue. Mais le scénario en lui-même ne me semble pas si complexe pour le délayer sur 800 pages. Bref, chacun pourra se faire son propre avis sur la question. Mais il ne fait aucun doute que « Blast » restera une des œuvres marquantes de cet auteur et une référence du neuvième art.


Blast Blast, premier tome… juste superbe. Manu Larcenet est un artiste, un vrai. Depuis « Ex Abrupto » j’en suis convaincu et Blast ne fait que rajouter de l’eau à mon moulin. Chaque planche est superbe. Ce petit pavé est tout en noir en blanc, excepté les fameux blast. Mais d’un noir et blanc riche de nuances. Chaque case ressemble à une esquisse, faite d’aquarelles, de jets de peintures savamment utilisés. Pour moi c’est un vrai régal pour les yeux. Niveau scénario, Larcenet tape fort là aussi. On part à la limite du thriller, où on soupçonne des choses pas très belles et les infos n’arrivent qu’au compte gouttes. Mais le rythme est habile, nous laissant à cette limite de la frustration qui fait que l’on dévore l’histoire. J’ai été tenu en haleine du début à la fin. Ce premier tome ne semble être qu’une introduction, une mise en bouche à ce qui va suivre. J’ai hâte… Après la lecture du troisième tome, force est de constater que Blast est la nouvelle œuvre majeure de Larcenet. Et force est de constater qu’il est fort ce Larcenet ! Graphiquement, Larcenet ne lâche rien sur la durée (objectivement, peut être un petit coup de mou sur le début du second tome où Polza a des traits un peu plus grossiers, mais celui qui a perdu sa femme, ne viendra pas la chercher là.). Tout est là pour appuyer la force de ce récit : les dessins d’enfants pour le Blast, ces représentations majestueuses des moaï qui envahissent les case de leurs présences, ces gros plans sur Polza qui nous livre sa version des faits (dont la teneur nous est encore bien obscure). A ce stade Larcenet gère son scénario de main de maître, avec des informations livrées avec une grande justesse, qui nous donne envie d’en savoir plus, mais de se laisser bercer par le rythme de narration de Polza. Larcenet illustre parfaitement ici que l’important n’est pas le bout du chemin, mais le voyage qui nous y mène. Il alterne habilement des scènes d’une rare force (cette image cauchemardesque faite par Polza de ce père qui tient son enfant dans les bras un couteau à la main m’a vraiment frappé par sa froideur et le côté glaçant d’une telle situation.) Il nous est livré à chaque tome une galerie de personnages marquants autour desquels va s’articuler un pan de la narration de Polza. Là encore, vivement la suite…


Après lecture des trois premiers tomes de la série, je réalise combien celle-ci est finalement parvenue à s’imposer à moi. Pourtant, le personnage central est loin d’être attachant… mais quel charisme, quelle sublime dégénérescence dans son déni de lui-même ! Voilà un personnage tellement répugnant par plus d’un aspect, tellement à côté de la plaque et à côté de ses pompes, tellement en quête d’une mort libératrice qu’il souhaite telle un orgasme (ce fameux « blast » qu’il ressent dans des situations extrêmes (abus d’alcool ou de drogues, passages à tabac, …)), tellement abject et pitoyable mais si totalement assumé qu’il en devient touchant. Au-delà de ce profil, je ne sais toujours pas ce que Larcenet veut raconter à ses lecteurs. Voit-il dans cette série une occasion de parler de la dépression, une occasion de nous ouvrir les yeux face à des existences vouées à l’autodestruction ? Je ne saurais dire… mais force est d’avouer que je lis cette série avec intérêt. Enfin, il y a cette intrigue de départ dont j’aimerais connaître le dénouement. Et puis, il y a le travail graphique. Trois styles différents, l’un gris et terne pour le quotidien, l’autre coloré et enfantin pour les « blast », le dernier à l’image des passages qu’il illustre : torturé et maladif. Cela ne laisse pas de marbre et des réactions de rejet sont à craindre, mais ces styles conviennent parfaitement au propos, et ça, c’est ce que je recherche prioritairement en matière de dessin de bande dessinée : un style qui convient au récit et le nourrit. Il y a juste ces nez plus proches de becs d’oiseaux dont l’auteur dote ses personnages pour me faire tiquer. Bon, à force, on s’habitue mais je ne comprends pas l’intérêt de pareilles déformations. Enfin, chaque tome est incroyablement riche en terme de pages, ce qui explique le prix plus élevé de ces albums. Mais, bon, honnêtement, 23 euros pour 200 pages, c’est pas volé du tout ! Et pour ceux qui craindraient une production lente étant donné la taille des tomes, qu’ils se rassurent : jusqu’à présent Manu Larcenet tient le rythme d’un tome tous les 18 mois. En résumé : une série étonnante, dérangeante, peu ragoûtante mais aussi très prenante.

J'ai acheté Blast sur les conseils d'un ami bibliophile, qui m'expliquait que le titre résumait assez bien son sentiment à la lecture de ce récit fleuve (400 pages déjà sorties, en deux albums...). Je n'étais pas forcément très fan du dessin de Manu Larcenet, dont j'ai cependant beaucoup aimé la plupart des histoires, du plus léger, comme le Retour à la terre, aux Ovnis psychanalytiques comme la Ligne de front. Mais j'avoue qu'ici, le dessin est magnifique. La couleur est utilisée avec parcimonie, pas pour colorier, mais pour ajouter du sens à l'histoire. Le dessin réaliste, rare, exprime toujours la violence du réel venant brutalement perturber le monde intérieur de Polza Mancini, le personnage principal. Polza Mancini. Une énorme -au propre comme au figuré- boule d'angoisse, de haine de soi, de traumatismes d'enfant, qui décide un jour de quitter la vie confortable qu'il avait fini par réussir à se faire, pour se faire homme des bois et partir à la recherche du Blast, le choc existentiel, sorte de transe bouddhique, d'overdose spirituelle qu'il a expérimentée peu après la mort de son père. L'écharde de ce récit, le détail dérangeant, irritant, inconfortable est là : ce Mancini est obscène. Trop laid, trop gros, trop franc : toute l'histoire est à la première personne puisqu'il raconte avec complaisance toute son odyssée à deux policiers convaincus qu'il a fini par tuer une jeune femme. Il ne cache rien de ses états intérieur, de sa propre animalité qu'il a voulu redécouvrir, de son goût pour l'alcool. Le sentiment nauséeux qu'il inspire est d'autant plus gênant qu'au fond, il n'est pas antipathique. On s'identifie à lui malgré tout. Parce que nous avons tous eu envie de tout quitter, parce que nous avons tous un monde intérieur bien plus vaste que ce que nous montrons, parce que nous avons tous des pensées incongrues et des moments de relâchement quand on est seul avec soi même. Mais lui s'en délecte, l'étale, s'y complait et nous renvoie à la fois une image peu glorieuse de l'humanité à laquelle nous appartenons, mais aussi, tout à la fois, le sentiment de notre propre lâcheté hypocrite. Cette histoire ne peut pas laisser indifférent. Elle se lit comme sous hypnose, dans un état de jubilation morbide, et va chercher tout au fond du lecteur ce qu'il n'avait pas prévu de regarder. Le tout meilleur Larcenet que j'ai pu lire. Et une BD qui pourrait mériter les 5 étoiles lorsque j'aurais achevé le tome 3, à paraître. Où l'on saura enfin si Polza Mancini a finalement tué, ou non, la jeune femme...

Encore un trop bon opus de Manu Larcenet, qui me fait le plaisir d'avoir particulièrement soigné l'esthétisme cette fois. J'aime bien la manière dont l'histoire mêle le réalisme, le surréalisme, le social, le symbolique et l'émotionnel. Ces ingrédients sont bien dosés pour rendre compte du chemin de vie d'un personnage hors normes. J'ai été particulièrement sensible aux paraboles graphiques qui retranscrivent les angoisses du personnage principal.
Site réalisé avec CodeIgniter, jQuery, Bootstrap, fancyBox, Open Iconic, typeahead.js, Google Charts, Google Maps, echo
Copyright © 2001 - 2025 BDTheque | Contact | Les cookies sur le site | Les stats du site