Pain d'Alouette
Après le succès de L'Aigle sans orteils, Christian Lax revient à son amour pour le vélo avec un récit sur les pavés de Paris-Roubaix, dans les entrailles des mines du Nord… Le vélo, métaphore de la souffrance et de la dignité des humbles…
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Avril 1919, dans le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais. Quentin Ternois, ancien coureur cycliste, gazé à Ypres deux années plus tôt, emmène son neveu Élie découvrir LE Paris-Roubaix, « l’Enfer du Nord ». La souffrance et la persévérance de ces trimards du vélo forcent le respect du jeune mineur, qui sait ce qu’« aller au charbon » veut dire. Et pour lui, ce sera une révélation. Au même moment, dans un orphelinat du Sud-Ouest, une très jeune enfant est en butte à la brutalité du directeur. C’est Reine Fario, la fille d’Amédée, « l’Aigle sans orteils », tué sur le front… Quatre ans plus tard, Camille Peyroulet, ingénieur en retraite de l’observatoire du pic du Midi, grand ami d’Amédée, apprend l’existence de Reine, et la mort d’Adeline, sa mère. Désormais, dans le souvenir ému d’Amédée, Camille n’aura de cesse de retrouver Reine, pour l’adopter. Ce ne sera pas une mince affaire...
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Date de parution | 05 Novembre 2009 |
Statut histoire | Série terminée 2 tomes parus |
Les avis
On ne peut pas suspecter Christian Lax d'antirépublicanisme et pourtant son "Pain d'Alouette" fait l'éloge de trois reines. La petite reine, le vélo, pour qui les durs à cuire issus de la Grande Guerre sont prêts à tous les sacrifices pour la tenir dans leurs solides mains de guerriers. La reine des Classiques, Paris-Roubaix, dont la participation vous impose la souffrance de ces terres d'efforts et d'amertume. Enfin Reine Fario la fille de l'Aigle sans orteil qui est devenue pupille de la Nation en 1918. Pain d'Alouette se présente bien comme une digne suite de l'Aigle sans orteil même si le côté cyclisme est un peu moins prononcé. Lax nous décrit toute une galerie de caractères forts et très fouillés dans cette période d'après-guerre mais pas d'après souffrance. Poirier le capitaine plusieurs fois blessés reconverti en directeur d'orphelinat qu'il dirige comme une caserne. Camille l'ami fidèle d'Amédée, figure d'une France généreuse et pacifiste qui n'aura de cesse de sauver Reine. Dehauve le porion mal aimé qui pourtant prouvera sa grandeur... et sa bassesse. Sans oublier la famille Ternois issue tout droit d'un Germinal. Car si l’Aigle nous faisait voler sur les cimes pyrénéennes, notre alouette se promène au fond des puits du pays noir des Ch'ti. L'aristocratie du vélo côtoie l'aristocratie du monde ouvrier et les deux pour l'honneur de la France et d'une Marseillaise que Lax nous présente sous son jour problématique. Juste une pique de Lax pour nous montrer où le patriotisme irréfléchi peut nous égarer. Mais Lax aime la République, laïque et mixte. Ce qui le conduit à nous proposer ce beau destin de Reine, une pionnière pour trouver sa place dans des domaines réservés. Un très beau scénario avec beaucoup d'intensité dramatique, des situations injustes et sa créativité pour faire coller la petite histoire de nos héros à la grande histoire de "l'enfer du Nord". Je trouve que le graphisme de Lax est à son meilleur, sec nerveux précis sans relâche à l'image de ces guerriers du pavé. Lax nous gratifie en plus de paysages du pays minier absolument magnifiques. Pour qui aime cette région, il retrouvera le charme de ces campagnes parsemées d'îlots en briques rouges et gardées par les sentinelles des puits. Une histoire qui mêle récit sportif et récit social toujours empreinte d'une grande humanité. Une excellente lecture.
"Pain d'Alouette" est donc la suite presque directe de L'Aigle sans orteils. Lax y continue sa longue métaphore filée entre les mineurs et les coureurs cyclistes, cette image populaire qui date des premières années du Tour (et du 20ème siècle). Une image bien écorchée avec les affaires de dopage et les coureurs nés avec une cuiller en argent dans la bouche de ces dernières années. Pourtant l'amour du vélo reste intact, et son passage chez Futuropolis permet à l'auteur du Choucas de développer une intrigue bien plus détaillée, conjuguant plusieurs destins tous liés mais si différents. Au coeur de son histoire se trouve la petite Reine, que curieusement on ne voit pas trop, mais dont les origines conditionnent le titre de la série (et puis "petite Reine"... vous me suivez sur les pentes de l'esprit de l'auteur ?). Lax mène bien sa barque, ou plutôt sa bicyclette, faisant monter la tension et coïncider les évènements dans une histoire aux relents à la Zola (souvenez-vous de Germinal, influence revendiquée par Lax) vers un récit en plusieurs épisodes qui je l'espère va se révéler à la fois passionnant, intelligent et inoubliable. La deuxième étape, dont le "sommet" est bien sûr la rencontre entre Elie et Reine, confirme les bonnes dispositions de l'auteur. Il s'avale très vite, presque comme un contre-la-montre, et l'on y voit un peu plus la mine où travaillent les Ternois, avec des scènes beaucoup plus poignantes. Ce second tome recèle probablement plus de moments d'action que le premier. Et même si la fin est un peu... précipitée à mon goût, il n'en reste pas moins que ce diptyque est vraiment bon. Côté dessin, c'est mitonné aux petits oignons, réglé au millimètre, et troublant de réalisme, n'eussent été ces quelques visages en second plan pas assez travaillés pour être véritablement satisfaisants. Lax porte toutefois ses efforts sur les scènes d'importance, comme l'éventration de la nappe phréatique dans la mine ou la course cycliste. Du grand art.
On atteint les sommets de la BD en découvrant ce livre magnifique qui est la suite de L'Aigle sans orteils qui était déjà d'un très bon niveau. Un excellent coup de crayon qui donne aux visages les expressions si vraies : sourires, tristesse, colère, hargne, etc. Des couleurs pleines de douceur et de poésie. Une histoire qui tient la route comme les cyclistes qui y sont décrits. Ce livre nous fait traverser par les routes du Nord et des Pyrénées lors des années 1910-1920, la grande guerre. C'est pour ce genre d'ouvrage que l'on aime la BD, alors encore merci à Lax et on est impatient de la suite...
Après la lecture du 1er tome. On est un cran au dessus de L'Aigle sans orteils. Le récit est multiple : on a en fait deux histoires parallèles aussi intéressantes l'une que l'autre. Le vélo est le lien central même si il est lointain. Lax ne fait pas dans le jovial, ses personnages en bavent. C'est certainement ce qui les rend encore plus attachants car on souffre avec eux. Graphiquement, Lax n'est plus à présenter, c'est superbe comme de coutume. J'attends avec impatience la suite. Au niveau notation, j'en ai gardé sous le coude, je n'hésiterai pas à monter la note à 5 si la suite est du même niveau. "Pain d’Alouette" est une superbe BD qui ne demande qu'à confirmer sur la continuité.
Voila pas mal de temps que je suis et que j'apprécie l'oeuvre de Lax, sans jamais lui accorder la note de l'excellence. C'est chose faite! J'avais peur, en attendant la suite de L'Aigle sans orteils, que Lax nous sorte une rallonge, où finalement on apprendrait que la fin de l'aigle n'était pas ce qu'on croyait, etc... A la Van Hamme, quoi ! Hé bien non ! Même s'il est préférable de lire l'aventure d'Amédée Fario, cette suite, qui nous décrit une autre course légendaire, le Paris-Roubaix, et un autre univers, le nord industriel et minier, se suffit à elle même. Avec quel talent Lax nous décrit le quotidien des "gueules noires" ! Et la course, dont l'engouement populaire est un pied de nez aux "patrons exploiteurs". En parallèle, nous suivons les déboires de Camille Peyroulet, l'ami d'Amédée, tentant de récupérer une fillette dans un orphelinat sordide, dans une France d'après guerre qui a du mal à panser ses blessures. Et les dessins : un plaisir pour les yeux, des expressions travaillées, le souci du détail, des couleurs chaleureuses. Lax est ici au sommet de son art. Vivement la suite.
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