Au coeur de la tempête (Voyage au coeur de la tempête) (To the Heart of the Storm)
Will Eisner Award 1992 : Best Graphic Album: New Bâti autour de l'intégration d'un homme dans l'armée US en 1942, cette oeuvre semi-autobiographique s'intéresse à la vie des immigrants juifs dans l'Europe et l'Amérique d'avant-guerre. Alors que le convoi militaire du jeune G.I. Willie l'emmène vers le Sud, le paysage qui défile sous ses yeux le renvoie à son histoire familiale, emplie de souffrances liées en partie à l'antisémitisme de l'époque.
Delcourt Kitchen Sink Press Les meilleurs comics One-shots, le best-of Will Eisner (1917-2005) Will Eisner Awards
Après New York Trilogie, Mon dernier jour au Vietnam, Jacob le cafard, Fagin le juif, Dropsie avenue ou encore La Valse des alliances, voici Voyage au coeur de la tempête, entendez la tempête nazie, un récit semi-autobiographique qui nous plonge au coeur des années noires et plus précisément dans le quotidien d'une famille juive qui combat pour survivre. Bien évidemment, ce nouveau récit est aussi fort et poignant que les précédents et constitue un témoignage unique sur la période. Incontournable ! Will Eisner ! Ce nom à lui-seul suffirait à nous faire acheter un album les yeux fermés. Il fait partie sans conteste des plus grands auteurs de la bande dessinée américaine et plus largement du Neuvième art. Un artiste, un vrai, qui a révolutionné le genre et marqué durablement de son emprunte des générations et des générations de lecteurs mais aussi d'auteurs. Bref un monument à lui tout seul et une oeuvre immense, gigantesque.
Scénario | |
Dessin | |
Editeur
/
Collection
|
|
Genre
/
Public
/
Type
|
|
Date de parution | Août 1991 |
Statut histoire | One shot (initialement parue en 2 tomes) 1 tome paru |
Les avis
Mortier culturel - Cette histoire est parue pour la première fois en 1991, après Jacob le cafard (1988) et avant Le peuple invisible (1993). Il s'agit d'une bande dessinée noir & blanc, de 205 pages, écrite et dessinée par Will Eisner (1917-2005). Le tome commence avec une page d'introduction rédigée par Will Eisner en 1990. Il indique que son idée de départ pour ce récit a évolué de l'évocation des États-Unis avant la seconde guerre mondiale, à un récit semi autobiographique, et un regard sur le rêve américain de l'intégration culturelle et raciale, et sur l'évolution de la signification du mot préjugé En 1942, la guerre en Europe a fini par se faire sentir aux États-Unis et les jeunes américains sont appelés sous les drapeaux. Ils devaient se rendre à la caserne indiquée, où ils recevaient un uniforme, puis prenaient un train pour une destination qui ne leur était pas précisée. Ils savaient que ce voyage était le moment pour emmagasiner de l'énergie, et pour se préparer aux épreuves à venir qui allaient remettre en question leurs valeurs et leurs préjugés. Ce jour de 1942, Willie se trouve dans le train en uniforme de troufion, à côté d'un autre appelé Mamid. En réponse à un troisième bidasse, Mamid explique que tout ce qu'il sait c'est que le train les emmène vers un camp d'entraînement pour les préparer à la seconde guerre mondiale, et que quelques jours avant il était l'éditeur d'un quotidien turc à Brooklyn. L'autre fait une remarque sarcastique sur leurs qualités de soldats et Mamid pique un petit roupillon. Coté fenêtre, Willie repense à son enfance à Brooklyn, avec ses parents en 1928. Cette année-là, ils ont déménagé dans le Bronx, pour que son père se rapproche de l'usine dont il était le propriétaire. Alors que ses parents déballent les cartons, sa mère lui demande d'aller promener son petit frère Julian dehors. Ils se font prendre à partie par des adolescents du quartier qui rossent Willie, sous les yeux de son petit frère. Willie et Julian reviennent à la maison : la mère s'inquiète pour Willie qui va dans sa chambre pleurer de frustration sur son lit. Son père Sam l'y rejoint et lui explique comment ça se passait dans son village (shtetl en yiddish) quand les villageois du coin venaient chercher la bagarre et que les juifs devaient faire le dos rond. Leur conversation est interrompue par un coup frappé à l'entrée. Le père va ouvrir et se retrouve face à Tony, un homme baraqué de haute taille qui vient demander des excuses du fait que Willie ait mordu l'oreille de son fils. Il exige que Sam sorte dehors pour qu'ils se battent. Ne pouvant faire autrement, Sam accepte et déclare d'entrée de jeu que l'autre a gagné. Tony déclare qu'il est hors de question qu'il se contente de cette déclaration et qu'il a bien l'intention de se battre. Quelques instants plus tard, Sam rentre chez lui indemne et indique à sa femme Fannie que le vendredi suivant ils amèneront du poisson qu'elle prépare si bien, chez Tony. Le voyage en train continue et le trouffion essaye d'asticoter Willie sur le fait qu'Hitler extermine les juifs. Willie ne répond pas. Il repense à Helen, une jolie demoiselle blonde du quartier qui l'invitait régulièrement dans l'atelier naval de son père, un communiste qui lui expliquait le principe de la lutte des classes et de la révolution. Willie était revenu chez ses parents, alors que les gamins du quartier avaient pris le landau avec son petit frère dedans pour chahuter. Willie avait récupéré son frère sans avoir à se battre, utilisant son cerveau, comme son père avec Tony. L'introduction de l'auteur explicite donc son intention : mettre en scène l'intégration culturelle de juifs au sein de la société américaine. La séquence la plus lointaine se déroule en 1880 lorsque Fannie (la mère de Willie) évoque son père, un émigré roumain qui a eu trois enfants (Irving, Mike et Rose) d'une première femme et trois autres (Fannie, Goldy et Bobbie) d'une seconde. La séquence la plus récente est celle du train en 1942. Le lecteur peut donc voir trois générations différentes interagir avec les américains dans leur entourage. Il observe des comportements relevant de l'ignorance crasse (le troisième soldat qui est incapable de savoir où se situe la Grèce), le harcèlement peu importe la raison (les jeunes irlandais s'en prenant à leur voisin plus jeune et pas de leur milieu), l'antisémitisme ordinaire, juste comme ça, sans fondement idéologique ou religieux, juste par habitude. Il est également témoin de l'amitié spontanée et désintéressée entre enfants, de l'entraide, de l'absence de préjugés de race ou de culture, du lien amical plus fort que les préjugés de classe, des lieux communs antisémites plus forts que l'amitié, de l'entraide au sein d'un même communauté, mais aussi de ses limites, et de la fraternisation indépendamment des convictions et des préjugés. Tout est littéralement possible et rien n'est joué d'avance ou immuable. Cette histoire relève de la fresque historique et sociale à hauteur d'individu. Le lecteur passe d'une vague d'immigration à la fin du dix-neuvième siècle à l'approche de la première guerre mondiale, puis traverse la grande crise économique des années 1930, jusqu'à la déclaration de la seconde guerre mondiale, tout ça en toile de fond, avec les répercussions sur le commun des mortels. Comme toujours chez cet auteur, les dessins insufflent une vie incroyable dans chaque personnage, chacun étant différencié par ses vêtements, sa morphologie, ses gestes et ses postures, ses expressions de visage. Il n'y a pas deux personnages identiques. Will Eisner met en œuvre sa science de la direction d'acteur, poussant parfois jusqu'à la pantomime, mais sans tomber dans l'exagération comique, conservant toujours cette justesse dans les nuances et dans l'expressivité. Le lecteur éprouve la sensation de voir exister devant lui aussi bien des enfants dans une bagarre de rue, qu'un père en train d'expliquer comment éviter la bagarre à son fils honteux de s'être fait rosser, une mère ayant une petite tendance à se montrer théâtrale dans ses réactions dramatiques, une épouse autoritaire houspillant un mari qui a capitulé depuis belle lurette (avec des épaules tombantes et une posture avachie et résignée), une jeune femme courageuse essayant d'arracher sa petite sœur d'un tripot, un artiste bohème dans la Vienne de 1910, un américain communiste habité par ses convictions, un jeune américain bon teint, etc. Le lecteur se rend compte qu'il a déjà une idée du caractère de chaque personnage, de son origine sociale, de ses émotions rien qu'en le regardant le temps de 2 cases. Il y a là une science incroyable du portrait vivant. Les qualités artistiques de Will Eisner ne se limitent pas à représenter les êtres humains dans leur diversité. Sa narration graphique est à nulle autre pareille, d'une richesse roborative. Il pense ses constructions de page en fonction de chaque séquence, utilisant aussi bien des cases sans bordure laissant une liberté de mouvement total au regard du lecteur, que des pages à fond noir (plutôt que blanc) que des dessins enchevêtrés comme coulant l'un dans l'autre, que des cases traditionnelles avec une bordure rectangulaire tracée. Il n'utilise pas de bulle de pensée, les phylactères étant consacrés aux dialogues. Il intègre parfois de courts textes sous une image, comme une sorte de texte illustré, ou plutôt d'image commentée, sans nuire en rien à la fluidité de la narration. Ce récit étant explicitement situé dans le temps, le lecteur attend une reconstitution historique. Will Eisner fait le nécessaire avec la même élégance que pour les personnages. Sa narration visuelle ne devient pas un exercice académique de recréation d'une époque ou d'une autre. Les éléments apparaissent naturellement dans les cases, sans que le lecteur n'ait l'impression de devoir s'extasier devant la pertinence d'un détail. Dans le fil du récit, il peut effectivement s'intéresser aux costumes, à l'architecture des bâtiments, aux outils d'un menuiser, aux différentes formes de landau, au lange d'un bébé, au modèle d'une automobile, au mobilier, etc. Il peut aussi n'en faire aucun cas et ne pas s'y attarder, en se limitant à l'impression globale que tout est bien d'époque et à sa place. Du coup, sans même s'intéresser à la notion d'intégration, le lecteur se projette dans les différents individus qu'il voit vivre sous ses yeux, ressentant leurs émotions, partageant leurs espérances, leurs envies, leurs émotions. Il se sent aussi proche d'un jeune garçon malmené par les gosses du quartier que de son petit frère qui regarde ce qui se passe sans comprendre, que d'une femme inquiète de voir son mari sans travail et donc sans revenu pour nourrir ses enfants, que d'un jeune peintre à Vienne exploité par son maître, que d'une jeune adolescente contente de son indépendance à travailler dans un tripot, que d'un homme d'une vingtaine d'années franchissant une étape après l'autre pour pouvoir devenir médecin, que d'un adolescent dépassé par l'antisémitisme larvé et implicite de ses parents, que par un père de famille résigné à être un mauvais entrepreneur, mais philosophe. Cette histoire est à l'opposé d'un exposé stérile et magistral : elle est habitée par des êtres humains faillibles et toujours sympathiques quels que soient leurs défauts. L'humanisme de Will Eisner rend chaque personne très réelle avec cette complexité inhérente qui fait qu'il n'est pas possible de les haïr ou d'y voir un méchant d'opérette. À chaque nouvelle œuvre, Will Eisner se lançait un nouveau défi. Loin de déboucher sur des récits conceptuels, cette méthode accouche à chaque fois d'une histoire pétrie d'humanité, avant tout des individus très incarnés qui vivent leur vie de leur mieux en fonction de leur éducation, de leur milieu, de l'environnement dans lequel ils évoluent, des circonstances historiques, avec un trait toujours aussi élégant et vivant.
Will Eisner continue son oeuvre autobiographique qu'il mèle à des épisodes fictifs. Ici il nous livre les difficultés d'accueil d'une famille juive dans un quartier non juif. Les difficultés qu'il rencontre et les bagarres qui s'en suivent permettent des mises en perspectives avec les récits de ses parents. Eisner nous conte la venue de sa mère puis celle de son père sous forme d'un hommage à leur résilience face aux coups du sort et aux préjugés antisémites. Eisner montre que le combat contre la bêtise raciste n'est jamais gagné et que le vocabulaire haineux peut détruire en un instant des années d'amitié. Une histoire assez simple et linéaire avec moins d'émotion que dans les épisodes de Dropsie Avenue. Le dessin est toujours ce qui se fait de mieux à mon avis. Lignes fluides et vivantes, enchaînements dynamiques et éclairages travailllés montrent l'immense maîtrise graphique du maître. J'ai beaucoup aimé le passage sur Vienne qui montre l'apport extraordinnaire des artistes Juifs avant la première guerre. Encore un très bon opus ,sans surprise.
Assis dans un train qui l’emmène dans un camp d’entraînement de l’armée américaine, Willy se souvient… Nous sommes en 1942 et les Etats-Unis viennent de s’engager dans la Seconde Guerre mondiale. Par une succession de flashbacks, Willy se remémore l’histoire de sa famille après son déménagement dans le Bronx. A peine arrivé, le jeune garçon se heurte à l’antisémitisme ambiant. On retrouve alors les thèmes chers à Will Eisner qui croque avec tellement de talent la vie quotidienne du quartier de sa jeunesse. A travers son histoire, c’est le portrait de l’Amérique des années 1930 qui se dessine : une société où les vagues d’immigration se sont succédé et où les derniers arrivés ont des difficultés à s’intégrer. Le dessin d’une grande sensibilité fourmille, comme toujours, de petits détails du quotidien. Will Eisner use avec habilité des cadres et des dessins sans cadres, des fenêtres et des portes pour entrer ou sortir d’une scène. Lecture fluide. Quête identitaire du jeune héros, réflexion sur une société en construction, sur l’intégration, sur la difficulté d’émigrer, Will Eisner ne donne jamais dans les clichés. Un très beau moment de lecture…
Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un album de Will Eisner que je n'avais jamais lu et j'ai été bien content lorsque je suis tombé sur cet album que je ne connaissais pas du tout ! Eisner raconte sa vie lors de son engagement durant la seconde guerre mondiale et aussi l'histoire de sa famille. C'est une vraie saga familiale racontée de main de maître par Eisner. Dès les premières pages j'ai retrouvé ce que j'aime chez cet auteur : un dessin excellent qui fait partie de mes styles préférés et une manière de raconter qui rend n'importe quelle anecdote intéressante. On a droit à une galerie de personnages terriblement humains et l'auteur en profite pour montrer le racisme et l’antisémite des États-Unis de cette période. À lire si on aime l'auteur. Ceux qui sont allergiques à ses romans graphiques peuvent passer leur chemin sans problème.
Avec "Au cœur de la tempête", Will Eisner jette un sacré coup d’œil dans le rétro de son existence, en même temps qu'il met un coup de projo sur cette Amérique parfois raciste et antisémite de la moitié du XXe siècle. Mobilisé pour la seconde Guerre Mondiale, le temps de son voyage en train pour rejoindre son affectation, Will Eisner se laisse aller à se remémorer et faire le point sur son histoire et celle de sa famille en se laissant bercer par le paysage défilant. Retour sur sa jeunesse, les difficultés de l'intégration familiale, sur la vision positive de la vie que lui a inculqué son père. On découvre petit à petit le quotidien et l'Amérique de l'époque, les retranchements ethniques qui divisent malgré tout la société, et qui ressurgissent dans le quotidien de la famille Eisner. Et derrière tout cela, la menace de conflit en Europe qui gronde et qui monte. C'est d'ailleurs déjà à cause de la Première Guerre Mondiale qu'on apprend que le père de Will Eisner a immigré aux États-Unis ; toujours à cause de ce conflit menaçant qu'il se cherchera une épouse rapidement pour échapper à la mobilisation (ils envoyaient d'abord les célibataires). L'antisémitisme qui émaille cette période et les deux conflits majeurs du XXe siècle sont donc le ciment de la famille Eisner ; Will fera tout pour éviter de participer à ce conflit jusqu'à ce qu'il finisse par s'engager... C'est donc un album fort sur une des période les plus difficiles de notre Histoire que nous propose Will Eisner par le biais d'une autobiographie. Si j'ai trouvé ce récit intéressant, je lui ai quand même trouvé quelques longueurs. Mais heureusement, la qualité de son trait et de sa mise en page font passer ce désagrément sans trop d'ambages. Un album qui mérite d'être lu, au moins pour ne pas oublier que malgré la bêtise humaine, ce sont bien nos racines qui nous construisent et fondent notre personnalité. 3.5/5
Encore une grande oeuvre de Will Eisner que j'apprécie tout particulièrement. J'ai été tout d'abord abasourdi par la qualité de la préface de l'auteur. Il sait trouver les mots justes pour se raccrocher à un espoir d'un monde plus juste et fraternel. "Au coeur de la tempête" nous fait découvrir l'Amérique profonde où le racisme et l'antisémitisme n'ont pas disparu comme par enchantement. Il n'est rien à côté de ce qui se passe en Europe à la même époque. La tempête, ce sont les deux guerres mondiales qu'il va falloir affronter. Et surtout le nazisme que l'auteur part combattre en 1942. Dans ce train qui l'emmène au combat, il se remémorre toute sa jeunesse ainsi que l'histoire de sa famille. C'est une véritable saga familiale non dénuée d'intérêt pour le lecteur tant l'auteur sait y faire. C'est étonnant de découvrir la jeunesse de l'auteur dans un récit semi auto-biographique. On se rend compte que sa famille a dû véritablement galérer pour survivre. L'intégration ne s'est pas faite sans douleur. Will Eisner avait déjà expérimenté le récit auto-biographique dans Le Rêveur. Cependant, en l'espèce, c'est beaucoup plus passionnant. On se rend compte que l'auteur se livre dans la dernière partie de sa vie comme pour nous laisser un héritage. Et les mots indiqués dans la préface résonnent encore comme un ultime message laissé aux générations futures.
Après la lecture des 2 tomes. Will Eisner a du talent à revendre. Dans cette BD éditée en 2 tomes, il mélange son vécu familial à une fiction, offrant une autobiographie à peine déguisée. La narration est excellente, la lecture se fait d'une traite. L'auteur se trouve dans un convoi militaire ferroviaire l'emmenant vers un camp d'entrainement. Il fixe la fenêtre dans laquelle il voit des bribes de sa vie ou de celles de ses parents. Ceux-ci enclenchent des come-backs où ressortent la difficulté d'être juif et la montée de l'antisémitisme puis du nazisme notamment pour son père qui a fui l'Autriche en 1918. Ce récit offre une vision bien au delà de l'histoire elle-même : en effet, un peu comme dans Dropsie Avenue, il s'agit bien d'une tranche d'Histoire qui défile avec les pages. Le dessin N&B est excellent, Eisner prend beaucoup de libertés dans les cadrages et la mise en page. Le résultat est fluide et très plaisant à lire. Remarque : cette BD a été rééditée depuis chez Delcourt sous le titre "Au cœur de la tempête".
Site réalisé avec CodeIgniter, jQuery, Bootstrap, fancyBox, Open Iconic, typeahead.js, Google Charts, Google Maps, echo
Copyright © 2001 - 2024 BDTheque | Contact | Les cookies sur le site | Les stats du site