La Maison Close

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)

À l'invitation de Dupuy et Berberian, le duo Ruppert & Mulot avait réalisé dans le cadre de la 34e édition du Festival d'Angoulême une maison close virtuelle et avait convié des auteurs dans ce lupanar à bulles. Outre son installation physique, "La Maison Close" avait pris également la forme d'une bande dessinée en ligne à suivre sur le site du Festival. La voici sous forme d'un grand et beau livre.


Auteurs britanniques Auteurs canadiens Auteurs italiens Auteurs suisses Collectif Ecole Duperré Ecole Estienne Paris École européenne supérieure de l'image Ecole nationale supérieure des Arts décoratifs Ecole supérieure d'arts et design de Saint-Etienne École supérieure des Arts décoratifs de Strasbourg Ecole Supérieure des Arts Saint-Luc, Bruxelles Frederik Peeters La BD au féminin Lewis Trondheim Maisons closes et prostitution

Participants : Ruppert et Mulot, Killofer, Lewis Trondheim, Boulet, Emile Bravo, François Ayroles, Lisa Mandel, Pauline Martin, Guy Delisle, Aude Picault, Anouk Ricard, Caroline Sury, Lucie Durbiano, Catherine Meurisse, Florence Cestac, Nadja, Tom Gauld, Frederick Peeters, Anna Sommer, Fanny Dalle Rive, Zep, François Olislaeger, Christian Aubrun, Morgan Navarro, Peggy Adam, Hélène Bruller, Olivier Schraunen, Sébastien Lumineau, Caroline, Suzy et Charles Berberian.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 20 Janvier 2010
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série La Maison Close © Delcourt 2010
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)
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21/01/2010 | Ro
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L'avatar du posteur bamiléké

Tout d'abord l'objet livre ne laisse pas indifférent. Avec sa superbe présentation d'une élégance sobre et stylée, il fait très classe. Un livre blanc cassé orné d'une énigmatique porte derrière laquelle on peut imaginer toutes les perversions d'une bourgeoisie décadente. Enfin presque... Car l'ami Lewis et son regard d'aigle ne laisse rentrer que ceux (et surtout celles hummm) capables d'assumer un délire improvisé autour de fantasmes refoulés (ou pas). Vous l'aurez compris c'est gentiment loufoque avec une ribambelle d'intervenants qui se lâchent en douceur avec leur style et leur vécu. Un exercice de style très créatif mais qui doit donner à plein quand on connait bien les différents auteurs (ce qui n'est pas mon cas). Je suis donc passé à côté d'une multitude de clins d'oeil ce qui a rendu ma lecture moins passionnante qu'un spécialiste es-BD. J'ai néanmoins pris du plaisir à retrouver des références connues dans des situations attrayantes. J'oubliais : le graphisme est superbe d'humour et d'expression. Une curiosité sympa.

11/03/2023 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Ro

Au moment du festival d'Angoulême 2009, j'avais suivi la parution de ce blog BD en ligne et j'avais adoré. L'idée de base était osée : inviter une trentaine d'auteurs de BD, des très connus à des beaucoup plus discrets, à se mettre en scène, eux-mêmes ou leurs personnages, dans une maison close et de les laisser improviser tous ensemble. A la base, les filles devaient jouer les "femmes de joie" proposées par la maison close, tandis que les hommes devaient être les clients, les organisateurs en ce qui concerne Ruppert et Mulot ou encore le service de sécurité dans le cas précis de Trondheim. Au final, chacun a tourné les faits à sa sauce, les femmes acceptant bien rarement de prendre le rôle de femmes soumises ou "à louer". Le résultat est vraiment frais et novateur. Les styles de chaque auteur forment un étonnant cocktail où chacun apporte sa patte et son ambiance bien reconnaissable et en même temps en mesure de se fondre dans les univers des autres. Les décors sont de Ruppert et Mulot, dessinés dans leur style semi-réaliste : la rue, la porte d'entrée, la façade, le hall, la salle d'attente, le bar, l'escalier, le couloir, la chambre, etc... Chaque invité met ensuite en scène, avec son propre style graphique, son personnage sur la base de ces décors. Il est ainsi amusant de voir se côtoyer la caricature animale de Trondheim, le personnage ultra-soigné de Killofer, le trait plus manga de Boulet ou encore les ours à l'encrage épais de Nadja. Certains auteurs jouent d'ailleurs précisément sur ces différences de styles comme Killofer qui a bien du mal à... faire l'amour au personnage de nounours enfantin d'Anouk Ricard. Le récit se structure en sections où se regroupent un nombre limité d'auteurs qui vont initier ensemble de petites aventures individuelles, en couple, en trio ou avec l'intervention d'autres auteurs/personnages qui évoluent d'une "section" à une "autre". Les relations entre ces sections sont nombreuses et il faudra les avoir toutes lues pour bien comprendre l'ensemble des évènements transverses qui ont lieu dans chacune d'entre elles. J'ai trouvé l'exercice excellent et surtout très drôle. On sent l'imagination à l'oeuvre chez chacun de ces auteurs. Imagination pour se représenter spirituellement dans ce décor de maison close, avec les implications morales que ça implique, entre ceux qui assument totalement, ceux qui n'osent pas y aller, ceux qui veulent en profiter, ceux qui viennent là par curiosité ou font semblant, etc... Mais aussi imagination pour mettre en scène des histoires souvent improvisées où les idées des uns répondent aux idées des autres et où les univers des uns se mélangent à ceux des autres. Certains en profitent d'ailleurs pour tâtonner la voie des fantasmes sexuels que le thème de la maison close et du mélange de personnages masculins et féminins ne manque pas d'entraîner. La structure en matrice avec sections linéaires et interactions transverses donne une grande profondeur à la narration et permet de mettre en place des récits multiples et interactifs. Et surtout, il y a beaucoup d'humour. J'ai régulièrement ri de bon coeur, la drôlerie des uns répondant à la finesse des autres tandis qu'on sent une grande complicité entre les auteurs. Cette expérience de BD en ligne venant d'être éditée en albums, j'avais quelque appréhension. Les récits sont en effet parus sur la page web avec une mise en page toute en hauteur, les images se lisant de haut en bas avec parfois près de 200 cases d'affilée pour une unique section narrative. Comment mettre cela en page dans un album papier ? L'éditeur a fait le choix de présenter de 5 à 9 "cases" par planche, dans un grand format carré. La taille des cases varie parfois, certaines plus importantes étant présentées à une taille supérieure aux autres pour plus d'impact. Ce type de mise en page n'est pas toujours idéal pour la fluidité de la lecture mais cela se révèle un très bon compromis et permet de retrouver sur papier ce qu'on avait pu découvrir en ligne. Le plaisir de lecture est vraiment retrouvé avec en plus la joie d'avoir ce récit multiple "immortalisé" dans un bel album.

21/01/2010 (modifier)