Hélas
Paris 1910, la capitale française connait une innondation sans précédent. Un fait historique avéré. Ce qui l'est moins : à l'époque, le monde se révèle régi par les animaux et les humains sont une espèce rare et sauvage, traquée par les braconniers, les scientifiques et les derniers carnivores.
Aire Libre Crues et inondations Paris Sociétés animales
Pourquoi Feuille, petite humaine capturée par des braconniers, suscite-t-elle un tel émoi dans la classe politique et scientifique du pays ? Elle parle, pardi ! Mais là n'est pas l'unique raison de la poursuite dont elle va faire l'objet, malgré l'aide que lui apportent le journaliste Fulgence et la jeune Léopoldine, étudiante en sciences et fille d'un célèbre professeur. De pièges en fuites rocambolesques, de fausses pistes en vrais dangers, Fulgence et Léopoldine vont finir par découvrir la terrible vérité. Sur fond d'intrigue politique, de romance et de démence, une aventure romanesque dont les acteurs félins, porcins et canins manifestent des préoccupations très... humaines.
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Date de parution | 22 Janvier 2010 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Chouette lecture. Un conte qui pourrait paraitre enfantin de prime abord, mais qui se révèle à la fois plus riche et plus noir que ce que je m’en imaginais. Dans le Paris de 1910 (l’année de la grande crue), Bourhis nous a concocté une histoire bien fichue et étonnante. Tous les habitants sont des animaux (habillés comme des humains), les humains justement ayant quasi disparu, seuls quelques spécimens, chassés, sont exhibés comme des bêtes de foire ou étudiés en laboratoire. Cette inversion fait immanquablement penser à « La planète des singes ». Et ce d’autant plus que certaines scènes rappellent directement des choses vues dans l’adaptation ciné de 1968 (Léopoldine, la jeune truie chercheuse, rappelle la chimpanzé Zira, lorsqu’elle veut démontrer l’intelligence des hommes, et prouver qu’ils peuvent parler normalement, son amis Fulgence étant le pendant de Cornelius). Pour le reste, l’intrigue se laisse lire agréablement, avec quelques aspects polar rétro, agrémentés de rivalités politiques (là aussi la Planète des singes peut avoir servi de modèle). Et le dessin de Spiessert, sobre, accompagne très bien l’histoire. Histoire que j’ai bien aimé lire, même si la fin m’a laissé quelque peu perplexe. Sur la fin justement, le jeune cochon Fulgence explique très sérieusement à un autre personnage que « tout le monde sait que Dieu est un porc ». Je ne sais si Bourhis a voulu glisser là une attaque anticléricale, mais cette phrase, plusieurs fois dite par André Breton, m’a bien amusé. Une lecture recommandable en tout cas. Note réelle 3,5/5.
Davantage reconnus pour leurs talents conjugués pour des oeuvres plus légères, le duo Bourhis-Spiessert l'est un peu moins pour un projet bien plus personnel et ambitieux connu sous une interjection courante : "Hélas". Il s'agit ici d'un conte uchronique faisant aussi bien honneur aux univers de Tardi qu'au roman de Pierre Boulle, La Planète des Singes. Dans ce Paris alternatif de 1910, l'espèce humaine est en voie d'extinction et relégué au rang de "sauvages". L'espèce dominante est constituée essentiellement d'animaux anthropomorphes de divers horizons comme le gorille, le porc ou le tigre par exemple. La capture de deux enfants issus de la même famille humaine va attiser toutes les convoitises dans un Paris perturbé par la grande crue de la Seine. Bourhis sort du chapeau une histoire conventionnelle mais traitée avec grand soin. Le couple de cochons constitué d'un journaliste et d'une scientifique dégage un certain charme et les rebondissements ne manquent pas à l'appel sur un rythme assez soutenu. Le dessin de Spiessert rappelle un peu celui de Christophe Blain notamment sur Donjon Zénith et ne manque pas de charme grâce aux couleurs sobres mais nuancées de Mathilda. La conclusion est aussi inattendue qu'abrupte et on aurait bien aimé en reprendre un peu plus ce qui constituera le principal regret de ce conte malin et subtil.
Un album ma foi assez sympathique, qui traite d'un sujet déjà maintes fois parcouru, celui de la dominance inversée entre les hommes et les autres espèces animales. Hélas, rien de bien neuf sous le soleil, les arguments utilisés sont ceux que l'homme blanc réservait à l'homme noir il y a encore un petit siècle, on notera cependant la vivacité narrative qui fait qu'on ne s'ennuie pas une seconde. Autre bon point, l'évocation d'évènements réels, un procédé moins souvent utilisé. Le dessin de Spiessert, fait d'un encrage épais et d'un anthropomorphisme relatif, rend la lecture fort agréable. Sympathique, mais pas indispensable.
Hélas, je n’ai pas été porté par ce récit, du moins pas autant que mes prédécesseurs. L’histoire laisse une impression de déjà vu. Difficile en effet de ne pas penser à la planète des singes de Pierre Boulle. L’idée maitresse reste la même avec une différence toutefois : les êtres évolués ne se limitent pas aux seuls singes mais à l’ensemble des animaux (cochon, chien, chat, tigre, autruche, poisson, etc.). L’homme reste le sauvage attardé que l’on braconne, voire un sujet d’étude de prédilection pour des théories fumeuses. Cet album n’apporte rien de neuf à cette théorie de la supériorité inversée entre homme et animaux. Et c’est bien dommage. Le final est un peu précipité avec une révélation qui se révèle bien nécessaire pour tenter de donner au récit un dernier soubresaut. Mais c’est un peu vain et l’ensemble reste trop convenu que pour marquer les esprits. Alors oui, c’est un livre qui se laisse lire mais qui s’oublie aussi vite. Côté dessin, Rudy Spiessert change son trait pour le rendre plus adulte. Le résultat n’est pas transcendant mais il ne manque pas de cohérence avec un soin particulier donné à l’ambiance. A lire à l’occasion mais achat superflu.
Il est des œuvres qui sont réellement uniques et qui nous séduisent dès la première lecture. C'est assez rare pour le souligner dans mon cas précis. La notation sur 4 étoiles devient plutôt rare et doit se mériter. En l'espèce, c'est pari réussi. L'originalité est de mise dans un monde totalement inversé où les animaux règnent en maîtres et oppriment les hommes réduits à l'état naturel. La réflexion est intéressante dans cette uchronie qui va jusqu'à reprendre pour toile de fond l'inondation de Paris en 1910. C'est tout simplement bluffant de réalisme. Cette œuvre mérite votre attention à plus d'un titre même si le graphisme n'est guère séduisant. C'est un de ces contes qu'on n'est pas prêt d'oublier aussi rapidement. Bravo aux auteurs !
C'est un univers uchronique et fabuleux très enthousiasmant que nous présentent Hervé Bourhis et Rudy Spiessert. Dans ce monde-là, dans Paris telle que l'Histoire la connait en 1910, ce sont les animaux qui règnent en maîtres sur Terre, des animaux anthropomorphiques aux comportements très humains mais qui ont gardé certaines caractéristiques de leurs races respectives. Dans cette France où se côtoient herbivores et carnivores, félins, canins, porcins et autres singes, les humains sont une espèce quasiment disparue. Relégués aux rangs d'animaux sauvages et pourchassés par des braconniers, leur intelligence apparemment réduite et leur absence de don de la parole les rend énigmatiques pour le reste de la communauté animale évoluée. C'est dans ce décor qu'une scientifique porcine et son bon ami journaliste vont enquêter sur un trafic d'humains et tenter de protéger la jeune humaine qui vient d'être recueillie par la communauté scientifique parisienne. Le dessin à l'encrage épais prenant parfois des allures de fusain est clair et très agréable. Il offre de beaux décors d'un Paris du début 20e siècle sous les eaux. Les animaux y sont humanisés tout en gardant leurs particularités. Le résultat est visuellement très plausible tandis que la personnalité du trait ajoute à l'ambiance du récit. L'intrigue est dense et très bien racontée. Les auteurs jouent à la fois la carte du conte social, de la représentation historique, de l'enquête dramatique et d'une certaine part d'humour parfois assez noir. L'histoire fourmille de détails qui ajoutent à la profondeur et à l'intelligence de l'univers inventé. Ce sont autant de personnages, de dialogues et de spécificités de cette société où se côtoient les espèces qui la rendent d'autant plus crédible, plus intense et parfois plus drôle également. L'histoire est intrigante et bien menée. On cherche à comprendre ce qui a pu mener à l'inversion des rôles entre humains et animaux dans ce monde, on en vient même à s'interroger si inversion il y a vraiment eu à un moment donné ou s'il s'agit d'un monde radicalement différent. Et au final, on découvre que la morale de cette histoire n'est probablement pas celle que l'on aurait pu imaginer. Original, beau et bien raconté, ce conte est intelligent, fin et aussi parfois assez drôle malgré sa noirceur.
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