Les Mangeurs d'absolu

Comme le titre le laisse supposer, l’onirisme, une poésie un peu planante irrigue cet album qui nous propose de « relater les chassés-croisés d’une galerie de personnages », pour reprendre le court texte placé en exergue. Il y a un peu d’ « Amélie Poulain » dans ces tranches de vie, dans ces petites phrases qui décrivent et expliquent les pensées, les interactions de ces personnages. Un côté très frais, décalé, très léger et poétique, qui dévie la réalité de sa trajectoire trop rationnelle et utilitaire. Et pas mal de jeux de mots, rarement humoristiques, mais plutôt, là encore, poétiques. Si au départ chaque personnage est présenté séparément, on les retrouve au bout d’un moment qui se croisent. Mais si l’ensemble se laisse lire assez agréablement, j’ai trouvé qu’il y manquait du liant, de la densité, pour ne pas rendre trop artificielles certaines rencontres, ou pour ne pas lasser le lecteur. En effet, à repousser ces interactions, on a une certaine frustration qui pointe son nez, et une petite déception parfois lorsque ces « rencontres » se révèlent inconsistantes. C’est en tout cas un univers particulier, à réserver aux amateurs de créations douces et poétiques. Et le dessin, très minimaliste, avec des personnages animaliers et sans cases ni décors, accentue cet aspect, qui peut en rebuter. Mais, même si je ne sais pas si j’y retournerais, j’ai quand même apprécié ma lecture.

31/03/2020 (modifier)

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L'exercice de l'oeuvre à multiples personnages est périlleux, et Alexandre Kha, comme tant d'autres, s'y est essayé dans une présentation basique. Une dizaine de personnages sont d'abord présentés, puis leurs histoires commencent à se croiser, puis surviennent d'autres personnages, qui à leur tout croisent les premiers... Le souci, c'est qu'on s'y perd. Et dans les issues des destins, drame ou révélation, se cache parfois une petite déception. Pourtant Kha a du talent, et narratif avec le contenu des différentes pages, et graphique, avec ce style un peu trondheimien mais dépouillé et "propre". J'aime d'ailleurs beaucoup ce dessin, où les personnages ressemblent un peu à des rongeurs, des lapins, des félins aussi. Il y a aussi des personnages assez poétiques, comme ce géant que son handicap, une jambe nettement plus courte que l'autre, oblige à vivre en permanence à flanc de colline... Un univers poétique et onirique se dégage des pages, avec une jolie couverture. Autre point un peu dommageable pour l'album, son prix. 10 euros c'est un rien prohibitif pour un album de petite taille, même si la maquette est soignée, comme c'est le cas ici...

02/02/2010 (modifier)

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