L'Hôte
Daru, jeune instituteur français né en Algérie, vit dans son école, au cœur des hauts plateaux.
1946 - 1960 : L'Après-Guerre et le début de la Guerre Froide Adaptations de romans en BD Albert Camus La Guerre d'Algérie Le Colonialisme Maghreb
Daru, jeune instituteur français né en Algérie, vit dans son école, au cœur des hauts plateaux. Un jour d'hiver, le gendarme Balducci lui confie un prisonnier en lui donnant l'ordre de le convoyer jusqu'à la ville voisine pour le livrer à la justice. Daru a beau refuser la mission, le gendarme s'en va et laisse là le prisonnier.
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Date de parution | 13 Novembre 2009 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Jacques Ferrandez sait à nouveau extraire l'essence de cette histoire camusienne. Le récit est super court car l'œuvre originale - que je n'ai pas lue évidemment... - est une nouvelle. Et c'est là encore une adaptation difficile, surtout que Jacques Ferrandez a voulu garder l'esprit de ce type de récit: concentrer des idées puissantes à travers une histoire courte. Tous ces silences et ces opinions muettes traduites par le dessin sont en fait des arguments que le support BD permet de fournir. J'y trouve encore un exercice réussi. Pas facile de dégager tous les tenants et les aboutissants mais je reste persuadé que cette BD suffirait presque à elle-même, s'il ne fallait manquer la plume de Camus pour rien au monde. La situation d'un homme condamné sans juste traitement (cet homme doit être traduit par le peuple algérien je pense), le policier français dépassé par les débordements qui vit sa vie sans comprendre l'injustice qu'il exerce (l'état colonisateur français) et, enfin, celui qui observe le monde, écartelé entre ces 2 clans opposés dont il éprouve à chacun une profonde attache, et cherchant à agir de lui-même (vision d'Albert Camus). La scène avec le policier m'apparaît la plus intéressante intellectuellement et l'épilogue dévoile tout l'inconfort dans lequel se trouve Camus, l'incompréhension que les opinions publiques (française et algérienne) ont pu porter à son égard au sujet de la décolonisation, et même l'incompréhension de Camus lui-même face aux absurdités. Un récit métaphorique donc, où le dessin règne en maître. Les Hauts Plateaux d'Algérie sont admirablement mis à l'honneur, quelle contemplation cela donne au lecteur! Les scènes nocturnes ne tiennent qu'en 2 planches, tant mieux parce-que le seul paysage qui y figure apparaît tout de suite moins convaincant. Sinon cette couleur chaude nous offre encore et toujours l'impression de ressentir directement la chaleur sèche et persistante du soleil africain, dans une terre aussi bien aride que pénétrante. Je ne comprends par contre pas cette longue partie muette avant qu'il ne rentre chez lui à la fin. J'ai l'impression que, pour ce moment, il faudrait avoir lu la nouvelle pour comprendre pourquoi Jacques Ferrandez y a laissé autant de place. Cela m'étonnerait que cela soit dans un but purement esthétique, bien que l'idée soit valable au regard du dessin qui nous en donne plein la vue! Les histoires de Camus me parlent beaucoup trop pour que je me décide à donner une moins bonne note à ce récit. Mais c'est aussi sans compter sur la traduction BD qu'en fait Jacques Ferrandez: il réussit à transmettre les idées de l'auteur original, conserver l'authenticité du récit (du moins je le ressens), et personnaliser son approche grâce à ce dessin éclatant mettant en avant toute la beauté et tout l'amour que l'homme pouvait porter à l'Algérie et au monde. 3,5/5
Cet album vaut essentiellement pour le dessin de Ferrandez. En effet, celui-ci rend parfaitement la luminosité de son pays de naissance. La colorisation, dès les premières pages, magnifie à la fois ce soleil omniprésent, mais aussi les superbes paysages désertiques au milieu desquels se déroule l’intrigue. Paysages rocailleux, que la lumière solaire – et, parfois, la neige, magnifient, illuminent, qui attirent autant le lecteur que le personnage principal, Daru, un instituteur solitaire, qui aide les populations arabes dans ce coin paumé de la colonie algérienne, et qui, contre sa volonté, va se trouver presque obligé « d’escorter » un Arabe accusé de meurtre. Si le côté visuel est plutôt chouette (cet aspect est renforcé par le peu de dialogues échangés entre les rares protagonistes), et si la chute, ironique, noire, est digne des drames antiques (impossibilité d’échapper à son destin) qui ont beaucoup inspiré Camus (ici adapté), je reste quand même un peu sur ma faim après cette lecture. Lecture trop rapide, car cela manque de consistance. J’aurais vraiment aimé que l’intrigue, la personnalité des personnages, les conséquences de l’enrôlement de Daru dans une mission allant à l’encontre de ses idées, que tout ça soit un peu plus développé. Faute de quoi il me reste une petite frustration, malgré les qualités réelles de cet album. Note réelle 2,5/5.
N'étant pas un admirateur d'Albert Camus, je n'avais pas trop envie de lire cet album, mais comme je sortais de la lecture des Carnets d'Orient, retrouver le dessin de Ferrandez ne me déplaisait pas. Sur son dessin, rien à dire, c'est toujours aussi magnifique. Mais question scénario, je n'ai pas percuté sur ce récit qui m'a semblé plutôt fade, sans saveur et sans grande consistance. Et surtout, je suis comme Erik, je ne comprend pas cette fin, et je ne l'aime pas.. Sinon, l'ensemble de l'album reste en demi-teinte par son ton un peu contemplatif et parfois étrange, il y a des silences, des gestes, des postures qui sont un peu surprenants et auxquels je ne trouve pas de sens. Sans compter le gendarme qui confie ce prisonnier arabe à l'instituteur, je ne trouve pas ça logique, qu'est-ce qu'il fout là ce flic ? ça rime à quoi ce défilement ? il ne peut pas faire le boulot lui-même au lieu de confier un prisonnier à un civil ? cette situation ne me semble pas crédible, je n'y crois pas... Dommage que cette histoire prenne une telle direction, car j'aime beaucoup le travail de Ferrandez sur cet album, son dessin lumineux, sa mise en page assez inhabituelle (avec une pleine-page et des double-pages) subliment ces paysages de nature sauvage rappée par le vent..
L'hôte est tiré d'une nouvelle d'Albert Camus que je ne connaissais pas. Il faut dire que je lis assez peu d'oeuvres littéraires car ce n'est pas mon support préféré. Il est bon alors que des bandes dessinées reprennent des oeuvres classiques pour toucher un plus large public. L'hôte a été écrit dans le contexte de la guerre d'Algérie. On y voit l'extrême pauvreté de ce pays avec ses paysages arides. La nature ne semble pas faire de cadeaux. Et puis, arrive un évènement inattendue qui va bouleverser la vie d'un instituteur. Après avoir accueilli un hôte bien particulier, il va lui laisser le choix de sa liberté. Or, je n'arrive pas à comprendre le sens du message final. Pourquoi avoir laissé une si mauvaise remarque sur le tableau d'Ecole ? L'instituteur semble s'être aliéné le gendarme qui représentait l'autorité locale sans gagner la sympathie du prisonnier indigène. C'est franchement une terrible conclusion.
Je précise que je n’ai pas lu la nouvelle de Camus. J’ai été un peu déçu par cet album. La lecture est beaucoup trop rapide du fait d’une action extrêmement contemplative. On s’ennuie même un peu par moment car il ne passe pas grand-chose. Par contre, j’ai beaucoup apprécié les beaux paysages de Ferrandez et la thématique très forte de ce one-shot, malheureusement pas suffisamment exploitée. Lecture conseillée aux amateurs de Ferrandez et Camus mais les autres peuvent passer leur chemin.
Cette bande dessinée met en scène un jeune instituteur français dans une petite école loin de toutes habitations, bien intégré à la population locale qui l'apprécie. Mais un gendarme lui amène un jour un prisonnier algérien, logiquement accusé de droit commun mais dans cette période trouble de ce qui ne s'appelait pas encore la Guerre d'Algérie, rien n'était aussi simple. Le jeune homme reçoit bien malgré lui pour mission d'escorter l'algérien jusqu'à la ville voisine, chose qui le rebute totalement car il refuse de s'impliquer et de le traiter en prisonnier. Cet album rend un bel hommage aux paysages algériens. C'est là son principal point fort. Le dessin de Ferrandez est beau et toute la mise en page de ses planches fait en sorte d'offrir de superbe décors en simple ou double page. Ca vaut le coup d'oeil et c'est dépaysant. L'histoire, quant à elle, est intéressante et intelligente mais hélas beaucoup trop courte. L'album est grand et épais et pourtant il se lit à toute vitesse. A moins de savourer les grandes plages de silence et de contemplation, c'est un récit qui pourrait se résumer en deux lignes. Le lecteur a de quoi se sentir un peu floué compte tenu du prix de l'objet. Sympathique et beau mais trop vite lu, c'est dommage. J'aurais franchement aimé une histoire plus complexe et plus étendue.
Après avoir passé beaucoup de temps à parler de l’Algérie coloniale, Ferrandez continue sur le même thème en adaptant une nouvelle d’Albert Camus se passant juste avant la Guerre d’Algérie… Camus, né sur place, a placé beaucoup de choses dans sa nouvelle : la patrie, l’honneur, la loyauté… Ferrandez remplit les cases vides, nous proposant de très belles vues de la montagne algérienne. L’histoire y est propice : l’école est complètement isolée, il n’y a, hormis les enfants, que 3 (ou 4, si on inclut la personne qui fait le ravitaillement hebdomadaire) protagonistes dans l’histoire. Ca se lit vite, un peu trop vite, même si on contemple les superbes paysages étalés sur toute la largeur des pages, et même en double page. Quant à la portée soi-disant philosophique… Certes, on a un grand respect pour cet instituteur qui n’aspire qu’à vivre en paix et à enseigner aux enfants, pour celui qu’on lui confie aussi, un homme qui a tué pour un différend… Il y a beaucoup de non-dits, et tout le monde n’en saisira pas la portée. Restent les beaux dessins de Ferrandez, qui valent à eux seuls l’achat du bouquin.
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