Le Baron Rouge - Par-delà les lignes (Frères ennemis) (Enemy Ace : War Idyll)
1992 : Prix France Info de la Bande dessinée d’actualité et de reportage. Le personnage du Baron Rouge, création de Robert Kanigher, est le héros de plusieurs ouvrages. La version qu'en donne George Pratt offre une profondeur supplémentaire à l'aviateur Hans Von Hammer, puisqu'il le met en scène à la fin de sa vie.
1914 - 1918 : La Première Guerre Mondiale Aviation DC Comics Les Guerres d'Indochine et du Vietnam Première Guerre mondiale Prix France Info Vertigo
Le personnage du Baron Rouge, création de Robert Kanigher, est le héros de plusieurs ouvrages. La version qu'en donne George Pratt offre une profondeur supplémentaire à l'aviateur Hans Von Hammer, puisqu'il le met en scène à la fin de sa vie. 1969, alors que le vieux baron rouge termine sa vie dans un lit d'hopital, un jeune journaliste vient l'interroger sur sa vie et sur ses émotions en tant que survivant de la Grande Guerre et avec autant de morts sur la conscience. S'engage alors une discussion sur les hommes dans la guerre, leurs remords et les horreurs qu'ils ont pu vivre aussi bien durant la Première Guerre Mondiale que durant celle du Vietnam.
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Date de parution | 15 Avril 1991 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
La volonté de vivre - Il s'agit d'une histoire complète en 1 tome qui ne nécessite pas de connaître le personnage. Elle a été rééditée en 2010 par Panini, sous le titre "Par-delà les lignes". En 1969, Hans von Hammer vit ses derniers jours dans un lit d'hôpital. Lui qui a été un as de l'aviation militaire dans chacune des 2 guerres mondiales, il est maintenant cloué dans son lit. Dans la scène d'ouverture, il se remémore une bataille aérienne. Il est aux commandes de son triplan Fokker Dr.I rouge écarlate (qui évoque celui du Baron Rouge, Manfred von Richthofen) et il abat les uns après les autres les avions français, après quoi il s'élève toujours plus haut jusqu'à voir le globe terrestre. Puis il reprend conscience alors qu'Edward Mannock (un journaliste) entre dans sa chambre. Il explique qu'il est envoyé par son journal qui souhaite publier une série d'articles sur des soldats récipiendaires de la médaille du mérite. von Hammer reconnaît tout de suite en lui un ancien soldat. Ils regardent ensemble les informations qui évoquent le massacre de civils à My Lai pendant la guerre du Vietnam, puis l'interview débute. Avec le recul des ans, von Hammer jette un regard désabusé sur ses périodes d'aviateur de guerre. Il évoque sa distanciation d'avec ses pairs et sa volonté d'être un professionnel efficace. Pendant ses périodes de repos, Hammock se plonge dans un ouvrage sur la vie dans les tranchées pendant la Grande Guerre et les informations télévisées diffusent les images d'un bonze en train de s'immoler par le feu. Hans von Hammer a été créé en 1965 par Robert Kanigher et Joe Kubert sur le modèle de Manfred von Richthofen. Il a une place particulière dans le cœur des fans de comics. Lors de ces aventures, il est dépeint comme un aristocrate habité par un code de l'honneur et ayant développé une sorte de lien avec un loup rôdant dans les parages de la base. George Pratt reprend ces prémices pour parler des horreurs de la guerre. Garth Ennis utilisera également le même personnage dans le même but dans War in Heaven.Il aborde ce thème bien connu sous une forme intéressante. Mannock fait parler von Hammer pour connaître son point de vue sur les combats aériens auxquels il a pris part. Bien vite, von Hammer devine qu'il va s'agir d'un dialogue avec un vétéran de la guerre du Vietnam. Pratt a recours à une construction sophistiquée pour impliquer son lecteur dans ces échanges. Pour commencer, il illustre les dialogues et les réminiscences entièrement à l'aquarelle et à la peinture à l'huile. Ce récit date de 1989, une époque à laquelle les comics peints étaient à la mode (pour des résultats parfois ridicules). Mais il ne faut pas s'y tromper, Pratt n'est pas un simple opportuniste, c'est d'abord un artiste peintre, et ensuite quelqu'un qui a souhaité réaliser une bande dessinée. Il avait déjà aidé Jon J. Muth sur un ou deux épisodes de Moonshadow et il indique dans les remerciements qu'il a fait appel aux conseils de Muth, ainsi qu'à ceux de DeMatteis. Là où Muth avait recours à l'épure, Pratt préfère tirer ses illustrations vers l'abstraction par des traits de pinceau plein de mouvements. Pratt construit bien ses pages comme de l'art séquentiel (une suite de cases soutenant ou développant les dialogues avec une fluidité dans les angles de vue), mais pour certaines cases il décuple les forces sous-jacentes, les émotions contenues en s'éloignant de la simple représentation en accentuant le mouvement des couleurs dans des formes exagérées. Ces formes aux couleurs denses attirent l'œil et décuplent l'ambiance de la scène. Dans la première séquence un biplan perd du carburant qui commence à s'embraser. Pratt n'essaye pas de représenter des flammes ; il associe une zone de noir profond avec une zone de rouge très foncé avec des tâches plus claires. À l'évidence le feu lutte avec le carburant pour savoir qui prendra le dessus pendant qu'il subsiste quelques zones d'air. Deuxième exemple, von Hammer est allongé sur son lit dans la pénombre de sa chambre. Il s'assoupit. Les draps sont d'un noir profond et velouté dans la pénombre, seuls quelques plis se distinguent. Cet homme a déjà beaucoup plus qu'un pied dans la tombe. Troisième exemple, von Hammer est à pied entre 2 lignes de tranchée alors qu'un gaz se répand sur le champ bataille. Pratt représente les fumées comme un épais brouillard vert bouteille avec quelques lézardes de jaune. L'ambiance ainsi créée transcrit à merveille la claustrophobie de von Hammer qui doit trouver un masque à gaz pour survivre dans cette atmosphère délétère. Ce choix d'artiste permet de faire ressentir les émotions des personnages avec une intensité souvent éprouvante. Pratt n'est pas seulement maître dans l'effet de couleurs ou dans la composition qui évoque un tableau de maître ; il est également un excellent concepteur de séquences. À ce titre ce premier combat aérien vous emmène dans les cieux à coté de von Hammer et vous fait ressentir le fracas de ses mitrailleuses, la cruauté des morts des ennemis, la fragilité du triplan et le chaos indicible de la bataille aérienne. La séquence dans le brouillard de gaz mortel repose sur 4 pages muettes qui là encore installent inconfortablement le lecteur sur le terrain aux cotés de von Hammer cherchant frénétiquement un moyen de survivre. Les illustrations portent donc une part importante de signification du récit. Ce dernier comporte son lot d'horreurs et d'inhumanités (comme on peut s'y attendre pour un récit de guerre) vécus par von Hammer et par Hammock. Il y est question de la culpabilité du survivant, de l'absurdité des tueries, et de comment vivre avec ces expériences juste après ou des années plus tard. En tant que scénariste, Pratt a des ambitions ; il insère des citations de Rainer Maria Rilke, Henry James et Rudyard Kipling. Il incorpore harmonieusement les scènes d'actions dans le ciel, avec le bourbier terrestre, et les scènes plus réflexives dans la chambre d'hôpital. Par-delà les lignes est une bande dessinée originale et intelligente sur le thème des soldats et du prix à payer pour survivre. le propos global n'est pas très original mais la narration est aussi convaincante qu'émotionnellement prenante. Les illustrations convaincront même les plus sceptiques qu'il est possible d'utiliser à bon escient les techniques picturales des maîtres en peinture pour magnifier le récit et atteindre un niveau artistique impressionnant.
Ce comics ne laisse pas indifférent car il en impose à tous les niveaux. On en peut pas parler de dessin avec Pratt mais plutôt de peintures. Elles sont réalistes mais avec un effet flouté. Le rendu est brut et dégage une réelle puissance, cette technique permet de mettre en image des ambiances voire l'indicible. La lisibilité n'est pas la priorité, il faut prendre son temps et laisser l'image et les textes fusionner, car il y a une belle osmose entre eux. L'histoire est la rencontre entre 2 vétérans de guerres différentes : un as de l'aviation allemande lors de la première guerre mondiale et un américain ayant fait la guerre du Vietnam. Les approches sont différentes ainsi que les ressentis respectifs. En points communs, on retrouve tout de même tous les aspects négatifs de la guerre. Les témoignages sont édifiants mais je ne trouve pas qu'ils amènent un réel dialogue, j'ai plus eu l'impression de deux monologues tant les faits de chacun diffèrent. Le dernier chapitre compense ce manque et clôt magnifiquement ce récit dramatique. Note finale : 3.5/5
Un récit plein d’émotions où Edward Mannock rescapé de la guerre du Vietnam et Hans von Hammer as de l’aviation en 14-18 échangent leurs idées au sujet de la guerre. Le récit est plein d’émotions, Georges Pratt décrit très bien l’atmosphère pesante des combats et la psychologie du combattant. Pas de faux-fuyant, l’instinct de survie, la rage de vivre sont les sentiments dominants chez le combattant, le témoignage de Hans von Hammer lors de son crash derrière les lignes ennemies est édifiant. Je suis assez circonspect au sujet du graphisme, le dessin style aquarelle est sublime pour certaines planches et pas très net pour d’autres.
Frères Ennemis reprend le personnage du Baron Rouge créé par Robert Kanigher et Joe Kubert. A la base, comme son nom l'indique, il s'agit d'un as de l'aviation allemande de la première guerre mondiale. Mais cet album se déroule cinquante ans plus tard, alors que le fameux Baron Rouge est à la fin de sa vie, cloué dans un lit d'hopital, et qu'un jeune homme vient l'interviewer sur son rapport avec la guerre avant de le comparer à sa propre expérience du Vietnam. Dès les premières pages, on ne peut que constater la très forte identité graphique de cet ouvrage. Geaorge Pratt offre des planches exceptionnelles, comme de grandes peintures à l'aquarelle ou à l'encre diluée. C'est assez impressionnant. Je ne suis cependant pas très fan personnellement. C'est le genre de graphisme que je suis obligé de regarder de loin pour l'apprécier vraiment, celui-ci devenant trop flou vu de près et très peu compréhensible dans les scènes d'action. C'est donc graphiquement original et fort, mais ce n'est pas ma tasse de thé. Quant au récit, il aborde le sujet des hommes pris dans la tourmente de la guerre, et de la difficulté à supporter les remords et le fait d'être un survivant quand vos proches ont été tués et que vous êtes vous-mêmes responsables de bien des morts. Il y a quelques passages assez forts en émotions, d'autant plus que le graphisme permet de bien les ressortir, comme le passage dans les tunnels vietnamiens ou la trêve de Noël de la Grande Guerre. Globalement, je me suis quand même un peu ennuyé à la lecture de cet ouvrage. ni le graphisme ni le contenu du récit n'ont su vraiment me séduire. La guerre, les remords et la difficulté de survivre ne sont pas des sujets qui arrivent à me toucher, je ne suis probablement pas assez concerné pour cela. Et hormis les témoignagnes et les discussions un peu philosophiques sur le sujet, il y a peu de passages qui ont vraiment su me captiver dans cet album.
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