Le Premier Voyage

Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)

Lorsque votre esprit s'ouvre...


La Côte d'Azur

Mathieu dit avoir une migraine. Au-delà de ça, il perd son ancrage au quotidien. Sa tête ouverte devient alors un filtre par lequel le réel se métamorphose. L’entonnoir mental qui émane de Mathieu est le seul endroit dans lequel les choses soient nettes quand il marche dans les rues. Et au contraire, quand la vie devient trop palpable, les coins trop aigus, les lumières trop tranchantes, alors c’est son monde mental qui rend les choses floues.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution Janvier 1987
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Le Premier Voyage © Futuropolis 1987
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)
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15/03/2010 | Spooky
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L'avatar du posteur Noirdésir

Baudoin est un auteur intriguant, original, dont on reconnait assez facilement et rapidement le style, graphique bien sûr, mais aussi narratif. C’est donc sans surprise que l’on retrouve un dessin au trait assez gras, dans un Noir et Blanc tranché, dans des cases parfois minimalistes, où les décors peuvent être esquissés, mais aussi assez fournis, foisonnants (ce qui est plus rare). J’ai eu un temps d’adaptation assez long pour entrer dans l’histoire. Il faut dire que je lisais en même temps les planches de Baudoin, et le texte de Philippe Chartron, très littéraire, placé en dessous et qui, je ne m’en suis aperçu au bout de quelques pages, s’étire sur toute la durée de l’album, pour former une sorte de préface à la situation un peu incongrue. J’ai donc lu ce texte, puis ensuite la partie proprement BD de Baudoin. A noter que, dix ans plus tard, Baudoin reprendra en partie certaines idées et le titre, dans son album Le Voyage (Baudoin) où, là-aussi, un personnage dont le crâne « à ciel ouvert » laissait divaguer son imagination, personnage errant, ayant décidé de tout plaquer brusquement. Ici aussi le héros erre, le récit se concentrant sur une journée dans les rues de Nice, durant laquelle il va faire des rencontres – toutes éphémères –, ses sensations, ses questionnements entrainant une certaine ébullition, le crâne du héros là-aussi laissant échapper toutes sortes d’objets, de formes géométriques. A l’instar de ce personnage, Mathieu, je pense que Baudoin s’est laissé porter par une errance poétique, au gré d’une certaine improvisation. Un album assez contemplatif, mais pas désagréable.

01/12/2022 (modifier)
Par Spooky
Note: 3/5
L'avatar du posteur Spooky

Cet album, réalisé il y a plus de vingt ans, est peut-être l’un des plus étranges, les plus conceptuels d’Edmond Baudoin. Il nous raconte en effet l’histoire de Mathieu, dont la tête un beau matin s’ouvre, ce qui lui permet d’avoir une perception différente de son environnement. Oubliant d’aller travailler, il déambule ainsi sur Nice, s’attachant à des petites choses sans importance. Etrange coïncidence, j’ai lu cet album juste après le diptyque de Lulu Femme Nue. Les thèmes sont similaires. Comme Lulu, Mathieu ne supporte plus son quotidien morne, ordonné, sans risques. Comme Lulu, il décide un jour de prendre l’autre branche, en référence à une image d’enfance, lorsque la voiture de ses parents prenait systématiquement à droite pour aller chez ses grands-parents, et lorsqu’il se demandait ce qu’il y avait sur l’autre chemin… Difficile d’analyser correctement un tel ouvrage, d’autant plus que pour une fois Baudoin rompt avec l’autobiographie, pour se plonger dans l’allégorie. L’album prône-t-il la fuite ? On ne le sait pas vraiment, même si la fin donne un élément de réponse. Je ne suis pas fan du trait de Baudoin, mais je dois avouer que cet album, un brin expérimental, m’a intrigué. Surtout de par son intertexte : la tête du personnage central qui s’ouvre littéralement, enfin du moins ça doit être comme ça que lui-même doit le ressentir, mais aussi le prologue, sur lequel je reviens tout de suite. En effet l’album, qui nous conte une journée de Mathieu, bénéficie d’un prologue, qui –et à ma connaissance, c’est la première fois que ce fut fait- court sur l’ensemble de l’album, chaque paragraphe étant placé en bas des pages, sous les planches… Ceci, à mon avis, afin de ne pas rebuter le lecteur éventuel, car le prologue a la longueur d’une véritable nouvelle. Pour ma part je l’ai lu en entier avant de commencer la BD proprement vite, les connexions, évidentes, n’étant pas perdues au cours de la lecture. En résumé, un ouvrage peut-être un peu hermétique, mais dont l’aspect un peu expérimental vaut probablement la lecture. Un 2,5/5.

15/03/2010 (modifier)