Le Plus mauvais groupe du monde
Autour du plus mauvais groupe du monde, gravite un monde étrange...
Absurde Bichromie Les petits éditeurs indépendants Musique
Au fil des pages, le lecteur découvre la vie de quelques habitants d’une cité dont il ignore le nom et la situation géographique exacte (les voitures et les vêtements font penser à une ville américaine des années 50), en particulier celle de Sebastian Zorn, Ignacio Kagel, Idálio Alzheimer et Anatole Kopek, tous membres d’un jazz band (« le plus mauvais groupe du monde, résultat d’un mélange inouï d’ineptie et d’absence totale de sens musical »). On croisera aussi Thomas Flugelhorn, le compilateur de coïncidences, Barbara Zahn, auteur d’un annuaire odontologique, Elvino B. Weiss, l’un des principaux activistes de la Fondation pour le recul de la science, Roberto Rosz, directeur du musée de l’accessoire et de l’insignifiant, Kaspar Grosz, secrétaire général du Parti impopulaire idiosyncrasique, et bien d’autres… Les histoires sont indépendantes les unes des autres mais le plaisir de lecture s’accroît à mesure que l’on retrouve tel ou tel personnage, plongé dans un désarroi qui diminue rarement. Les destins des uns et des autres se croisent, s’entrechoquent parfois, ajoutant ainsi à la confusion ambiante. Alors que tout a l’air normal, l’absurde se répand inexorablement. Texte : Cambourakis.
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Date de parution | Avril 2009 |
Statut histoire | Histoires courtes (Intégrales regroupant chacune deux épisodes) 3 tomes parus |
Les avis
Voilà une série relativement atypique, mais qui puise dans pas mal de sources : Kafka ou Borgès, les Monthy Python ou certaines idées ou ambiance de Jeunet (Delicatessen ou Amélie Poulain), l’univers de fonctionnalité froide et absurde de Julius Corentin Acquefacques. En effet, c’est rempli d’absurde, d’une poésie et d’une folie tout aussi douces l’une que l’autre. Probablement l’une des rares séries de BD chroniquée – et de façon très laudative ! – par Le Monde des livres (il est vrai sous la plume toujours très inspirée d’Eric Chevillard : c’est son texte sur le bandeau de la récente édition intégrale qui m’a fait sauter le pas et acheter cette série dont je n’avais je crois jamais entendu parler). Formellement, c’est une longue suite de petite histoires (de deux pages chacune), mettant en scène quelques personnages, un quartier improbable d’une ville qui l’est tout autant. Personnages aux occupations, aux goûts, voire aux tics souvent très loufoques. Personnages plus ou moins récurrents, qui se croisent, pour former au bout du compte un univers vaguement cohérent – si tant est que ce terme soit ici approprié. Rien qui paraisse « construit » pourtant, car l’architecture d’ensemble s’efface derrière les fulgurances d’humour pince sans rire, les sommités d’absurde abscond, l’improvisation inaboutie, etc. C’est au final vous l’avez compris davantage une affaire d’ambiance, à laquelle il faut être réceptif, c’est certain. J’avais acheté l’intégrale donc, et l’ai lue d’une traite. Mais je dois dire que ce n’est pas forcément une bonne idée, car cela entraine de la lassitude, émousse un peu la côté surprenant des historiettes, et provoque presque une indigestion. Voilà pourquoi, si je vous recommande achat et lecture de l’ensemble, je vous conseille aussi de déguster ces petites choses à petite dose, en plusieurs fois. Mais les plus curieux et les amoureux des univers évoqués en début d’avis y trouveront leur compte. Note réelle 3,5/5.
Vraiment étrange cette série, mais dont la qualité augmente crescendo entre les deux intégrales, regroupant les 4 albums originels (en effet, je mettrais 3/5 au premier tome, mais 4/5 au deuxième album). Un mot sur le dessin, qui n'est, du moins pour moi, pas le plus mémorable de cette série mais qui n'est pas non plus mauvais. Les décors sont bien faits, l'encrage est subtil (avec des ombres faites aux pinceaux plus gras), et j'aime la palette de couleurs utilisées (ocre, jaune, beige, marron, orange), même si j'ai un peu de mal avec les visages de tous les personnages, qui ont l'air tous dépressifs mais dans l'ensemble, on a le droit à un graphisme soigné. Le scénario est soigné aussi. Le temps d'une courte histoire (une double page), on suivra les pensées et les actions décalées d'un ou de plusieurs personnages. Souvent, on retrouve ce personnage (au nom compliqué) quelques pages plus loin, mais j'ai bien l'impression que le personnage principal de la BD est la ville où se passe les évènements (élément plus que récurrent, avec des détails comme le nom des rues ou des enseignes de magasins). Sinon, il est vrai que les albums se focalisent plus sur quelques personnages récurrents (musiciens de plus mauvais groupe du monde, conservateur du musée). Suivre chacun de ces personnages un peu toqués dans ce monde de doux-dingues, rempli de maniaco-dépressifs, aux visages tristes, aux idées farfelues et tordues, qui s'adonnent à des activités d'une grande futilité, c'est agréable, mais j'ai cru jusqu'au bout que leurs histoires allaient se croiser, se couper et re-couper pour former une chute (sûrement que la série n'est pas terminée). En fait je n'ai pas du tout compris ce que José Carlos Fernandes voulait exprimer au travers de son œuvre, mais j'aime cette atmosphère. Bref, l'album est rempli de snobs nous présentant leur vie, avec des mots compliqués pour exprimer certaines banalités de la vie. L'album adopte un ton résolument intello pour se moquer justement des intellos. Et souvent, c'est très drôle... Toutes le histoires (en double page) ne font pas mouche, je n'ai pas compris certaines, très absconses, mais dans l'ensemble, ce défilé de minables scientifiques, journalistes, écrivains et musiciens fait mouche. Une curiosité à découvrir si vous avez le courage, moi j'espère que la suite sera publiée.
Voilà une BD joliment inclassable. Sucessions de saynettes, de présentations de personnages, de lieux ou d'anecdotes, elle fait régner une étrange atmosphère sur la ville qu'elle prend pour décor et ses habitants dont elle décortique les habitudes et les manies. Loufoque, absurde, la folie inutile du quotidien et les idées les plus farfelues semblent être le point commun de tous ces citadins. En cela, cet ouvrage se révèle un très bel inventaire d'idées burlesques sous des apparences de sérieux. Il y a beaucoup de jolies trouvailles, de bons mots, de thèses ou de fantaisies qu'on aurait aimé avoir. C'est très imaginatif et on se demande régulièrement où l'auteur est allé chercher de telles idées. Ceci étant dit, je n'ai pas pu m'empêcher tout au long de cette lecture finalement assez longue de me demander où il voulait en venir. J'espérais en permanence qu'une intrigue se forme, réunissant peu à peu ou soudainement tous les intervenants, situations et lieux de cet assemblage. Alors certes, au fil des pages, on sent des liens entre tout cela, mais jusqu'à la fin du premier tome, dont j'ignore s'il aura une suite, les collusions restent superficielles et n'aboutissent finalement qu'à presque rien. Il reste donc au final un formidable recueil d'imagination sociale régulièrement parsemé d'humour et d'idées fortes, mais ce ne sera pas suffisant je le crains pour cristalliser en moi un souvenir impérissable.
Ce tome, qui regroupe les deux premiers « épisodes » (soit au total 60 petites histoires) pose les bases d’un monde très particulier, où l’absurde et le dérisoire le disputent au ridicule et au superflu. Le plus mauvais groupe du monde, composé d’un batteur cryptographe de seconde classe, d’un pianiste vérificateur météorologique, d’un contrebassiste contrôleur municipal de briquets et d’un saxophoniste denteleur de timbres, est en quelque sorte le centre et le cristal de ce monde étrange qu’a façonné Jose Carlos Fernandes. Je me suis pas mal amusé avec ces anecdotes sans intérêt visible (et c’est là, justement, que réside l’intérêt du concept, dans le néant intellectuel). A noter qu’au-delà du groupe qui donne son nom à la série, un certain nombre de personnages sont récurrents. Il y a d’ailleurs un index pour les retrouver en fin d’ouvrage. Ce recueil regroupe donc Le kiosque de l’utopie et Le Musée national de l’accessoire et de l’insignifiant. C’est fort bien, mais il aurait mieux valu, à mon avis, faire un tome pour chacune des deux parties. Au fil de la seconde l’ennui m’a gagné, et mon attention a décru, j’ai eu du mal à finir le recueil. Certes, rien ne m’aurait empêché d’interrompre ma lecture lorsque l’intérêt déclinait, et de le reprendre plus tard, mais je trouve qu’en un tome l’auteur avait fait le tour de la question… Ou plutôt qu’il aurait pu faire quelque chose de meilleur en compactant les meilleurs mini-récits de chacune des deux parties. Il en reste une BD un peu inhabituelle, où l’on croise de drôles d’hurluberlus, tous ayant des têtes très tristes (mais ce n’est pas forcément voulu, c’est peut-être le style de Fernandes qui veut ça), se débattant (ou pas) dans un monde complètement absurde et vain.
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