Blanche (Delcourt)
Les amours impossibles d'une jeune aristocrate et d'un "nègre"...
1816 - 1871 : De la chute du Premier Empire à la Commune Esclavage
À peine sortie du couvent, Blanche se plie à un mariage forcé. Les mauvaises langues disent que c'est une chance que la jeune fille ait trouvée un mari malgré son handicap... Blanche ne voit pas les couleurs. Pourtant le miracle du mariage ne lui rend point les couleurs de la vie. Sitôt mariée, elle est conduite sur une terre isolée où seul Toumaï, un esclave, semble comprendre son désarroi.
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Date de parution | 06 Mai 2009 |
Statut histoire | Série abandonnée (mais les albums peuvent se lire indépendamment) 2 tomes parus |
Les avis
Le propos de ce diptyque est certes très louable, car il s'appuie sur le respect de l'être humain quel que soit sa couleur, sa religion, sa race, son rang social etc... Mais dans ce XVIIIème siècle, que ce soit en France, en Angleterre ou ailleurs, tout est très codifié et régi d'après des lois séculaires, on s'en aperçoit par la bouche du prêtre qui est chargé d' "éduquer" Blanche au début ("la femme doit être soumise à l'homme, parce que c'est ainsi dans l'ordre des choses"... ou encore " le Noir se situe entre l'homme et l'animal"...) ; même les Africains dans ce récit conviennent qu'une Blanche et un Noir ensemble, ce n'est pas possible. Tous ces discours sont propres à cette époque et ont d'ailleurs perduré encore jusqu'à la fin du XIXème siècle. Cette idylle prend donc une résonance particulière dans ce contexte historique, mais l'idée n'est pas neuve, c'est un sujet qui a déjà été traité au cinéma et en littérature. Je pourrais presque avancer si j'osais, que c'est une version exotique à tendance black de l'Amant de Lady Chatterley. La différence avec ce roman célèbre, c'est qu'il y a ici un aspect fataliste, car il n'y a aucun endroit où Blanche et Toumaï pourront s'isoler et s'aimer en paix à la barbe et au nez de toutes les conventions, aucun endroit sûr où fuir et échapper à leurs poursuivants qui sont là pour garantir l'ordre des choses, aucune issue à moins de tomber sur une île inhabitée. Ce récit laisse donc un petit goût d'amertume car on voudrait inconsciemment que la fin soit anticonventionnelle, mais on sait que ce n'est guère possible. D'ailleurs on ne le saura pas, vu que la série est inachevée, même si la fin du tome 2 se suffit à elle-même ; je regrette seulement que le personnage de Mbissine soit le grand sacrifié de cette histoire qui comporte des invraisemblances et qui bénéficie d'un traitement un peu simpliste (le coup des lions qui protègent Blanche sans la dévorer, c'est un peu gros quand même ; Blanche, c'est pas Blandine non plus !). En dehors de ça, j'ai bien aimé la façon dont l'héroïne renvoie une image d'indépendance et un peu de marginale dans ce XVIIIème siècle, face aux rombières qui boivent le thé ; leur monde futile, trop étriqué et ultra formaté, s'en trouve un peu chamboulé, c'est assez drôle. Ce qui me fait apprécier ce récit en dépit des petits défauts évoqués, c'est qu'il est sincère et pur, mais le dessin n'est pas du tout dans mes goûts, je n'aime guère ce genre de trait épuré pour traiter des sujets sérieux, je l'ai tout juste supporté sans trop de mal. Un récit à lire mais pas à acheter.
Une jolie série, bellement exécutée ; tant au point de vue narratif que graphique. Elle m’a « parlé » de deux personnes : L’une –Blanche- est daltonienne et ne voit pas le monde « normalement ». Pour elle, dans un certain sens, le monde n’a pas de couleurs. L’autre –Toumaï- est serviteur et –aussi- esclave. Et lui voudrait d’un monde sans couleurs. Tout devrait les opposer dans ce siècle dit « des lumières » car existait pour l’une comme pour l’autre le rapport « maîtresse-esclave ». J’ai lu une sorte de confrontation entre deux personnalités ; lesquelles vont doucement se rapprocher. Histoire attachante –parfois un peu trop simple, linéaire- elle est néanmoins bien construite et, qui plus est, bénéficie d’un graphisme qui la « porte ». Joli le dessin : une ligne, un trait mature mis au service d’une jolie découpe dans la mise en page. Ce découpage, ce placement des « cases » rehausse l’intérêt de la lecture. La colorisation est toute en finesse et « joue » bien des ombres portées. J’ai aussi retenu la très belle couverture laquelle me reflète l’attente… ou l’espoir. Bien fait.
Blanche est une série intelligente sur l'intolérance et sur les peines de deux êtres que la société humaine oppose mais qui se rapprochent par un état d'esprit similaire et par l'amour. Le sujet n'est pas tellement original mais il est abordé de belle manière, avec finesse et réalisme. D'un côté, nous avons Blanche, jolie blonde cultivée, à peine sortie du couvent et directement mariée à un vieil homme sans amour dont elle ne veut pas. De l'autre, nous avons Toumaï, esclave noir ramené en France des Antilles, qui endure avec sagesse et retenue le calvaire qu'il vit arraché à toutes ses racines. L'une et l'autre sont prisonniers de leur situation, et tous deux sont intelligents et ouverts d'esprit. Ils vont se trouver et s'aimer. C'est une romance sur fond de tragédie, deux amants dont on devine qu'ils auront toutes les peines du monde à ne serait-ce que vivre en paix. Le monde entier est contre eux, la France, les petits bourgeois et la plèbe vulgaire dans le premier tome, l'Afrique, les colons et même les autres africains dans le second tome. Le dessin est beau et m'a à plusieurs reprises fait penser au style de Maïorana (Garulfo, D). C'est touchant et bien mené... mais je ne peux m'empêcher de trouver un côté vain à un récit aussi désespéré. On sait dès le départ que ces deux protagonistes ne sont pas en phase avec leur époque, qu'ils n'auront aucune chance de trouver un bonheur durable. Ce fatalisme, qu'on retrouve aussi bien dans le premier que le second tome, n'est pas trop appuyé mais je n'ai pas pu m'en défaire. Je me demandais en permanence comment cela allait mal finir, car ça ne pouvait pas finir bien. En fait, cela ne finira pas puisque la série est visiblement abandonnée faute de succès commercial. Ce n'est pas si gênant car chaque tome forme plus ou moins une histoire complète, mais j'aurais quand même aimé avoir une conclusion véritable à la série. Un peu dommage mais je conseille quand même la lecture.
J'ai été assez touché par cet album. Nous sommes au XIXème siècle. L'histoire est celle d'une jeune fille sortie du couvent, mariée de force à un riche aristocrate qui préfère courir la gueuse au loin qu'être présent chez lui. Blanche ressent une énorme solitude, que seul semble comprendre Toumaï, un esclave venu des Antilles. Peu à peu ils vont se rapprocher... Bien sûr, l'histoire est basique, et n'offre pas vraiment de surprise. En revanche l'auteur réussit à le conter de belle manière, avec des récitatifs de Blanche bien tournés. Du coup, et même si par moment cela fait un peu gnangnan, j'ai eu du plaisir à suivre cette histoire à portée universelle. Thierry Chavant a fait des progrès graphiques notables depuis Méliane/Mélanie, mais ce n'est pas encore le niveau de dessin qu'on pourrait attendre d'une telle série. Dommage, car elle mériterait plus de maturité.
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