Nietzsche
Si comme moi, tout ce que vous savez du philosophe allemand se résume à "Dieu est mort", grosse moustache et folie, et que vous êtes par ailleurs curieux d'en apprendre davantage à son sujet, cet album est fait pour vous !
BDs philosophiques Biographies Documentaires
Après avoir donné un grand coup de pied dans le dogmatisme intellectuel français, le philosophe Michel Onfray offre un nouvel outil à tous les esprits curieux et désireux de s'initier à la libre pensée, avec cette biographie bédessinée de Friedrich nietzche, l’un de ses maîtres à penser. Au fil de ces 120 planches, superbement illustrées du trait sensible de Maximilien Leroy, le lecteur découvre la vie d'un homme absorbé par sa recherche d'un absolu, tourné vers l'homme et sa quête de bonheur. La vie d'un penseur prêt à payer le prix de sa pensée révolutionnaire et sans concessions.
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Date de parution | 19 Mars 2010 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
03/04/2010
| Aurélien V
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Les avis
Quelle dose de vérité l’homme peut-il supporter ? - Ce tome contient une biographie du philosophe Friedrich Nietzsche (1844-1900) qui s’apprécie mieux avec une connaissance superficielle de son œuvre. La première édition date de 2010. Il a été réalisé par Maximilien Le Roy pour les dessins et l’adaptation, d’après le script cinématographique L’innocence du devenir, la vie de Frédéric Nietzsche, de Michel Onfray. Pour réaliser ce projet, le bédéiste a effectué un voyage en train à travers l’Allemagne, la Suisse et l’Italie, sur les traces du philosophe allemand. Naumburg, en Allemagne, en 1896, Friedrich Nietzsche est confortablement installé dans une chaise longue sur la terrasse, les yeux ouverts droit devant lui, protégés par ses épais sourcils, comme des rappels de son épaisse moustache. Röcken, en Allemagne, en 1844, Karl-Ludwig Nietzsche joue du piano, écouté par son fils. Quelque temps a passé, les enfants jouent dans la cour sous le regard attentif de leur mère Franziska. Le père sort de la maison en titubant. Il se tient au bouton de la porte, mais la douleur au crâne est trop forte et il tombe au sol. Le trente juillet 1849, le père est allongé sur son lit de mort, veillé par son épouse ; leur jeune fils regarde le défunt avec calme et curiosité. Dans l’église, il éprouve la sensation que le monde est en noir et blanc et qu’une ombre menaçante vient le chercher, s’insinue dans son esprit. Un peu plus tard, le garçon raconte son cauchemar à sa mère : Papa a pris Joseph dans ses bras, puis il l’a emporté avec lui dans sa tombe. La maman lui conseille de ne plus y penser : c’est un mauvais rêve, un vilain cauchemar. Elle porte son fils sur le bras droit, et sa fille sur le bras gauche, et elle les emmène jouer dans le jardin. Le quatre janvier 1850, la famille se recueille devant un autre lit de mort. En 1851, le petit garçon commence à son tour à jouer du piano. En 1853, la famille a déménagé à Porta. À l’école, Friedrich discute avec un camarade de classe de l’histoire de Mucius Scaevola, qui aurait mis sa main dans le feu pour montrer à ses ennemis qu’il n’a pas peur de la mort et de ce qu’ils pourront lui faire. Friedrich indique qu’il y croit, que ce n’est pas une fable. Pour lui, les Romains n’aimaient pas les fables, ils aimaient l’héroïsme, et puis la grandeur d’âme. Pour appuyer ses affirmations, il saisit un charbon dans le poêle. Le maitre intervient en lui disant qu’il n’a rien dans la tête. Un autre jour, par une belle après-midi, le maître emmène la classe se baigner dans la rivière proche. Quelque temps plus tard, le jeune Friedrich indique à sa mère qu’il ne voudrait pas lui faire de peine, mais il a bien réfléchi et il croit qu’il ne sera pas pasteur. Il croit toujours en Dieu, mais il préfèrerait être compositeur. Sa mère lui répond que ce n’est pas un métier, lui fait observer qu’il peut être pasteur et que rien ne l’empêchera de composer de la musique et d’en jouer en plus de sa charge. Elle le convainc de continuer ses études. Tout jeune homme, il prend l’habitude de se promener dans les bois, parfois assailli par un terrible mal de crâne. Dans le court paragraphe de présentation de l’artiste, il est indiqué que Maximilien Le Roy s’est demandé deux ans durant comme effectuer la jonction entre l’univers de ce philosophe et le dessin, et que l’opportunité s’est présentée sous la forme du script de Michel Onfray. Il se retrouve ainsi sous la double pression de faire honneur à Nietzsche et de ne pas déformer la pensée d’Onfray au travers de la présentation du philosophe. Le lecteur s’interroge sur le dosage que le bédéiste va effectuer entre des faits purement biographiques et la présentation des concepts du philosophe. Mis à part la première page, la narration suit rigoureusement l’ordre chronologique de la naissance à la mort de Nietzsche. Elle le suit à chaque nouvelle étape : à partir de Röcken en 1844, puis Pforta en 1853, Bonn en 1868, Cologne, chez les Wagner à Tribschen en Suisse en 1870, dans le canton des Grisons en Suisse, à Bâle en février 1875, à Engadine en Suisse, à Naumburg en Allemagne, à Venise en mars 1880, un nouveau séjour à Naumburg, à Gênes en Italie, dans la pension de famille à Sils-Maria dans la Haute-Engadine en Suisse en août 1881, au théâtre Politeama à Gênes en novembre 1881, à Rome en avril 1882, à Sorrente en Italie, de nouveaux séjours à Venise, à Naumburg, à Sils-Maria, à Leipzig en Allemagne, à Nice en février 1888, à Turin en janvier 1889, et enfin dans une clinique psychiatrique de Bâle en Suisse. L’artiste a l’art et la manière de représenter chaque endroit en quelques traits, avec une ambiance lumineuse différente à chaque fois. Le lecteur suit donc le philosophe dans ses pérégrinations au fur et à mesure de sa carrière. L’enjeu pour les auteurs réside dans le fait de faire s’incarner un individu qui pour la majorité se résume à un nom et une philosophie radicale, pas forcément accessible sans passeur, tout en étant toujours d’actualité. La première page permet de rattacher la suite à l’image retenue par la postérité : en particulier cette moustache si abondante. Suivent cinq pages silencieuses, où la narration est portée par les images. L’artiste montre quatre moments significatifs ou emblématiques dans la vie de Friedrich. Son père jouant du piano, et souffrant déjà de maux de tête, un signe annonciateur de ce qui attend son fils. La fascination du jeune garçon pour un papillon dans la cour. Le père chutant lourdement en sortant de la maison, et son lit de mort. Le dessinateur détoure les éléments graphiques par un trait fin, un peu tremblé, ajoutant des textures soit par l’encrage avec des zones irrégulières, soit avec des traits secs, ou encore des traces de crayon à papier. Il en découle une sensation assez organique, et directe, avec la capacité de saisir des moments fugaces. Il réussit ainsi un dosage élégant entre le descriptif et l’impression donnée. Par exemple, il réalise une vue globale et éloignée d’une ville dans le canton des Grisons en Suisse : le lecteur perçoit bien les maisons étalées dans la vallée, les montagnes aux pentes douces, les sapins. S’il regarde de plus près il constate que le détourage se fait par des traits rapides, non repassés ou lissés, que les maisons correspondent plus à une impression, habilement rehaussée par les touches de couleurs, qu’à une représentation minutieuse et fidèle. Progressivement, il s’avère que le bédéiste met en œuvre de nombreuses techniques graphiques pour donner plusieurs dimensions à son récit. Il a pris le parti de montrer ses personnages, sans texte explicatif, laissant le lecteur comprendre par lui-même ce qui leur arrive, ou s’interrogeant sur le sens qu’il faut donner à un regard à une attitude. Il voit le père de Friedrich se prendre la tête entre les mains et chuter : il se doute qu’il s’agit d’une douleur fulgurante au cerveau, s’il est familier avec la santé du philosophe, il fait le lien avec ses violents maux de tête et ses troubles visuels. Tout du long de la bande dessinée, le motif des maux de tête revient régulièrement, toujours sous forme visuelle, le lecteur pouvant voir Nietzsche se tenant la tête entre les mains, ou prostré par la douleur. L’intensité de la crise peut également être soulignée par la mise en couleur : naturaliste, ou en noir & blanc pour montrer la perte de nuances, ou encore avec un envahissement des cases par le jaune avec un peu de rouge pour évoquer l’intensité de la souffrance. À d’autres moments, le lecteur peut se perdre en conjectures quant à ce que pense un personnage : dans la première planche quand Nietzsche regarde au loin, en page cinq quand la mère regarde ses enfants jouer. L’artiste utilise également d’autres types de changements de registres graphiques, par exemple en passant en noir & blanc en 1850 quand le frère de Friedrich meurt et qu’il rêve qu’une tombe s'ouvre rapidement et que mon père apparaît marchant dans son linceul, traverse l'église et revient bientôt avec un petit enfant dans les bras. Il peut recourir également à des éléments graphiques comme une portée de musique courant en arabesque d’une case à l’autre pour indiquer qu’un personnage joue du piano. Dans un premier temps, le lecteur se trouve rassuré par cette narration très factuelle, les dessins montrant clairement chaque action, chaque situation. Toutefois il se rend compte que l’auteur fait usage de quelques raccourcis, s’appuyant sur la connaissance préalable du lecteur. Ainsi, en page dix, Friedrich se recueille devant un autre lit de mort, sans précision explicite de qui il s’agit, étant entendu que le lecteur doit en déduire par lui-même qu’il s’agit du petit frère. En page vingt et vingt-et-un, il se rend dans une maison de tolérance, dans deux pages dépourvues de mots ; le lecteur en fait une interprétation assez différente en fonction de ce qu’il sait de cet épisode au préalable. La page vingt-deux est également dépourvue de mots : Nietzsche entreprend la lecture de Le monde comme volonté et comme représentation (1818, Die Welt als Wille und Vorstellung), d’Arthur Schopenhauer (1788-1860), sans développement sur le fond de cet ouvrage, juste quelques observations de Nietzsche après coup. Sur le même plan, l’auteur ne précise pas toujours les noms des personnages, charge au lecteur d’être capable de replacer Heinrich Köselitz (1854-1918, Peter Gast) et Richard Wagner (1813-1883). Au vu de l’ampleur des ellipses, la relation entre le philosophe et le compositeur ne se devine qu’en pointillé. Il ne donne que le prénom de la petite Russe : Lou, à nouveau la compréhension du récit s’en trouve améliorée quand on sait qu’il s’agit de Lou Andreas-Salomé (1861-1937). Il en va de même avec la composition de la biographie. Michel Onfray fait se relier des situations de la vie de Nietzsche avec des éléments de sa philosophie à venir. L’observation du papillon renvoie à une citation devenue célèbre, dans ses œuvres. Les principaux concepts du philosophe sont rapidement évoqués au fur et à mesure de sa vie, et de la rédaction de ses ouvrages : le rejet du dogme catholique, l’éternel retour, le surhumain, le chaos à porter en soi pour pouvoir donner naissance à une étoile dansante, etc. Le lecteur néophyte peut saisir le cheminement qui aboutit à ces notions, elles ne font toutefois pas l’objet d’un développement ou d’une explication. L’objectif de cette bande dessinée réside dans la mise en scène de la vie du philosophe, et la formulation chronologique de ses principales théories, pas dans un cours de philosophie présentant et expliquant la notion d’Éternel Retour par exemple. Le lecteur s’attache à cet homme taciturne et tourmenté, en souffrance chronique, qui se définit comme un sismographe d’émotions. Se familiariser avec l’œuvre de Friedrich Nietzsche peut apparaître intimidant pour le néophyte. Cette bande dessinée a été adaptée d’un script écrit par Michel Onfray qui a consacré trois ouvrages au philosophe : La Sagesse tragique - Du bon usage de Nietzsche (2005), L'Innocence du devenir : La Vie de Frédéric Nietzsche (2008), Bestiaire nietzschéen : Les Animaux philosophiques (2014). Le bédéiste effectue un travail d’adaptation élégant et sophistiqué, aboutissant à une vraie bande dessinée, aérée, tout en tenant un propos dense. Cette lecture s’apprécie mieux avec un minimum de connaissance préalable sur Nietzsche ou en se référant, pendant ou après coup, à une encyclopédie.
Comment résumer la vie d’un penseur aussi majeur que Nietzsche en 120 pages ? La tâche semble impossible. Pourtant les deux auteurs ont fort bien réussi leur tentative. Bien sûr il est impossible de synthétiser la pensée de l’auteur d’Ainsi parlait Zarathoustra. Sa pensée est à peine esquissée. On comprend très bien que celui-ci a choisi la marginalité en s’opposant frontalement à la pensée Chrétienne dominante depuis des siècles en Europe. A l’instar des certains grands peintres sa pensée sera incomprise et il ne vendra quasiment aucune de ses œuvres, si ce n’est quelques ouvrages acquis par ses proches. L’intérêt de cet ouvrage est de montrer le parcours d’un individu qui très tôt s’est mis en marge de la société, et il le sera jusqu’à la fin de ses jours. S’agissant d’une biographie d’un philosophe on aurait pu s’attendre à beaucoup de textes, d’autant que c’est un philosophe lui-même, Michel Onfray, qui tient la plume. Or, il n’en est rien. L’album nous offre de superbes planches lors des moments de solitude de l’auteur mais aussi celles où il bascule dans la folie et la souffrance du fait de la syphilis. Le dessin m’a fait penser à certains tableaux d’Egon Schiele lorsqu’on voit Nietzsche rongé par la maladie. Au final cet album me paraît être une véritable réussite, d’autant qu’il n’émane pas de professionnels de la BD, et pourra être apprécié aussi bien des amateurs de philosophie que des néophytes en la matière.
Cette très belle biographie montre, s’il fallait encore une preuve, que la BD peut s’accommoder parfaitement avec le monde de l’écrit, constituant en outre une invitation à se plonger dans l’œuvre du philosophe allemand (c’est le cas pour moi qui n’ait jamais rien lu de lui). Maximilien Le Roy parvient à restituer une belle atmosphère sombre et mélancolique en recourant à une palette désaturée. Le dessin est souvent proche du croquis, ce qui colle bien à la personnalité fiévreuse et tourmentée d’un homme épris de vérité. On pourra peut-être reprocher aux personnages ce côté un peu figé, même s’il est clair qu’on est plus dans la réflexion que l’action… Que l’on se reconnaisse ou non dans la pensée nietzschéenne, on ne pourra être que fasciné par le personnage, et le travail subtil de mise en page et en couleurs confère une part de mystère au récit. Dépeint comme un être passionné en quête de liberté, mais aussi constamment inquiet, sujet à des crises d’angoisse, on ressent de l’empathie pour ce philosophe de génie qui devait se sentir bien seul dans son rôle de défricheur dans une Europe sous l’influence écrasante du christianisme (« cette maladie qui nous invite au suicide lent »). A l’époque, ses écrits provoquaient l’effroi ou au mieux n’intéressaient personne, alors qu’ils ne visaient qu’à libérer l’Homme de son carcan moral. Se sentant incompris, il a alors très vite sombré dans la folie, s’enfermant dans un mutisme tragique. A sa façon, le dessinateur a parfaitement su rendre hommage au philosophe en distillant de la douceur et de la poésie, ce qui donne tout son équilibre à un récit qui sinon aurait pu être submergé par le désespoir et la tristesse. C’est quand j’ai affaire à de la bande dessinée comme celle-là que mon attachement au genre s’en trouve renforcé… seule la BD a cette double capacité d’apporter une dimension à la fois artistique et ludique aux sujets les plus austères voire rebutants. En tout cas, celle-ci est une très bonne entrée en matière pour découvrir ce philosophe qui révolutionna la pensée occidentale du XIXème siècle et donna ses lettres de noblesse à l’athéisme. J’en sais désormais un peu plus sur Nietzsche que son célèbre « Dieu est mort » et son épaisse moustache derrière laquelle il paraissait se protéger et qui semblait en même temps l’avoir réduit au silence. Ce silence et la folie qui peut-être étaient le prix à payer pour qu’enfin sa pensée commence à se diffuser…
Comme beaucoup, la pensée de Nietzsche se résume pour moi au fameux :"Dieu est mort" (ce à quoi certains étudiants malicieux avaient répliqué "Nietzsche est mort" signé: Dieu). Si le dessin de Maximilien Le Roy est très élégant et agréable à regarder, je n'ai pas succombé au charme de cette bande dessinée. J'avoue ne pas avoir appris grand chose de la pensée nietzschéenne en parcourant ce livre, qui ressemble plus à de simples tranches de vie du penseur qu'à autre chose. (Seule la mise au point entre la mère et les enfants Nietzsche, certes âgés, nous laisse entrevoir quelques brides de sa pensée). On pouvait attendre autre chose d'un récit avec Michel Onfray au scénario. Une lecture agéable, qui m'a fait découvrir un personnage mais sans plus...
J'ai lu trois livres de Michel Onfray et j'avais bien aimé ses talents de vulgarisateur. Je pensais donc que j'allais apprendre des choses sur Nietzsche, un philosophe qui semble controversé. Certains pensent qu'il est un génie, certains pensent que sa pensée est mauvaise et moi je pense que son nom est trop compliqué. Je fus bien déçu. La bande dessinée n'est qu'une suite de scènes ayant pour rapport la vie du philosophe alors que ce que je voulais c'était apprendre des choses sur la pensée de Nietzsche. Il y a des petits trucs comme ce qu'il pensait de la morale chrétienne, mais ils ne sont pas nombreux et je n'ai pas tout bien compris. De plus, je me demande si Onfray n'a pas un peu arrangé les choses pour que les lecteurs aient le même point de vue que lui. Je pense notamment à la manière dont il décrit la méchante sœur antisémite du pauvre Nietzsche qui n'a rien contre les juifs et n'aime pas les antisémites. C'est un peu trop appuyé.
Je me suis fortement ennuyé à la lecture de cet album. A quelques citations près, je ne connaissais rien de Nietzsche, ni sa vie, ni son oeuvre. Je me suis donc dit que j'allais m'instruire en lisant cette bande dessinée, que j'allais si ce n'est découvrir l'esprit de ses écrits ou du personnage, au moins avoir un aperçu de sa vie et m'endormir un peu moins con. Mais j'ai trouvé cet ouvrage pénible à lire et je n'ai pas su en retirer beaucoup d'enseignements. C'est bien la biographie de Nietzsche qui nous y est offerte, de ses traumatismes de jeunesse à sa mort. Je ne savais d'ailleurs pas du tout qu'il avait sombré dans la folie à la fin. Le souci, c'est que le choix de narration utilisé est de sauter d'un évènement à un autre au fur et à mesure de sa vie, les abordant à chaque fois comme de petites saynettes avec quelques moments clés. Cette vision superficielle et impersonnelle m'a empêché de m'attacher au personnage et m'a parfois donné l'impression qu'il fallait déjà le connaitre pour comprendre ce dont il était question sur certaines planches. Les auteurs en profitent pour glisser dans les dialogues la pensée du philosophe, dont on comprend qu'elle a évolué entre sa jeunesse et sa fin. Le problème ici, c'est que cette pensée philosophique est assenée au lecteur lors de discours sans vie, des discussions certes passionnées des protagonistes mais qu'on découvre de l'extérieur, comme un cours magistral ou un débat télévisé où l'on ne capte que la moitié du contenu comme si on avait manqué le début. C'est en tout cas ainsi que je l'ai ressenti, sans doute parce que je n'ai jamais été amateur de philosophie ou de réthorique sociale. A cela s'ajoute un dessin qui m'a déplu. Je l'ai trouvé trop formel, trop centré sur la représentation graphique et pas sur la narration. Les images se suivent comme des clichés, des personnages figés dans des poses, comme autant de photographies artistiques. Tant et si bien qu'autant le graphisme que la narration et les dialogues m'ont laissé complètement en dehors de cet ouvrage que j'ai eu du mal à terminer, me forçant pour profiter tout de même de ce qu'il pouvait m'apprendre sur Nietzsche, sa vie et sa pensée, mais ayant à lutter en permanence contre l'ennui et l'inintérêt.
Quelle vie tragique et quel destin également ! Voilà un auteur qui n'était pas du tout compris de son époque et qui avait prédit que ses écrits auraient plus de succès un siècle après. Bref, un visionnaire de génie qui fut sacrifié ... On apprend beaucoup de choses sur la vie de ce philosophe hors pair. Son oeuvre est une critique de la culture occidentale et surtout des valeurs de la morale chrétienne. Il voulait créer de nouvelles valeurs allant au-delà du ressentiment par-delà le bien et le mal. Il est vrai que l'Allemagne nationaliste de Bismark commençait à développer une pensée dangereuse notamment envers les Juifs. Or, la propre soeur de Nietzsche allait par la suite complètement dénaturer son oeuvre en étant le chantre de l'antisémitisme. Elle a véritablement copiné avec un certain Adolphe Hitler. On voit que les idéaux peuvent être détournés de leur fondement. La propagande nazie se servira de son nom pour légitimer ses méfaits. Les dix dernières années de sa vie, il a sombré dans la démence affaibli totalement par une longue maladie. Il est mort à l'âge de 55 ans entre folie et prostration. Il était intéressant de remonter dans le temps pour comprendre la vie de l'homme et surtout celle de son oeuvre qui influence encore la philosophie contemporaine. Il est également question de sa rivalité avec son ancien ami Wagner ou encore de sa liaison avec la cantatrice russe Lou Salomé. Pour ma part, je suis également persuadé qu'il faudrait une élévation de l'homme de diverses manières. Pour autant, je ne crois point au déterminisme et au nihilisme. Maintenant, je sais que les interprétations de l'oeuvre philosophique sont fort diverses. A chacun d'apprécier ou pas. En tout cas, le présent ouvrage se veut fidèle à la réalité et chaque phrase prononcée est bien de lui. Cette bd pourra nous faire découvrir ce grand philosophe sous un jour nouveau loin de tout les manuels pompeux de philosophie abstraite. Une existence tourmentée vers la recherche d'un idéal à découvrir dans une alliance réussie entre la bd et la philosophie ! En tout cas, la première bd du genre !
Magnifiquement illustré, faisant place autant à la méditation, à la réflexion, qu'à l'éclaircissement des aspects sombres de la vie de cette illustre philosophe, cette bande dessinée est un vrai plaisir pour les yeux et la matière grise. Je la conseille vivement. Que l'on connaisse ou non la vie du grand Friedrich, que l'on soit débutant ou chevronné en philosophie, on apprend des choses étonnantes, et j'en suis ressorti personnellement enrichi et ébloui.
Je n’ai pas choisi cette bd. Quelqu’un s’en est chargé pour moi. Ce qui est frustrant dans une certaine mesure, mais cela m’a par ailleurs permis de sortir de mes thèmes de lecture récurrents. Michel Onfray est un philosophe français contemporain. Influencé par la pensée de Nietzsche, l’auteur a ainsi rédigé ‘L’Innocence du devenir – La vie de Frédérique Nietzsche’. Il s’agissait à l’origine d’un script cinématographique. Le projet n’a, semble-t-il, pas abouti. Du moins, jusqu’à ce que Maximilien Le Roy, un jeune dessinateur français, mette la main dessus et décide de l’adapter en bande dessinée. Cet album constitue davantage un récit biographique qu’un recueil de philosophie illustré, ce qui présente l’immense avantage de permettre au lecteur moyen – comme moi – de ne pas décrocher. Certains dialogues sont bien entendu relativement abstraits, mais les auteurs sont admirablement parvenus à calibrer et à espacer ces derniers. L’ouvrage présente donc diverses périodes de la vie du philosophe, de son enfance jusqu’à son décès. J’ai particulièrement apprécié l’éclairage apporté sur la position de Nietzsche par rapport à l’antisémitisme. Les auteurs semblent en effet avoir véritablement eu à cœur de rétablir la vérité sur ce point. Le dessin de Le Roy est vraiment magnifique, raffiné et tout en ambiances. Les scènes de folie sont particulièrement bien rendues. L’édition est par ailleurs de très bonne facture et met parfaitement en valeur les couleurs mates de l’album. En conclusion, ‘Nietzsche’ est une bd à lire, ne fut-ce que par curiosité.
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