Liberty
Au coeur de Harlem raisonne la voie d’une lionne de Kinshasa. L’histoire de Liberty commence par une envie de vivre !
1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide Eric Warnauts et Guy Raives New York
Kinshasa, 1974. La jeune Tshilanda, fille du chef de la sécurité d’un grand hôtel international de la capitale zaïroise, vient d’avoir seize ans. La petite fille s’est métamorphosée en une séduisante jeune femme qui attire tous les regards masculins. L’un de ces hommes, le très magnétique manager du groupe de James Brown, alors de passage au Zaïre, ne va faire qu’une bouchée de la naïve Tshilanda. La jeune fille est enceinte… Il faut la faire quitter le Zaïre, éviter le scandale. Deux hommes, attachés l’un et l’autre à Tshilanda, vont l’aider dans cette entreprise : Edouard, un diplomate français de Kinshasa, et Mike, un musicien noir américain de Harlem, ancien G.I. du Vietnam devenu le batteur de James Brown. Grâce à l’alliance improbable de ces deux personnages, Tshilanda obtient une green card lui permettant de partir pour les Etats-Unis, où elle accouche d’une petite fille. Elle l’appelle Liberty…
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Date de parution | 27 Janvier 2010 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Ce duo d’auteurs est assez prolifique, avec une production très inégale. Cette « Liberty » se situe dans la moyenne. Ça se laisse lire, mais j’en suis sorti quelque peu frustré. L’histoire brasse plusieurs thèmes qui à eux seuls auraient mérité d’être davantage développés, voire d’être au cœur de l’intrigue : le combat du siècle entre Mohamed Ali et Foreman à Kinshasa, l’action des Black Panthers et leur persécution par le FBI. Cela ne reste qu’en arrière-plan, et ces sujets sont assez brutalement escamotés. Nous suivons Tshilanda et sa fille (mais Tshilanda est la véritable héroïne de l’histoire !), de Kinshasa à New-York. Les auteurs cherchent à nous présenter une Tshilanda battante, traversant les bourrasques de l’Histoire et les aléas de la vie avec courage et obstination. Certes. Mais je n’ai pas réussi à m’attacher à son personnage, bien trop artificiel selon moi, tant elle semble bénéficier de l’aide d’anges bienveillants, un Français finançant sa vie et un afro-américain servant de père de substitution à Liberty. Du coup ces deux personnages féminins me sont apparus bien trop fades et, même si ça se laisse lire, je suis resté sur ma faim.
J'ai mis un certain temps à capter le thème exact de cette BD et même après l'avoir terminé, cela reste un peu flou. On y suit d'abord la vie d'une jeune Zaïroise obligée de quitter son pays en 1974 pour aller vivre à New York. Puis les années passant, l'attention se focalise sur la fille de cette dernière. Et puis voilà on suit le parcours de celle-ci jusqu'en 2008. Le récit n'est pas linéaire, c'est un succession d'étapes espacées de plusieurs années, comme des extraits de la vie de ces deux femmes et de leurs proches. Par ce biais, on est témoin des conditions de certains membres de la population afro-américaine entre la fin du 20e et le début du 21e siècle. On passe donc d'une situation médiocre où les Black Panthers se battent pour le droit des noirs à une bouffée d'espoir supplémentaire avec l'élection de Barack Obama. Mais en tant que lecteur, on reste assez éloigné de ces considérations car le rythme narratif est un peu trop rapide pour s'y attacher de plus près. De même, on suit le parcours de vie de ces deux femmes, leurs motivations, leurs craintes et leurs combats. Mais là encore, on s'y attache peu car les années passent trop vite. Et il ne ressort rien de palpitant ou de particulièrement remarquable de leurs histoires. Concrètement, je n'ai pas vraiment été touché par cette lecture. Outre l'éloignement émotionnel cité ci-dessus, je n'ai pas trop aimé non plus le mode narratif. On a droit régulièrement à de petits pavés de texte de narration, pour lesquels il faut parfois se demander qui parle car ce n'est pas toujours le même personnage, et qui brisent la fluidité de la lecture par leur côté trop verbeux. Et puis le dessin ne m'a pas convaincu. Guy Raives m'a habitué à un trait plus fin et plus soigné dans la plupart de ses autres ouvrages. Bref c'est une lecture correcte mais je ne la conseillerais pas forcément.
Ce one-shot raconte le parcours d’une femme née en Afrique qui est venue s’installer à New-York comme beaucoup d’émigrants. On suivra également un bout de vie de sa fille prénommée Liberty. Il n’y aura rien de vraiment extraordinaire dans cette existence plutôt commune. Les auteurs soulignent surtout un environnement parfois hostile aux gens de couleur. Le récit commence par un tournoi célèbre de boxe mettant en scène Mohamed Ali au Nigéria en 1964 pour se terminer par l’élection de Barack Obama porteur d’espoir d’un monde nouveau. C’est surtout une chronique sociale qui s’appuie sur les évènements politiques. Je n’ai pas très bien compris le rôle du diplomate bienveillant dans cette histoire. Il restera par conséquent quelques zones d’ombres faute d’explication. Cela se lit bien mais ce n’est guère mémorable. A quand une bd sur la femme de ménage africaine qui vient s’installer à New-York et qui fait tomber l’un des hommes les plus puissants du monde ? Au moins, cela aurait de la gueule !
Je ne suis pas un grand fan des œuvres du duo et si je ne résiste pas au trait de Raives, les scénarii de Warnauts me laissent souvent de glace (ce qui est assez paradoxal tant l’auteur aime nous entrainer dans de chaudes contrées). Cette Liberty ne fait pas exception à la règle. En fait, je trouve ce récit agréable à lire mais sans réel intérêt. On part du combat « Ali-Foreman » à Kinshasa en 1974 pour aboutir à l’élection de Barak Obama en 2008. Voilà pour le contexte historique. Si ce choix me semble judicieux pour parler de la « libération » afro-américaine, il ne sert finalement que de toile de fond au devant de laquelle Liberty et son entourage (parents et amis) évoluent. Et c’est bien là le grave problème pour moi, car la vie de Liberty et de sa mère ne m’est pas apparue passionnante. Bien sûr, le parcours des personnages est influencé par l’évolution des pensées mais cette évolution est présentée sans que l’on puisse parler d’un combat pour ses droits. Cette évolution semble si naturelle, si spontanée que les personnages ne me sont pas apparus comme exceptionnels ou méritants. La mère de Liberty ne me semble pas avoir dû se battre pour atteindre ses objectifs (elle est issue d’un milieu africain aisé et peut par la suite compter sur la générosité d’un blanc fortuné) et Liberty coule une jeunesse finalement sans histoire (elle ne connaît pas son père mais ne semble pas s’en inquiéter, son père adoptif n’est peut-être pas parfait mais il est aimant et dévoué, sa mère ne lui montre pas son amour mais elle ne la rejette pas non plus). Que du banal en somme. Le dessin de Raives est excellent. Sa colorisation est plus mate que d’habitude, ce qui adoucit son trait. De ce point de vue, je n’ai vraiment aucun reproche à formuler. Pas mal, agréable à lire mais certainement pas marquant à mes yeux.
La liberté qu’est-ce ? Un sentiment ombragé par les affres du présent ? Une utopie à laquelle on ne peut se vouer ? Ou bien est-ce simplement le combat mené chaque jour pour un monde meilleur ? Au-delà de la définition très théorique du mot Liberté, se cachent des histoires bouleversantes ou des hommes et des femmes, de milieux socio-culturels, de religions ou d’ethnies différentes, nous convient à vivre un temps les blessures de leur quotidien. Avec « Liberty », c’est une traversée du temps que l’on vit, comme remontant le cours d’un fleuve où s’égarent les pensées. De Mohamed Ali en passant par James Brown, de Kinshasa à New-York, des tours du World Trade Center à l’élection de Barak Obama, il existe des gens, tapis dans l’ombre, qui combattent pour l’avenir de tous. C’est dans cet album émouvant qui provoque des frissons que ce message est délivré. Warnauts et Raives ont habitué les lecteurs à pénétrer au coeur de l’Afrique, avec des scénarios toujours plus intenses et engagés. Avec ce one-shot paru chez Casterman, les auteurs de « Congo 40 » et « Kin' la Belle » vont mener une véritable réflexion sur le sens à donner à « Liberté ». Grâce au courage et l’opiniâtreté de leur héroïne, Tshilanda, cette enquête prendra un sens hors du commun, de par l’implication des personnes qui vont apporter un peu d’espoir à la jeune femme. C’est par elle que le lecteur prendra conscience du véritable enjeu que représente ce voyage à travers les âges. Servi par un dessin majestueux, comme seul Raives a le secret, ce sublime album ravira une nouvelle fois les inconditionnels de ce duo d’auteurs qui aujourd’hui encore, nous offre une production de qualité avec un scénario très « warnautsien », si l’on peut se permettre le terme, puisque là encore l’intelligence s’allie parfaitement avec le plaisir de lecture.
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