L'Art Invisible (Understanding Comics)
2000 : Prix ACBD (tome 1). Un ouvrage théorique sur la bande dessinée, réalisé EN bande dessinée.
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Quelques avis concernant cet ouvrage particulier : "l'Art Invisible est tout simplement la meilleure analyse de la bande dessinée que je n'aie jamais lue." Alan MOORE "BRAVO! L'Art Invisble fait date dans la connaissance intellectuelle de la bande dessinée comme moyen d'expression essentiel. Tous ceux qui sont intéressés par cette forme littéraire doivent lire cet ouvrage." Will EISNER "Astucieusement déguisé en une bande dessinée facile à lire, l'ouvrage de Scott McCloud explique simplement les secrets du langage BD... L'ouvrage de bande dessinée le plus intelligent que j'aie jamais vu depuis très longtemps." Art SPIEGELMAN "On ne peut que souhaiter une traduction française de cet ouvrage étonnant." Benoit PEETERS
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Date de parution | Janvier 1999 |
Statut histoire | Une histoire par tome 3 tomes parus |
Les avis
Un livre qui brille par sa capacité à dévoiler les mécanismes subtils de la bande dessinée, tout en étant lui-même une bande dessinée. McCloud dissèque avec brio les composants de ce médium, explorant des concepts comme le langage visuel, la gestion du temps dans les cases, et la manière dont les images communiquent au-delà du texte. L’ouvrage se présente comme un outil pédagogique, accessible et bien construit, qui permet de voir la bande dessinée sous un autre angle, celui d’un art à part entière. Le livre commence par une tentative de définition de la bande dessinée, un passage qui peut sembler purement théorique et un peu aride. En tous cas pas la partie la plus passionnante de mon point de vue. Toutefois, une fois passé ce premier chapitre, McCloud plonge dans des thèmes captivants, comme la manière dont le temps s’écoule entre les cases ou la façon dont les formes simples peuvent devenir des symboles puissants dans l’esprit du lecteur. Ces analyses sont non seulement pertinentes mais aussi super intéressantes pour nous qui nous intéressons forcément à l’art de la narration graphique. McCloud parvient à rendre visible cet “art invisible” avec simplicité, tout en mettant en lumière les techniques et les processus que les auteurs de bande dessinée utilisent souvent inconsciemment. L’humour léger que McCloud insère dans son discours est une bouffée d’air frais, surtout dans un livre qui pourrait, à tort, être perçu comme trop académique. Toutefois, il manque pour moi une analyse approfondie de la mise en page ou des techniques de scénarisation, qui auraient pu enrichir encore davantage cet ouvrage déjà dense et enrichissant. Un incontournable pour les passionnés du 9e art.. Que vous soyez amateur de BD ou que vous aspiriez à en créer, ce livre vous apportera une nouvelle perspective sur un art souvent mal compris.
Mon avis ne porte que sur ce premier titre, ma bibliothèque municipale ne possède pas les autres. Un bel ouvrage en Bd sur ce qu'est la Bd, comment cet art est à la fois si universel et si particulier. Quel meilleur support en effet, pour un essai sur le 9e art, permet d'illustrer ainsi le propos ? Je ne vais pas ici résumer le propos de l'auteur, mais j'ai apprécié ses analyses sur les espaces entre les cases, sur la gestion du temps dans et entre les cases, sur également la présence simultanée du passé et du futur dans la page. Du coup ça m'a aidée à formaliser que c'est l'un des points qui me fait apprécier particulièrement ce média par rapport aux supports animés comme le cinéma ou la vidéo : cette maîtrise du temps de la narration par le lecteur lui-même. Sur le fond également, je partage totalement le point de vue de l'auteur faisant remonter la bande dessinée, en l'occurrence l'art de raconter des histoires en images, aux aubes des civilisations : oui, Lascaux, les temples égyptiens, les écritures pré-colombiennes, la tapisserie de Bayeux... et j'y ajoute les chemins de croix, sont des Bds ! Maintenant sur le style et la « manière » de l'ouvrage, le dessin est simple, même volontairement simplifié et l'auteur s'en explique, efficace et agréable. En revanche, et c'est là une remarque qui a déjà été faite par d'autres, les références proviennent essentiellement des comics, un peu de l'univers du manga et presque rien de la Bd européenne. Heureusement, il y a Hergé, l'honneur est sauf ! Blague à part, ce n'est pas un reproche, il est compréhensible que c'est là ce qui constitue principalement le terreau culturel de l'auteur. Simplement pour moi, biberonnée au franco-belge, assez peu encline aux comics et complétement ignare (et pas du tout attirée) vis à vis du manga, j'ai souvent manqué les références et suis restée un peu sur ma faim de ce côté là. À qui s'adresse cet ouvrage ? Aux amateurs de Bds incontestablement, aux apprentis bédéistes sûrement et il paraît que les volumes suivants complètent bien le propos, je n'hésiterai pas à les lire dès que l'occasion se présentera. Les personnes moins sensibles à ce média auront plus de mal à passer outre la forme même du message mais l'effort pourrait peut-être en convertir certains.
Album « L’art invisible » Certes, cette étude sur le médium bande dessinée n’est pas forcément faite pour une lecture détente, et ne s’adresse pas forcément au lecteur lambda. Il n’empêche, c’est quand même une lecture que je recommande à tous. En effet, McCloud a su éviter le pensum aride, et son entreprise pédagogique est plutôt bien menée, que ce soit sur le fond (il emploie un ton volontiers primesautier, des termes et des exemples simples) ou sur la forme (c’est aéré, le dessin est lui aussi simple) : de la simplicité donc, mais qui n’est jamais simpliste. C’est donc un minimum exigeant, mais la démonstration est réussie. Et globalement complète, puisqu’il puise assez loin dans l’histoire du médium (les écritures cunéiformes mésopotamiennes ; les écritures mésoaméricaines ; les hiéroglyphes, etc sont appelées à la barre des témoins). Alors certes, en y songeant, rien de révolutionnaire dans ce premier tome, pour qui s’intéresse à la BD avec un éventail assez large, mais cette somme est vraiment bien fichue, et mérite vraiment le détour. Même si Mc Cloud s’appuie surtout sur la BD américaine – qu’il côtoie davantage, il utilise aussi certains exemples européens (Hergé surtout) et japonais (ses remarques sur la spécificité japonaise sont intéressantes). Les parallèles faits avec les arts proches (peintures essentiellement, ou collages, comme ceux du génial Max Ernst) sont aussi bien vus : et encore, il aurait pu davantage s’appuyer sur les innovations typographiques, graphiques et éditoriales de Dada ! Quelques légers bémols toutefois. Outre que la BD européenne est ici minorée, un pan de la recherche et de la pratique de certains auteurs mériterait de compléter l’étude de Mc Cloud (mais c’est que ça s’est aussi développé après la publication de son opus). C’est pourquoi je recommande fortement à ceux qui ont été très intéressés par cette étude, de se plonger dans les travaux de l’Oubapo (voir mon long avis sur cette « série » [qui n’en est pas une mais bon] sur ce même site), en particulier le dernier tome en date, véritable mine pour ceux qui chercheraient des publications ayant joué sur les possibilités offertes par ce médium. ******************************* Album « Réinventer la bande dessinée » L’album « réinventer la bande dessinée », s’il est intéressant, traite le sujet par un autre biais. Alors que « L’art invisible » cherchait à définir le médium, ses racines, ses possibilités, « réinventer… » est lui plus ancré dans la réalité de la BD américaine du XXe siècle, en analysant ses capacités, les obstacles à franchir, sur le plan de la diffusion : les aspects économiques sont alors essentiels, comme le sont les moyens de diffusion. Mac Cloud détaille aussi longuement les évolutions consécutives au développement de l’informatique, puis d’internet (pour la fabrication et la diffusion de la bande dessinée). La démonstration est tout aussi limpide, bien fichue que dans le tome précédent, mais, si c’est globalement intéressant, cela m’a un chouia moins captivé (affaire de goût, d’attente certainement, plus que défauts de l’album). Je regrette aussi le centrage assez hermétique sur le cas des Etats-Unis (celui que l’auteur connaît le mieux certes), un éclairage plus important sur la situation européenne ou japonaise (ce dernier cas est parfois évoqué) aurait été intéressant, pour pointer les différences – même si quelques paradigmes sont communs. Enfin, si les réflexions sur le développement de la BD numérique sont intéressantes et pertinentes, l’album ayant été réalisé à l’extrême fin du XXe siècle, il est un peu dépassé et mériterait une « mise à jour » sur certains points. Par ailleurs, je ne suis pas si optimiste que Mac Cloud concernant la démocratisation de l’accès à la BD pour les lecteurs et/ou aux lecteurs par les auteurs : les géants, type Amazon se sont déjà chargé de phagocyter ce « commerce » - même si internet permet des espaces de liberté, il n’est pas aussi « libre » que rêvé à ses débuts. Le travail de Mac Cloud est néanmoins de haute qualité, et devrait intéresser tous ceux que le medium BD captive (mais j’insiste, allez voir les travaux de l’oubapo !).
Très intéressante analyse de la bande dessinée qui parvient à concilier didactisme et divertissement. En effet, cet album comble les attentes de ces deux points de vue. D’une part, alors que le thème n’est quand même pas ce qu’il y a de plus glamour, l’auteur parvient à rendre son propos amusant sinon divertissant. D’autre part, l’auteur multiplie les pistes de réflexion. Et même si je ne suis pas toujours d’accord avec lui, sa manière de présenter les choses ne peut qu’interpeller à plus d’un niveau. Enfin, j’ai particulièrement apprécié le fait que Scott Mc Cloud ne s’érige pas en grand manitou de la bande dessinée. Il propose, partage ses réflexions (souvent très pertinentes) mais cet album a vraiment pour objectif d’ouvrir le lecteur à ce genre de réflexion et à faire son propre chemin dans la manière dont il voit la bande dessinée. Une réussite pour un thème extrêmement délicat à aborder sous cette forme. Par contre, je ne conseillerais l'achat que pour les personnes qui désirent réaliser de la bande dessinée. Le simple lecteur, je pense, se contentera d'une lecture.
(Après lecture du tome 1, L'Art Invisible.) Un ouvrage théorique en BD, sur la BD. Ça faisait un moment que je voyais cet opus très bien noté sur notre site marron préféré... et j'ai enfin sauté le pas, pour mon plus grand bonheur ! Chapitre 1 : l'auteur définit ce qu'est un comics, remonte aux origines très lointaines du comics, et enfin distingue comics (un art séquentiel) et cartoons (un style de dessin). Sans être le plus passionnant, ce chapitre est néanmoins indispensable. Son plus gros intérêt, pour moi, vient des exemples historiques, très pertinents et bien expliqués. Chapitre 2 : il discute le degré de simplification et d'abstraction d'une image, et ce que ça implique comme effet produit sur le lecteur. Cela lui permet de classer les styles de dessin dans un grand triangle synthétique. Ce chapitre ne concerne pas seulement la BD mais tous les arts picturaux. Pour moi ça a été une vraie révélation. Vraiment, je ne verrai plus jamais les dessins comme avant... Chapitre 3 : il discute le phénomène de « closure » et notamment les différents types de transition entre une case et la suivante, et comment ces types de transition sont pratiqués dans les grandes écoles de BD (américaine, européenne et japonaise). Absolument passionnant ! [P.S. : j'ai lu en anglais donc désolé si je ne sais pas comment certains termes sont traduits dans la version française.] Chapitre 4 : sur la façon de rendre le déroulement du temps en BD, d'une case à l'autre, ou au sein d'une seule et même case. Là encore, les exemples sont juste géniaux. Chapitre 5 : sur l'expressivité des formes et les symboles. Seul truc bizarre de ce chapitre, il traite d'une part le type d'expression rendue par le style de traits utilisé dans le dessin (p. 126 notamment), et d'autre part l'apparition d'un langage de symboles propre aux cartoons (gouttes de sueur, lignes d'odeur, etc.). Pour moi ce n'est pas évident que ce soit vraiment le même type de phénomène. Ceci dit, ce n'est pas grave, les deux sont intéressants. Chapitre 6 : sur les types d'interaction possibles entre le dessin et le texte. Encore une fois, la classification est hyper bien vue et les exemples rendent la démonstration très claire. Chapitre 7 : la décomposition de la création d'œuvre d'art en 6 « couches » me paraît intéressante, mais l'histoire sur l'évolution de divers artistes à leur découverte est peut-être un peu longue. Chapitre 8 : ce chapitre sur les couleurs, en revanche, est un peu court. Chapitre 9 : il s'agit d'un chapitre de conclusion, qui résume un peu tout. Beaucoup de gens l'ont déjà dit, cet ouvrage est tout simplement incontournable si vous intéressez un peu à la BD en tant que forme d'expression. Plusieurs idées présentes dans cet ouvrage ont d'ores et déjà changé ma façon de voir les BD que je lis, et les exemples sont d'une pertinence telle que le propos, pourtant assez théorique, est tout à fait limpide. Un très grand bravo à l'auteur ! Et merci aux autres aviseurs pour m'avoir fait découvrir cet ouvrage exceptionnel !
Avis concernant le tome 3: "Faire de la bande dessinée": J'ai trouvé mon Graaaaal !!!! Etant dessinateur autodidacte, nombreux sont mes bouquins abordant le sujet mais là... je suis tombé sur l'ouvrage pratique le mieux foutu, clair, ludique et intéressant de la catégorie. Car au-delà du coutumier "Dessine tes personnages mangas", "Comment dessiner un super-héros" ou autres, Scott nous donne toutes les ficelles et astuces du métier si complexe qu'est auteur de BDs. Il nous avoue que beaucoup d'auteurs professionnels font souvent les mêmes erreurs. Le présent ouvrage nous permet de les éviter. De l'idée de base jusqu'à l'encrage, de l'élaboration du scénario jusqu'à la diffusion, du choix du style jusqu'au choix des plans,... Tout y est; et c'est passionnant à lire, expliqué de manière ludique, avec de l'humour et beaucoup de pragmatisme. Le style de McCloud est simple, rendant ses propos et exemples limpidement clairs et explicites. Gestuelle, perspectives, choix de la séquence et du moment, expressions faciales et variations de celles-ci, conception de personnages, construction d'un univers, dynamisme, choix de l'image et du cadrage, techniques des outils, apprendre à faire un décor, harmonie du texte et du dessin, découpage de la planche, ... Tout y est et expliqué de la façon idéale (c'est à dire sous forme de bande-dessinée). Plus que mon livre de chevet, c'est ma bible, mon outil de référence, trônant sur le bureau, à coté de ma table à dessin. IN-DI-Spensable à tout bédéiste pro ou amateur, dispensable pour le simple lecteur.
A travers neuf chapitres, McCloud, tel un chercheur obstiné en quête de son Graal, a tenté d’élaborer une théorie générale en se basant sur une observation approfondie des techniques liées à ce mode d’expression, en intégrant les études sémiologiques précédentes, notamment celles de son aîné Will Eisner. Mais il l’a présentée sous forme de cases, une façon ludique et originale (et au fond tellement logique) de rendre ses thèses, assez pointues il faut le dire, accessibles à chacun. Cela lui permet par ailleurs de justifier sa croyance selon laquelle la BD est un média aux possibilités illimitées… Notre homme a ainsi confectionné sur une période de quinze années un ouvrage érudit et complexe avec une passion communicative, faisant preuve d’une remarquable pédagogie, car certaines de ses thèses, qui pourraient apparaître au premier abord rébarbatives, deviennent limpides et excitantes grâce à une mise en page talentueuse dans laquelle les dessins répondent parfaitement aux textes, implémentation convaincante de ses propres théories. L’auteur évoque également les autres formes artistiques (cinéma, peinture, littérature) afin de montrer que toutes sont reliées d’une façon ou d’une autre à la bande dessinée, celle-ci représentant non pas un art hybride, mais un point de convergence où texte et image sont mêlés. Cet art populaire fut discrédité dès ses débuts car s’adressant à un jeune lectorat et rappelant trop la publicité tapageuse qui émergeait au même moment dans le monde occidental. Son trait est volontairement neutre et schématique pour renforcer l’aspect ludique et pour pouvoir toucher tous les publics, respectant le principe selon lequel plus le dessin est simple, plus l’identification est facile. On atteint des sphères de réflexion métaphysique inattendues, et on réalise que la bédé est bien plus qu’un art mineur, rôle auquel certains préfèrent la voir cantonnée, comme s’il ne s’agissait encore que d’un ado turbulent. Pour autant, McCloud sait rester humble et rappelle toujours que ce qu’il avance n’est jamais que le fruit de ses réflexions et dit demeurer ouvert au débat si quiconque devait contester ses propos. Tout amateur de BD qui se respecte devrait avoir « L’Art invisible » dans sa bédéthèque. Une œuvre unique et inédite, un essai illustré brillant, indiscutablement brillant.
Ah, l'excellente BD de Scott McCloud ! L'Art Invisible, c'est bien entendu cette fameuse BD sur la BD, qui propose une certaine interprétation du monde de la BD actuelle (enfin, en 92 quoi). Le deuxième tome s'adresse plus particulièrement à ceux qui veulent faire de la BD, mais on le lit aussi bien que l'autre pour comprendre d'autres facettes de la BD qui ne sont pas exploitées dans l'Art Invisible (comme le dessin par ordinateur). Il faut bien comprendre que cette BD s'adresse bien évidemment à ceux qui aiment la bande-dessinée et qui aiment aussi l'étudier. Je ne pense pas qu'on aimera beaucoup sinon. Dans cette BD, le dessin est à mon avis quelque peu en retrait, vu que même si le personnage central est très clair (comme l'explique l'auteur, comme ça on l'écoute), il reprend énormément de dessins (en même temps c'est le but de l'œuvre) et les commente, fait beaucoup de schémas etc ... Mais les dessins qu'il fait intégralement sont assez bien fichus, clairs et précis, sans se démarquer particulièrement. Mais le gros point fort, c'est l'analyse très personnelle de Scott McCloud (avec laquelle je ne suis pas d'accord en tout, mais que j'apprécie énormément quand même). Il fait un tour d'horizon de la BD, mais tel que lui le voit, c'est à dire principalement de la bande-dessinée américaine et du manga, faisant assez peu allusion à la bande-dessinée européenne (enfin, moins que les autres, ce qui est dommage). On y voit plein d'aspects différents de la BD, en faisant le tour de ce qui est visible, mais aussi invisible. D'où le nom de la BD. Ce qui est amusant, c'est qu'on lit comme une BD, alors que c'est plus proche d'une thèse que d'une bande-dessinée classique. Et pourtant on ne s'ennuie pas une seconde. Le découpage précis en chapitres permet aussi de s'y retrouver quand on relit le livre. Je dirais que cette BD comporte actuellement deux gros défauts : elle ne parle pas tellement de la bande-dessinée européenne, et maintenant qu'elle à vingt ans, un petit coup de vieux se fait sentir. Quid de la bande-dessinée numérique, des BD blogs, des nouveaux titres et styles de narrations, de l'OuBaPo ? Bref, quelques petits manque qui m'empêchent de mettre le 5/5. C'est sûr, c'est pas un livre de table de chevet, mais je pense que franchement c'est indispensable dans une BDthèque de toute personne qui aime la bande-dessinée !
Ce livre, que je n'avais vu que dans les classements de BDthèque, m'a été conseillé par un ami qui vient de se lancer dans des études de BD (si, ça existe !). Et je n'ai pas été déçu. Renonçant à définir la bande dessinée par ses procédés techniques ou par ses codes apparents les plus habituels (la case, la bulle), Scott McCloud élargit considérablement sa définition - c'est d'ailleurs tout le propos de son premier chapitre - pour en faire l'art de ce qui mêle le temps et l'espace sous une forme graphique. McCloud en profite d'ailleurs pour élargir également la définition même de l'art : produit de toute activité humaine qui ne vise directement ni la survie ni la reproduction. Cette approche lui permet d'intégrer dans sa définition de la BD les bas-reliefs mayas, la colonne de Trajan, la tapisserie de Bayeux ou certains vitraux, oeuvres effectivement irréductibles à la peinture ou à la statuaire traditionnelles. J'ai beaucoup apprécié sa réflexion sur le statut du temps dans la bande dessinée, notamment sur tout ce qui se cache dans les ellipses, dans les espaces entre deux cases. Nourri de comics et de manga, plus que de BD européenne, dont il connaît surtout Tintin, Astérix et Valérian, Scott McCloud nous fait découvrir la véritable différence entre BD occidentale et BD asiatique : quand les transitions sont très linéaires, très 'cause à effet' en Occident, l'Asie, Japon en tête, préfère les changements de point de vue, les transitions à l'intérieur d'un même instant, d'un même tableau. Réfutant la distinction entre texte et image, il démontre comment, au contraire, ces deux éléments apparemment disjoints peuvent fusionner, le texte gagnant du sens par son aspect visuel tandis que l'image se rapproche du langage symbolique. La BD n'est donc pas un art hybride, bâtard de mauvaise littérature et de peinture dégradée, mais un art à la frontière de ces deux formes d'expression, où le texte revient aux origines figuratives de l'écrit et le dessin dépasse la simple photo du réel. Un livre érudit et pédagogue, jamais lassant, jamais abscons, qui réconcilie le lecteur de BD avec une forme d'expression souvent moquée ou dédaignée comme infantile, mais qui mérite décidément bien son statut de 9e Art.
J'ai mis un 3/5 car il n'y en avait pas encore pour le moment (comme ça je suis le premier) et que cette BD est quand même assez chiante à lire . Je conseille l'achat de cette BD à tous les gens qui veulent vraiment faire des BD, les autres risquent vraiment de s'ennuyer durant la lecture.
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