Faire le mur
Camp de réfugiés d’Aïda, Cisjordanie, été 2008. Mahmoud Abu Srour est un jeune Palestinien de 22 ans, qui survit en tenant une petite épicerie.
Derrière les murs Documentaires Le conflit israélo-palestinien Proche et Moyen-Orient
Camp de réfugiés d’Aïda, Cisjordanie, été 2008. Mahmoud Abu Srour est un jeune Palestinien de 22 ans, qui survit en tenant une petite épicerie. Il s’évade par le dessin et ses lectures, captif d’une immense prison à ciel ouvert : toute la Cisjordanie est une nasse sans issue, cernée par un mur presque infranchissable de 700 kilomètres de long… Son sésame pour une autre vie rêvée : Audrey, une jeune française de 19 ans, venue en Palestine pour comprendre ce qui s’y passe. Mahmoud en est amoureux, et espère la séduire en lui proposant de passer deux jours dans sa famille, chez sa soeur installée dans une ville israélienne toute proche. Mais pour concrétiser ce projet tout simple, il faut défier les règles et prendre de gros risques, au nez et à la barbe de soldats israéliens en état d’alerte. Il faut faire le mur...
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Date de parution | 21 Avril 2010 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
J’ai trouvé le début de l’album un peu ennuyeux, mais ça n’a pas duré. Car, rapidement, le témoignage s’avère intéressant. J’ai lu cet album en octobre 2023, c’est-à-dire peu de temps après l’attaque meurtrière du Hamas sur Israël, et le déluge de bombe qui a suivi (qui continue au moment même où j’écris ces lignes) sur les Palestiniens de Gaza, alors que les colons, en Cisjordanie en profitent pour accélérer la chasse aux terres palestiniennes. Cet album n’est pas exempt de défauts, mais il est intéressant car il montre, au travers de l’exemple d’un Palestinien, l’absurdité et l’horreur de la situation, et le fait – reconnu par l’ONU – qu’Israël commet régulièrement des crimes de guerre, dans l’indifférence générale. En cela le long entretien avec Alain Gresh en fin d’album resitue bien le contexte et le problème palestinien sur la durée. L’autre intérêt vient du discours du personnage que nous suivons. Qui n’est pas manichéen, et qui tente d’entrevoir la possibilité d’un dialogue avec « l’autre ». Tuer des civils, parce que Juifs (ou Israélien d’ailleurs), comme l’a fait le Hamas récemment est bien sûr odieux et condamnable. Mais la lecture de cet album (comme de nombreux documentaires, du Monde diplomatique, voire de certaines déclarations de l’assemblée générale ou du Conseil de sécurité de l’ONU) montrent bien qu’une paix ne sera possible qu’en mettant clairement tout le monde devant ses responsabilités. Il y a un colonisateur et un colonisé, on ne peut les mettre sur le même plan. Dire ça et critiquer Israël n’est pas de l’antisémitisme. Le Hamas peut aussi être vaincu en lui coupant l’herbe sous le pied, il aura moins de volontaire pour grossir ses rangs si les Palestiniens entrevoient un espoir d’amélioration durable de leur situation : traiter les gens comme des humains, pour qu’ils se comportent comme tels… Comment ne pas comprendre, une dizaine d’années après les faits relatés dans cet album, que la situation a empiré, le « mur », les destructions de maisons, les vols de terre, la colonisation accélérée au mépris du droit international gangrènent la région. Cet album est aussi intéressant pour le propos mesuré qui y est développé. Est-il encore possible aujourd’hui ? Alors, c’est sûr, on a là un album qui n’intéressera que les passionnés du sujet, car la partie « intrigue » de la BD est assez pauvre je trouve. Mais je ne regrette pas ma lecture. Note réelle 3,5/5.
Faire le mur est l’une des premières bd qui aborde la question palestinienne en me montrant leur point de vue. Il est vrai que jusqu’à une période récente, abreuvés par les médias occidentaux, je croyais naïvement que c’était des terroristes qui voulaient détruire l’état d’Israël. Je ne voyais qu’un monde bipolaire : les méchants contre les gentils. Durant la Seconde guerre mondiale, c’était même très facile de faire ce partage manichéen. De même pendant la guerre froide. Et puis et surtout, les juifs avaient bénéficié de la compassion mondiale liée à la découverte de l’holocauste. Tout le monde avait marché … Cette lecture n’aura pas été inutile car elle ouvre véritablement les yeux sur ce conflit qui s’éternise depuis plus de 60 ans. Actuellement, la population palestinienne est brimée et parquée autour d’un mur honteux censé protéger des colons. Le mot est lâché : il s’agit bien d’un vaste programme de colonisation. Quel serait alors le prochain stade ? L’extermination de tout un peuple ? Il est vrai que depuis quelques temps, la position des gouvernements occidentaux s’est infléchie. Ce n’est manifestement pas assez pour éviter cet apartheid d’un nouveau genre. Alors, oui, j’aimerais vivre sur une planète responsable qui éviterait toute forme de conflit. Cela serait le meilleur des mondes. Il faut bien admettre que cette utopie n’existe malheureusement pas. Faut-il alors bien choisir son camp pour ne pas se tromper ? Certainement. Une autre attitude consisterait à les renvoyer les uns comme les autres le dos au mur. Etant moins mâture, j’en avais marre d’entendre parler du Moyen-Orient à la TV ou à la radio. Cela m’harassait littéralement. Je me disais qu’en France, juifs et arabes arrivaient bien à vivre ensemble dans une apparente harmonie, pourquoi cela ne serait-il pas le cas là-bas ? Alors, peut-on mettre sur le même pied d’égalité oppresseur et opprimé ? Je ne le pense pas. Cela serait une manière d’éviter de voir le problème en face et de préférer la fuite en ne prenant pas position. Cependant, il faut toujours avoir en tête qu’un opprimé peut se révéler un jour un puissant agresseur. Rien n’est facile en ce bas monde. Et puis, il ya ce mot qui cache bien des réalités différentes : terroriste. Depuis un certain 11 Septembre, il y a eu une croisade à travers le monde pour faire la chasse aux terroristes. Du coup, les Etats ont utilisé ce mot pour mâter toute rébellion qui était gênante pour la pérennité de leur régime. C’est encore le cas de nos jours avec toutes les dictatures à travers le monde. Un terroriste tue aveuglément des civils. C’est ce qu’on leur reproche essentiellement. Cette bd va nous apporter des éléments de réponse même si le postulat de base demeure le fait qu’on doit condamner toute forme de terrorisme. Encore une fois, on n’est pas dans le meilleur des mondes ! Je dois bien avouer que la démonstration a été plutôt convaincante. Je ne me transformerai pas en combattant de la liberté pour autant, rassurez-vous ! L’œuvre est plutôt mal dessinée mais ce n’est pas ce qui compte en l’espèce. Il y a une narration qui nous prend tout de suites par les tripes et qui nous emmène sur un terrain insoupçonné. J’ai essayé de croire que cela se voulait objectif. Cela ne sera pas le cas notamment pour certaines affirmations qui sont fausses après vérification. Cependant, le témoignage de ce jeune palestinien est touchant car il ne fait pas dans la charité ou la compassion à deux balles. J’ai eu la vision qu’avec des gens de bonne volonté des deux côtés, il était possible de construire une paix durable dans un Etat qui les engloberait en respectant leur particularisme et leur culture. A mon sens, la fausse route a été de croire qu’une même terre pouvait regrouper deux Etats différents. On peut toujours avoir de l'espoir d'un monde meilleur ! Cette oeuvre y contribue en tout cas !
Pour moi cet album n'apporte rien de neuf au sujet. Bien sûr, l'histoire de Mahmoud n'est pas toute rose, bien sûr la situation en Palestine est dramatique, et il ne faut pas l'oublier... Mais franchement je n'ai rien appris au cours de ma lecture. Ni vraiment ressenti d'empathie pour le personnage. En fait la légèreté du propos (dans le sens où il n'apporte pas grand chose) m'a fait lire l'album en une grosse dizaine de minutes, ce qui est vraiment trop peu pour ce genre d'ouvrage. En plus le dessin me semble lui aussi un peu trop léger... Non désolé, je préfère d'autres ouvrages sur le sujet, plus immersifs et plus conséquents.
A ceux qui ont déjà bien entendu parler du conflit Israelo-Palestinien, cet album n'apprendra pas grand chose de neuf. A ceux qui connaissent mal le sujet, elle apportera un point de vue de l'intérieur sur la situation des Palestiniens en territoire occupé par Israël. Et pour tout le monde, ce sera une piqûre de rappel de l'injustice et de la situation inacceptable qui règnent en ces lieux. Malgré cela, malgré l'indéniable sincérité et véracité des faits, je n'ai pas pris plaisir à la lecture de cet ouvrage et je ne lui trouve pas l'aspect pédagogique ou marquant qu'il pourrait avoir. J'ai commencé par tiquer sur la semi-justification du terrorisme lors des premières pages. Oui, aussi bien l'auteur que le narrateur condamne cet acte, mais ils tentent aussi de l'expliquer, notamment avec force rapprochements faits avec d'autres résistances historiques. Aucun désespoir n'expliquera (et encore moins excusera) pour moi le choix de se faire exploser au sein d'une foule de civils. Une part du discours de l'auteur et de son personnage principal que je n'ai pas trouvé attachant m'a agacé. Je n'ai pas réussi à me détacher d'une impression de partialité engagée et de discours préparé à l'avance avec son lot de citations et de références à de grands penseurs. "Voyez ce jeune homme, il est comme vous, il est comme moi il aime le dessin, il voudrait vivre l'amour avec une jolie femme, mais par la faute du gouvernement et de ses soutiens occidentaux, il vit comme en prison. il faut combattre cet état de fait !" Pour un peu, j'aurais pu imaginer une pétition à signer en fin d'album ou une association de militants à rejoindre. Pourtant il est clair que le constat est là : la situation en Cisjordanie comme à Gaza est intolérable. La colonisation qui y est réalisée est d'autant plus inacceptable qu'elle est financée par l'extérieur et que toutes les résolutions de l'ONU n'y font rien. Cet ouvrage met bien le doigt sur le sentiment de rage et d'injustice que cela implique pour qui vit cela de l'intérieur. Le sujet n'est pas neuf et il est bon de le rappeler pour ne pas le laisser sombrer dans l'oubli aux yeux du public occidental mais cette bande dessinée là ne sort pas davantage du lot qu'un témoignage écrit parmi beaucoup d'autres. L'auteur n'a pas su me toucher plus qu'un simple article de journal et il n'a pas su apporter les informations et le contexte tels qu'un Joe Sacco peut en fournir dans sa série Palestine et surtout dans son récent Gaza 1956, en marge de l'histoire. Et d'ailleurs je reste toujours curieux de voir un jour un ouvrage proposer le point de vue inverse : j'aimerais comprendre la façon de penser des Israéliens qui soutiennent la colonisation, voir s'ils ont des arguments valables autres que la lecture d'un texte religieux et parfaitement partial de plus de 2000 ans, et je ne crois pas qu'il existe de BD documentaire sur le sujet.
Je me méfie toujours de ce genre de récit, tout simplement parce qu’il ne donne qu’un angle de vue. Il est alors difficile de ne pas prendre parti pour le personnage témoin du récit mais, dans mon cas, il est aussi difficile de ne pas se faire l’avocat du diable devant un témoignage trop manichéen. Rien de cela ici. Bien sûr, on prend fait et cause pour ce jeune Palestinien face à l’érection d‘un nouveau mur de la honte par un pays ennemi. Mais voilà, le discours de Mahmoud Abu Srour est beaucoup plus nuancé et tolérant que je le craignais. Et finalement, j’ai le sentiment d’avoir lu un témoignage sincère d’une personne réellement en quête de solution, un Palestinien qui ne se définit pas comme parfait et qui n’est pas en quête de pitié mais bien de justice, et ses attaques vis-à-vis de l’état d’Israël ne m’ont que plus touché. Ce reportage brasse tous azimuts et le récit en souffre un peu dans sa fluidité. Par contre, il fait naître bien des réflexions dans l’esprit du lecteur que je suis. Le chapitre sur la définition du terrorisme fait partie de ces passages qui m’ont amené à réfléchir (surtout lorsque Mahmoud Abu Srour rappelle que le terme d’attentat-suicide se compose de deux mots et que l’on a souvent tendance à oublier sa deuxième partie). Humain, sincère, historiquement intéressant, nuancé, accessible … même s’il n’offre pas un droit de réponse du camp opposé, ce récit a réussi à me toucher sans tomber dans le larmoyant (c’est même tout le contraire d’un récit larmoyant). En ce qui concerne le dessin … on s’en fout un peu, même si j’ai souvent vu mieux. Ce style se contente d’illustrer le propos sans chercher à lui apporter une quelconque élégance graphique, et il arrive parfaitement à atteindre ses objectifs. Le récit exploite plusieurs styles graphiques, certains semblent issus de la plume de Mahmoud Abu Srour. Ce sont ceux-là, qui illustrent souvent une française de passage, qui m’ont le plus séduit (sans que je crie au génie).
Cette BD est un point de vue intéressant des palestiniens. Car c'est bien le conflit israëlo-palestinien qui est au coeur de cette BD. On dirait du Philippe Squarzoni sur le fond et même un peu sur la forme. La narration manque de fluidité, on sent l'envie d'en dire le plus possible au détriment des développements. Le récit fournit beaucoup d'informations sur la condition de vie et les exactions subies par les palestiniens. C'est complet mais partiellement objectif. Pourtant, il y a des nuances dans les propos et une certaine prise de recul. Ce conflit est un des plus complexes que l'on connaisse. Ce récit apporte sa pierre à l'édifice pour ceux qui veulent en savoir plus. Il va d'ailleurs falloir que je me mette au dernier Sacco... Le dessin est très réaliste malgré ses côtés esquisses. Il est approprié à ce genre de récit. L'ensemble est bien construit, il ressemble à une bouteille jetée à l'eau mais il a le mérite de témoigner d'informations souvent cachées par les médias rarement objectifs.
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